Citations de Richard Deckard (50)
On ne réalise pas bien à quel point certains sujets peuvent déchaîner les passions et révéler de bas instincts chez nos compatriotes.
Son travail était de rester dans l’ombre et bien plus que ce que les gens pouvaient imaginer. Les récents débats houleux qui remettaient en cause l’application de la laïcité en France n’avaient pas arrangé ses affaires. Les signes ostentatoires étaient bien le cadet de ses soucis.
Il avait réfléchi, tourné et retourné le problème, et trouvé la solution.
Le journalisme !
Voilà, l’idée avait été lancée et elle ne le quitta plus. Au fond de lui, il avait eu la révélation qu’il pouvait apporter plus à la science, en la faisant connaître qu’en y participant lui-même.
L’argent est une motivation suffisante… Nous pouvons aussi cesser de vous arroser. En cas d’échec, je suis désolé de vous l’annoncer, mais, là-haut, leur colère serait plus terrible que ce que vous pourriez imaginer. Bien au-delà de vos pires cauchemars.
Mon corps n’avait pas terminé d’évacuer cette drogue soporifique, je pouvais la ressentir, sournoise, m’engourdir l’esprit. Ma tête tournait de temps en temps quand je marchais un peu vite. Il me fallait me reposer, je n’avais pas le choix. Pourtant je n’avais pas avancé d’un pouce. Et j’avais la sensation étrange que je passais à côté d’un indice essentiel.
Lequel ?
J"aurais donné cher pour le savoir !
Ma fonction mémoire si je pouvais l’appeler comme cela, mon fameux super pouvoir, était aussi bien visuel, olfactif que sonore. Pour moi, me souvenir, c’était comme visionner un film. J’avais même à ma disposition l’équivalent du ralenti et du changement d’angle. Super ! Pas toujours, croyez-moi !
Manu, malgré son âge, était toujours un gamin dans l’âme. Il s’amusait d’un rien. Et puisque j’en étais aux confidences, oui, nous avions été amants. Il y avait de cela une éternité. Enfin pour moi c’était de l’histoire ancienne. Ça ne pouvait pas coller entre nous. Je n’en dirais pas plus.
J’avais une prédisposition de mémorisation exceptionnelle qui recouvrait tous mes sens. Ainsi j’étais capable de repérer dans une foule en déplacement une personne spécifique même si je ne la voyais pas réellement. Sa façon de bouger pouvait la trahir à mes yeux. Son odeur corporelle me fournissait une piste que je suivais. Je n’avais pas un odorat aussi développé que les chiens, mais tout comme. Une truffe, je vous disais.
Je savais qu’elle me cachait des choses néanmoins je n’avais qu’une envie, c’était de déguerpir et respirer à l’air libre. Le cul sur cette chaise, je n’étais pas à mon avantage. Je préférais de loin la position debout. Mon sixième sens me faisait dire que nous étions sous terre et qu’une ribambelle d’hommes armés arpentaient les couloirs d’une fourmilière gigantesque. Je n’en étais pas à parier là-dessus, mais les probabilités étaient en ma faveur. De toute façon, j’étais du genre à être patiente.
Pourquoi se faire passer pour un homme mort ? Parce que l’identité et la photo du mort n’ont jamais été dévoilées, à personne. Ainsi ceux qui travaillaient avec le précédent agent, ni ont vu que du feu quand Tupolev s’est pointé à sa place. Agent qui est mort, merci à vous, avant que nous ayons eu le temps de l’interroger et de lui tirer les vers du nez.
Mais ce qui nous intéresse ici, ce sont ses agissements invisibles. Ceux que l’on ne voit pas aux infos, à la Une des journaux. Les travaux de sape des systèmes bancaires, des agences de sécurité nationale et des réseaux de communication… Oui, rien que ça !
Vous savez moi, le bien et le mal, ça fait un moment que je sais que c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Je parierai une belle petite somme que nous n’avons pas les mêmes valeurs en termes de morale. Je ne suis pas ce que vous pourriez appeler une bonne personne.
On vous aura mal informée. Mon activité ne requiert aucune disposition particulière d’éloquence. Mais quand on me pousse, je me laisse rarement faire, pour être concise et honnête. Ce qui j’en suis certaine, ne sera pas votre cas.
Bel homme, les yeux foncés, regard déterminé, bien bâti, tout du gars sûr de lui, leader dans l’âme, conscient de son charme. Je l’imaginais sans peine en abusant à outrance avec la gent féminine. Je le détestais déjà. Vous pourriez juger que je cédais facilement aux lieux communs et aux préjugés à l’emporte-pièce, mais croyez-moi, mon expérience, malheureusement, prouvait que j’avais raison dans la majorité des cas. Mais bon, je n’étais pas à l’abri d’une agréable surprise.
L’homme à qui j’avais subtilisé l’automatique, m’ignora et se jeta à terre. Les passagers s’écartèrent en poussant des cris. Je perçus des formes indistinctes se précipiter vers la rame de métro. Je me collai dans le coin du wagon à l’abri de la paroi sans vitre. J’en profitai pour enregistrer en un clin d’œil la scène. Des individus armés, vêtements sombres, avaient surgi d’un couloir et tenaient en joue deux autres énergumènes armés de pistolets.
Ce qui m’irritait au plus haut point c’était que j’étais censée débusquer les gens pas l’inverse !
Je reportai alors mon attention sur les autres passagers. Avait-il un complice que je n’aurais pas vu grimper ? J’éliminais un par un les individus présents. Il devait être attendu. À Corentin, personne n’était monté et personne n’était descendu. Et sur le quai, je n’avais pas vu l’ombre d’un acolyte.
Je n’aimais pas me vanter, mais d’où je me tenais, je lui collais une balle entre les deux yeux avant qu’il ait pu lever un sourcil.
Un homme, taille moyenne, manteau mi-long, carrure imposante, regard fuyant, écouteurs enfoncés dans les oreilles, se glissa à l’intérieur et s’adossa à la cloison. Il regarda dans ma direction. Ses lèvres bougeaient comme un play-back de la chanson qu’il écoutait. Il avait l’air inoffensif, pourtant quelque chose me susurrait que je ne devais pas m’éterniser dans cette rame. La station Corentin se profilait.
Toute cette histoire n’avait ni queue ni tête. Et cette Éveline, connaissait-elle réellement Manu ? Je devais en avoir le cœur net. Par contre, pas question de l’appeler au téléphone. Un voyage en Normandie était nécessaire. Train ou voiture ?