Gundersen s'habituait au sol stérile, aux branches tordues de tous ces arbres nus et à l'humidité glaciale et pénétrante, si différente de celle de la jungle. Il commençait à trouver une certaine beauté à cette nudité. À chaque fois que des tourbillons laineux de brume dérivaient comme des fantômes au-dessus d'un cours d'eau large et gris, que des animaux à fourrure traversaient rapidement de brillants champs de glace, qu'un cri rauque déchirait le silence incroyable ou que les marcheurs bifurquaient subitement pour découvrir un tableau blanc, vide, rude et glacé, il éprouvait un étrange plaisir. Il pensait que, au Pays des Brumes, le temps était éternellement celui qui venait après l'aube, à l'heure où tout est propre et nouveau.