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Citation de Erik35


Je tenais ma main en l'air avec les doigts recourbés en V en signe de paix, et je hurlais des slogans idiots avec les autres. Je fuyais le long des couloirs de Furnald Hall devant la marée dévastatrice des uniformes bleus au bidule brandi. Je discutais stratégie avec un gauleiter barbu du SDS, qui finit par me cracher à la figure en me traitant de sale indicateur bourgeois. Je regardais les douces filles de Barnard déchirer leur corsage et agiter leurs seins nus devant des flics à la libido exaspérée, tout en hurlant de féroces expressions anglo-saxonnes que les filles de Barnard de mon époque reculée n’avaient jamais entendues. Je regardais un groupe de jeunes étudiants chevelus de Columbia pisser rituellement sur une pile de documents qu’ils venaient de tirer de l’armoire d’un malheureux assistant qui préparait son doctorat. C’est à ce moment-là que je compris qu’il ne pouvait plus y avoir d’espoir pour l’humanité, quand les meilleurs d’entre nous étaient capables de perdre la tête pour la cause de l’amour et de la paix et de l’égalité des hommes. Ces soirs-là, j'entrai dans beaucoup de pensées, et je n'y trouvai rien d'autre que folie et hystérie. Une fois, de désespoir, après avoir réalisé que je vivais dans un monde où deux factions de fous se livraient bataille pour prendre le contrôle de l'asile, j'allai vomir à Riverside Park après une échauffourée particulièrement sanglante et je me laissai prendre par surprise (imaginez un peu, moi, me laisser prendre par surprise !) par un jeune voyou noir de quatorze ans qui me soulagea avec le sourire des vingt-deux dollars que j'avais dans la poche.
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