Le tic-tac se trouvait dans le couloir. Quand il regarda dans la direction de ce son, il vit une ombre traverser lentement la mince raie de lumière qu'il avait remarquée au bas de la porte. Quelqu'un remontait le couloir pour aller vers l'appartement de la vieille dame. Il écouta pour surprendre des pas ou des craquements du plancher. Il n'entendit que le tic-tac. [...]
Il fit un pas, puis se retourna brusquement et de dirigea vers la porte. Le tic-tac résonnait à l'intérieur : c'était l'horloge du couloir. Il ouvrit la porte de leur chambre et vit le balancier s'agiter dans la caisse vitrée. Rien d'autre. Le couloir était désert, et fermée la porte du fond à deux battants. Fermée aussi la porte de tante Elisabeth. Fermée, la porte de David, pourtant toujours ouverte.
Le ronron qui l'attirait vers la chambre s'était fait presque imperceptiblement plus fort et plus grave. Mais ce fut surtout à la porte qu'elle s'intéressa. Une porte blanche. A l'intérieur de l'étroite bordure unie, un motif de lignes et de courbes ciselées dans le bois, si délicates dans la pénombre qu'elle n'en aperçut le dessin que lorsqu'elle en fut tout près. Des torsades, des guirlandes en panneaux triangulaires qui se rencontraient en un petit pistil en relief. Elle se pencha pour mieux voir, et le dessin lui paru encore plus recherché, abstrait, impénétrable; un globe, une membrane, un soleil rayonnant, un labyrinthe, une dalle gravée de symboles antiques.
Marian s'arrêta devant la porte et, dans un geste impulsif, leva une main pour caresser du bout des doigts la surface en relief. Elle perçut aussitôt une vibration qui la parcourut. Levant l'autre main, elle colla son oreille à la porte. Le son s'avança vers ses cheveux, grave et indéfinissable, une abstraction du même ordre que le braille sculpté qui palpitait sous ses doigts.