- Je t'apporte un enfant, je te prie de l'élever avec plus de tendresse et de soins que le tien ; si tu le fais, tu en retireras, toi et tes héritiers, un profit que tu ne peux pas imaginer.
- Est-ce, dit Antor, l'enfant que le roi m'a demandé de faire allaiter par ma femme, en sevrant mon propre fils pour lui ?
- Oui, c'est lui ; tous les gens de bien te le demandent, et moi aussi. Dis-toi bien que ma prière vaut celle d'un puissant seigneur.
Antor prend l'enfant qui n'est qu'un tout petit bébé et demande s'il est baptisé.
- Non, répond le vieillard, mais il doit l'être tout de suite.
- