AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Richard Mc Guire (65)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Ici

Dans ici, Richard McGuire nous convie à un vertigineux voyage immobile et ça décoiffe !

Ici, c’est bien là que ça se passe, et pas ailleurs ! Imaginez un même lieu, c’est-à-dire la pièce principale d’une maison avec sa cheminée, ses meubles et sa décoration, puis imaginez que ce lieu vit, bouge, se transforme au grès des années qui passent. Les gens qui le traversent ont des préoccupations de leur époque et de leur âge. On s’aime, on s’y dispute, on se prend en photo, on danse ou fait le ménage et, chaque 24 décembre, trône un sapin illuminé. Plus troublant, il y a aussi les bois, les étangs et les amérindiens qui vivaient là bien avant que la maison se construise. Et puis, puisqu’on nage en plein irrationnel, il y a les années futures, celles des catastrophes et même celles où la maison n’existera plus mais continuera à être visitée.

Les époques se superposent, les années se mélangent et on revient en arrière ou on fait un grand bon en avant, c’est comme un jeu de piste qui nous entraîne sur les pas de ces gens dont le seul point commun est d’être passé dans cet espace. Le dessinateur croque des instants de vie et, parfois, cela donne des scènes cocasses sur la même page, comme ce personnage déguisé en ours qui se dandine l’année 1975 alors que, en 1609, un amérindien raconte une histoire de bête sauvage à sa compagne.

Cette façon de dérouler l’histoire du lieu en mélangeant les époques est assez déroutante au début, puis, très vite, on est gagné par la magie du procédé.

Chaque page a sa couleur dominante et le graphisme change lorsqu’on aborde les périodes antérieures à la maison.

J’ai beaucoup aimé le graphisme et les couleurs de cet album plein de poésie où le temps est aboli.



Commenter  J’apprécie          541
Ici

Un lieu unique pour une infinité de temps.



Quel roman graphique surprenant !

Avec un style à la Edward Hopper, Richard Mc Guire s'amuse avec le temps qui passe.

Un seul angle de vue représente la pièce d'une maison en double page qui subit les transformations du temps. Les personnes d'une (même ?) famille y défilent, les années se côtoient, les siècles s'y invitent, les millénaires balaient tout.



Ce qui surprend au premier abord, c'est le non respect de la chronologie. Ma première réaction fut "Mais c'est quoi ce foutoir ?" et la deuxième réaction qui ne fut pas longue à venir, juste après avoir tourné quelques pages puis être revenue trois fois en arrière : " Mais c'est génial !!"

De page en page, c'est un véritable défi au temps qui passe et à l'intérieur même d'une double page, les instants s'entrechoquent.



Voyez-vous même :

Au détour d'une petite case, un chat noir de 1999 fait sa toilette sur un fond de paysage brumeux datant de 1623 alors qu'une femme au chignon soigné de 1957 se demande bien ce qu'elle est venue trouver dans cette pièce.



Un roman graphique qui mérite d'être feuilleté des milliers de fois..histoire de vérifier encore une fois si le loup de 1430 ne se serait pas transformé en bête immonde de 10175. ( non, non je ne me suis pas trompée de date !!)



Ce roman graphique a reçu le fauve d'or d'Angoulême de 2016 ; c'est amplement mérité !
Commenter  J’apprécie          444
Ici



Un roman graphique, insolite et déroutant.

En 1989, Richard McGuire, artiste new-yorkais ,dessina 36 planches, qui tout en restant entre les quatre murs du salon d'un appartement de banlieue , voyage dans le temps, de milliers d'années, aussi bien dans le passé , que dans le futur.

Aujourd'hui ce voyage est concentré dans ce livre incroyable, composé comme une symphonie, dessiné dans le style Pop Art, mais aussi évoquant les œuvres d'Edward Hopper, Vilhelm Hammershoi ou Richard Hamilton.Ce déplacement dans le temps,sans changer d'espace ,fait aussi terriblement penser aux installations d'Ilya Kabakov.

Les planches se superposent ,avec leurs dates,à un rythme de plus en plus vite, comme un film,au point de vous donner le vertige, finalement pour revenir au point de départ.

Je l'ai lu et visualisé , déjà deux fois,car il y a une myriade de détails,de l'histoire aussi, qui font sens et qui nous pousse à réfléchir et participer à l'œuvre.Un livre exceptionnel ,trés stimulant pour l'imagination du lecteur.

Fortement conseillé à qui l'idée ne rebute pas!

Merci Coriolis!
Commenter  J’apprécie          414
Ici

Pas besoin de s'embarquer dans un vaisseau spatial pour changer de dimension, et ainsi jouer avec la relativité générale, il suffit d'un moment en compagnie de Richard McGuire. J'ai adoré cet album insolite qui raconte l'histoire d'un lieu sans ordre chronologique comme s'il était une porte dans l'infini de l'espace-temps, comme si les murs dont on change les couleurs avaient la mémoire de la vie. Ce sont des bribes d'un quotidien très banal qui se font écho d'une époque à l'autre, dans cette maison pas si ordinaire que ça puisqu'elle est construite non loin d'une demeure historique et sur un important site amérindien. Ce sont les bruissements du vivant et des émotions, les gens qui s'aiment se séparent, vieillissent et meurent. Les enfants naissent, jouent, dansent. Des histoires s'esquissent et s'estompent aussi vite...c'est parfois frustrant, on a envie de s'attacher à des personnages, mais ici, tout est fugace. On remonte très loin dans le passé avant l'arrivée des humains, et on part très loin dans un futur post-apocalyptique. Sans case, en pleines pages, juste des fenêtres rectangulaires qui s'ouvrent dans le passé ou le futur, l'auteur raconte l'histoire d'un point dans l'espace, qui pourrait être "ici" ou "ailleurs", avec des dessins sobres et des aplats de couleurs douces. Une typographie des plus surprenantes complète cette oeuvre sensible totalement innovante, qui nous interroge également sur notre rapport au temps, à la mémoire, aux lieux, aux autres, à la vie. Ni une BD, ni un roman graphique, et pourtant, on nous raconte bien une histoire, on ne sort pas indemne de la lecture de cet album fascinant, qui nous rappelle juste ...notre modeste place dans l'univers.
Commenter  J’apprécie          366
Ici

Le coin d’une pièce, une fenêtre, une cheminée blanche.

C’est tout.

C’est Ici.

Avant la construction de la maison, des Indiens vivaient là.

Encore avant, mais alors looongtemps avant, il y a eu des dinosaures.

Depuis la construction, des familles s’y sont succédées.

Le tout est servi en vrac, avec une petite date dans le coin pour qu’on sache l’année.

Parfois la date est dans le futur.

Au début j’ai tenté de suivre une famille après l’autre, de revenir en arrière, d’avoir une lecture chronologique.

Laissez tomber.

Lisez comme ça vient.

L’effet est étrange ; je ne sais pas vraiment si j’ai aimé ou pas.



Traduit par Isabelle Troin.



Challenge Bande dessinée 2023
Commenter  J’apprécie          3014
Ici

Le livre est beau, lourd, dense, de la taille d'un roman. A l'intérieur, les pages sont pleines.



304 pages, un lieu. Le salon d'une maison américaine, dans les années 50, 30, 70, 2000; le même lieu il y a des millénaires ou une centaine d'années, le même encore redevenu nature dans un futur plus lointain.

Au fur et à mesure que l'on tourne les pages, une histoire se met en place, celle du Monde. La nature change, les eaux montent, baissent, une forêt naît, puis se soumet à l'homme; une maison se construit, des vies s'installent et se succèdent...

Les années, aussi, se superposent parfois jusqu'au vertige, entre instantané et éternité du lieu.

On ne peut être qu'admiratif devant cet objet à la fois beau et profond qui en quelques pages abolit le temps.



Page centrale: 1000 000 av. J.C. : une étendue d'eau à l'aube d'un nouveau jour qui se lève.

Commenter  J’apprécie          272
Ici

Ici, c'est chez vous, c'est chez moi, avant c'était chez eux; après nous, qui sait?

Voilà un roman graphique totalement hors des sentiers battus. Presque pas d'écrit et un seul lieu, un salon d'une maison ordinaire; ici quoi.



Et si ici est immobile, ça n'a pas toujours été et ce ne sera sans doute pas toujours une maison. Pour une fois, le lecteur ne voyage pas géographiquement à travers les pages, mais voyage par-delà le temps. Les périodes qui se succèdent, qui se superposent, qui se confondent, qui se rembobinent, qui font des sauts en avant, en arrière...

Certains y sont nés, d'autres y sont morts, on y a ri, on y a pleuré, on s'est disputé, on a joué, on a bercé un enfant, on a vieilli....

Il y eut des marécages, des dinosaures et des loups,.... Il y aura des marécages, des bêtes étranges et des curieux...



La proposition de Richard McGuire est parfois amusante, toujours imaginative et souvent surtout interpellante. C'est un peu une métaphore de la fugacité de la vie, une preuve que tout n'est que recommencement et que nous ne sommes qu'une poussière sur le fil du temps. Il s'est attaché à tous les détails qui font les époques: la déco, le format du téléviseur, du téléphone, les vêtements, les interactions sociales... Certaines scènes, à des siècles de distance se font écho alors qu'on cherche parfois ailleurs des liens qui n'existent sans doute pas.



C'est donc plus une expérience littéraire ou plutôt graphique, avec le temps comme point de mire. Une expérience inédite et étonnante.
Commenter  J’apprécie          231
Ici

C’est un livre très étrange, pas vraiment une bande dessinée : sur chaque page, un grand dessin agrémenté d’une date, et à l’intérieur, une ou plusieurs images imbriquées, avec une autre date, peu de dialogues, peu de continuité, un dessin froid, aux couleurs une peu rétro, ocres, gris, verts… Et comme fil conducteur, un lieu, une maison. L’ambiance, c’est comme si on ouvrait un album photo, de toutes les époques, l’histoire d’une famille, du lieu, même avant les hommes et aussi du futur. Puis l’histoire se construit d’elle même, comme un puzzle dont on découvre l’image au fur et à mesure. J’ai beaucoup apprécié l’audace, la construction originale, mais la froideur générale de l’ambiance, cette vision toujours extérieure aux personnages, comme si on était un voyeur, cette volonté de laisser les émotions en dehors m’a aussi laissé un peu dubitatif. J’ai eu l’impression de tourner les pages machinalement, sans passion.
Commenter  J’apprécie          210
Ici

Les premières pages attisent la curiosité, pour qui prend cette BD au hasard. Des dates au travers des siècles, des dessins à la Edward Hopper, peu de texte, un même endroit. Ce même salon qui a vu l’évolution de l’espèce humaine de l’homme de Cro-Magnon au siècle futur qui expliquera les objets que nous utilisions comme une clé, une montre. Après la dernière page, vous ne verrez plus les lieux pareil, tel que votre maison quand vous penserez au temps passé et à l’avenir sur ce même lieu. Inattendu et original. Belle découverte. Fauve d'or Angoulême 2016.
Commenter  J’apprécie          150
Ici

Quelle formidable idée a eu Richard McGuire avec ce roman graphique: reproduisant toujours la même planche - le salon d’une maison du New Jersey où il a grandi -, il fait coexister le passé, le présent et le futur dans le même espace temporel, celui de la page. On s’amuse à observer les changements qui sont survenus au fil du temps et des siècles, et on prend conscience de la perspective limitée qui est la nôtre. Si j’ai bien aimé le concept, j’ai un peu moins compris les variations dans le style du dessin, sans que cela gâche mon plaisir de lecture par ailleurs. La vie… et le chat qui passe, et le temps qui va inexorablement poursuivre sa course, avant, pendant, et après nous. Un ouvrage unique.
Commenter  J’apprécie          140
Ici

Un gros coup de cœur pour ce roman graphique, qui se déroule sur un seul lieu : un appartement, qui était auparavant un espace de verdure.

L'auteur jongle entre les époques et le décors qui évolue avec les protagonistes. Une superbe idée avec un graphisme sublime!!

A lire
Commenter  J’apprécie          140
Ici

Un roman graphique très original et par sa forme et son contenu. @Ici est un lieu unique, une pièce que l’on visite au fil du temps, non pas seulement d’une manière chronologique comme on pourrait s’y attendre mais aussi selon l’intuition de l’auteur : une thématique, une association d’idées ou de dessins, des clins d’œil politiques. Le graphisme est très épuré, magnifique et la mise en page ingénieuse. A partir une page datée en plein champ, des vignettes d’autres temps témoignent de l’évolution du lieu, sa décoration, les activités qui s’y sont déroulées, des vues globales de la maison et son jardin et des modes de vie des différents habitants. Certaines pages, truffées de vignettes m’ont fait penser à des pièces chorégraphiques où le spectateur ne sait plus où placer son regard tant la scène est investie dans tous ses espaces. Au lecteur de se mettre au travail pour retrouver les intentions de l’auteur, créer les liens entre les vignettes, interpréter les échos proposés. J’ai beaucoup aimé ce travail qui pour moi tient de l’œuvre d’art !
Commenter  J’apprécie          133
Ici

« Ici » de Richard McGuire propose une expérience sur la question du temps. Comme dans toute expérience, il faut neutraliser les variables annexes pour se concentrer sur celle qui est objet de l'étude. « Ici », neutralise l'espace, on se trouve pendant plus de 300 pages, dans le même lieu délimité.

De ce fait et contrairement à ce que j'ai pu lire dans la critique de presse de BD Gest', le lieu n'est pas le personnage principal, le lieu est fixé. le personnage de cette BD c'est le temps. Un temps qui se distend, qui passe sans logique et par bonds successifs en allers et retours par toutes les époques depuis la formation de la planète jusqu'à un futur fictionnel apocalyptique.

