Je ne comprenais pas pourquoi personne ne venait à notre aide. pourquoi nous étions abandonnés. C'était insupportable, la souffrance, la faim, la mort partout. et le monde se taisait. nous étions seuls(...).
Quand je suis arrivé en France, je me suis souvenu de cet épisode. Je me suis appliqué et j'ai écrit une longue lettre au secrétaire général de l'ONU. Je lui ai raconté ce que j'avais vécu : je concluais en demandant pourquoi rien de sérieux n'avait été entrepris pour le Cambodge. Pourquoi j'avais été si seul, moi l'orphelin et l'enfant. Pourquoi l'inaction était impardonnable. pourquoi nul ne pouvait vivre avec ma mémoire.
Je n'ai jamais reçu de réponse de sa part. Rien. pas même un simple mot officiel. le jeune garçon blessé que j'étais n'a pas accepté ce silence : l'adulte que je suis, moins encore.