Carla m’a suivi en tirant sur sa microjupe pour cacher la tache de bave, ainsi que ses fesses qui s’obstinaient à en sortir. Tellement, que je lui avais déjà dit d’arrêter les frites. C’est que même en travaillant douze heures par jour, elle n’arriverait jamais à brûler autant de graisse. Tout le lard qu’on avale doit bien atterrir quelque part.
elle te serre un peu cette jupe on dirait, je lui ai dit
tu veux dire que chuis grosse ?
je parlais juste de la jupe
la jupe a pas bougé
alors oublie, mais doit y avoir un problème de métro
change pas de sujet
C'était un lieu magique, là où on vivait. Chaque coin avait sa propre vie : le frigo nain s'ouvrait depuis le lit, qui avait une sortie directe sur l'extérieur, la commode se changeait en table à manger, le socle de la télévision faisait aussi chaise, le fil électrique servait pour la lumière, étendre le linge et accrocher les dessins du petit, la table de chevet devenait plan de travail pour préparer les repas, le tapis de la cuisine donnait sur la chambre et le salon, le miroir faisait cadre dès qu'on s'y regardait, l'étagère de l'épicerie accueillait les produits de toilette, les verres, les assiettes et les couverts.Il ne manquait rien. (p.29)