L'expérience est intéressante et, à mon sens, inédite en bandes dessinées. Les époques s'entremêlent et les scènes qui nous sont montrées, créent de surprenants échos.

La lecture de cette BD produit pourtant un vertige qui n'a rien de jubilatoire. On se sent happé par un vide sidéral. Oui, la vie humaine ne dure qu'un instant éphémère, un moment fugace, un bref éclair, c'est vrai, bien sûr… mais quelle chance de connaître cette étincelle !

Commenter  J’apprécie          130
Ici

La même pièce, le même angle, les années passent, défilent, les gens passent, défilent, les familles changent, comme le temps. Seuls ces murs sont immuables, les décorations évoluent, les histoires se superposent, offrant une lecture très originale, unique même.

Très bel ouvrage, très bel objet, complètement atypique, sorte de capsule temporelle sur papier glacé.

À feuilleter pour découvrir de nouveaux détails à chaque passage.
Commenter  J’apprécie          122
Ici

Ma réservation pour ce titre à la médiathèque a duré plus de 7 mois ce qui constitue un record. Il faut dire que le prix du meilleur album d'Angoulême 2016 pousse tout de suite les lecteurs à vouloir découvrir l'oeuvre en question. C'est l'effet prime.



Est-ce que l'attente valait le coup? Pas vraiment en ce qui me concerne. C'est une lecture qui marque une expérience assez intéressante sur le temps qui passe par rapport à la localisation précise d'un endroit. L'idée n'est pas nouvelle mais c'est suffisamment bien exploité. On assiste à une longue succession de cases avec des dates différentes à la façon d'un puzzle qu'il faut reconstituer. A la fin, cela devient presque ennuyeux dans son effet répétitif.



Maintenant, objectivement, on pourra crier au génie sur le fait que l'auteur propose à chaque lecteur un regard unique sur le fait de contempler sa vie.
Commenter  J’apprécie          115
Ici

Ici nous dévoile plusieurs histoires d'un seul point de vue, un pièce, une cheminée, une fenêtre.

Se plonger dans la lecture de cet ovni graphique est très agréable. Plus on avance plus on se perd dans le temps.

Le graphisme est très épuré et délicat, ça donne une sensation de légèreté aux différents récits qui s'entremêlent.

Il faut regarder partout dans les coins, les petits détails. Un changement de tableau, un papier peint différent, un chat qui passe dans le coin de la pièce.

Un roman graphique atypique d'une très belle élégance.
Lien : http://le-club-des-incorrigi..
Commenter  J’apprécie          90
Ici

L’ouvrage débute par la double-page montrant un salon tout ce qu’il y a de plus commun, cadrage identique et décor légèrement différent dans les premières double-pages : ne pas rater la date écrite en haut à gauche. Progressivement, on remonte le temps, jusqu’à avant que ne se trouve là cette maison, tout en incluant un ou deux inserts d’époques différentes pour montrer que le canapé du salon trône là où coassaient tranquillement des grenouilles dans une mare quelques 8000 ans auparavant… et où une forêt avait pris ses aises au XVIIème siècle – par exemple.



En feuilletant l’ouvrage en bibliothèque, j’ai été séduite par le concept de juxtaposition des images d’époques différentes en un même lieu, invitant à une observation et une réflexion sur le passage du temps qui me faisait présager des moments forts en émotions également. J’ai en partie retrouvé tout cela, mais pas aussi fortement que je m’y attendais, peut-être du fait de la répétition du processus un peu trop poussée. Les variations sont malgré tout présentes de façon à balayer avec une certaine diversité et complétude l’universalité et l’impermanence de la vie humaine, le caractère évolutif inaliénable de la nature et de la vie terrestre avec et sans être humain.



La juxtaposition au fil des pages des actions s’étant produites dans un même cadrage au fil des siècles a créé un appel d’air dans mon imagination et dans ma réflexion, avec une puissance proportionnelle à l’écart des siècles mis en présence (qu’ils soient passés ou… futurs !). Je vous laisse donc imaginer le vertige absolu et la claque physique et métaphysique quand l’écart se comptait en millions ou milliards d’années avant ou après notre époque actuelle.



Je pense que ce qui m’a gêné également est ce que j’ai ressenti comme une mise en application maladroite du concept, le côté permanence/impermanence de petits travers humains du quotidien me semblant faire bien pâle figure à côté des bouleversements à une méga-échelle chronologique. Certaines scènes m’ont vraisemblablement complètement échappé puisque je n’y ai pas trouvé d’intérêt, et au contraire plutôt une sensation d’alourdissement inutile du propos...



Le style des dessins varie selon les époques sans que j’ai pu identifier de recherche systématique d’accord entre le dessin et l’époque, le tout m’a semblé assez mélangé et j’avoue que ce n’est pas ce qui m’a préoccupé à la lecture. J’ai tout de même beaucoup apprécié les décors de nature et certaines colorisations.



Cet ouvrage a obtenu le prix LIRE 2015 de la meilleure bande-dessinée et le prix du meilleur album au festival international de la BD d’Angoulême en 2016 : rien que pour le concept, je pense que c’est franchement mérité, et je vous conseille vivement de vous faire votre propre avis :-)
Commenter  J’apprécie          80
Ici

Cette BD a été récompensée par le Fauve d'or Angoulême 2016.

"Ici" n'est pas à proprement parlé une BD. C'est en fait un roman graphique qui raconte l'histoire d'un lieu, une simple pièce dans une maison américaine de style colonial, dont les principaux repères immuables sont la fenêtre et la cheminée. Le lecteur voit défiler tous les êtres qui sont venus y vivre à travers les siècles, voire les millénaires, puisque l'histoire remonte bien avant la présence de l'homme sur les lieux et s'étale de 800 000 ans avant J.-C. à 2314 !

Dans cet espace, les existences se croisent sur la même page ou sur des pages différentes, se répondent, puis disparaissent à jamais.

Pour saisir ces instants, le lecteur n'a donc que des bribes de phrases dont il ne peut que deviner le contexte, des instants fugaces, des jeux d'enfants dont on perçoit sans difficulté le bruit, des instants de tendresse, d'attentions répétées.

Des mystères restent entiers : on ne saura pas ce que le cambrioleur a volé en 1997, ni qui est mort en 1916, ni pourquoi deux individus se disputent en 1910, ni qui se marie en 1990...



C'est magique, cela donne le tournis, notre imagination galope et nous fait réfléchir au temps qui passe.



C'est une BD très originale que l'on prend le temps de regarder, car une foule de détails nous échappent à la première lecture.

Ce qui fait la force de ce roman graphique, c'est le point de vue duquel on se place pour regarder ces bribes de vie. Car le lecteur ne change jamais de place : il est là où le dessinateur a ouvert la "fenêtre" et y restera jusqu'à la fin...

Pour en savoir plus...


Lien : http://bulledemanou.over-blo..
Commenter  J’apprécie          70
Ici

Magnifique album qui reconstruit/déconstruit l'histoire d'un lieu en juxtaposant plusieurs époques dans une même vignette. Les clés de lecture sont multiples, le dessin cohérent, l'ensemble fascinant tant le vertige impulsé par ces 300 pages est grand. Une histoire de l'Amérique, sensible et nostalgique, par un petit bout de lorgnette.
Commenter  J’apprécie          70
Ici

Un ovni de la bande dessinée ! Voilà ce qu’est cet album.

En l’entamant, j’étais impatiente de découvrir ce concept. Richard McGuire nous raconte l’histoire d’un lieu. Il pose le cadre dans un espace précis et délimité, fixe. Il ne le changera pas de place, gardant toujours le même point de vue. Par contre, c’est le temps qui va défiler, faire des retours arrière, des bonds plus ou moins grands, allant de quelques minutes à des centaines de milliers d’années, dans un ordre aléatoire. Bizarrement, les scènes semblent pourtant se répondre, les existences.



Au bout d’une centaine de pages, je me suis dit que ça allait vite tourner en rond, que je commençais à me lasser. Et puis, il s’est passé quelque chose, une sorte d’envoûtement. J’ai continué à tourner les pages, jusqu’à la dernière. En le refermant, j’ai eu un petit frisson, comme si cette œuvre avait touché à l’intime. En un peu moins puissant, ça m’a rappelé ce que j’avais pu ressentir lors du visionnage de The Tree of Life, par le message universel qu’il délivre : nous, individualité, nous sommes une toute petite partie d’un tout bien plus important. Nous nous inscrivons dans la course de l’univers, celle marquée par le temps et l’espace. Nous ne sommes que de passage. Nous nous inscrivons dans les traces souvent invisibles de milliers d’autres créatures, humaines ou non.



Même si je ne suis pas fan du dessin, ce roman graphique reste fascinant. Après lecture, on comprend mieux pourquoi l’auteur a reçu le Fauve d'Or. Éminemment sensoriel !
Lien : http://nourrituresentoutgenr..
Commenter  J’apprécie          60




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Richard Mc Guire (352)Voir plus


{* *}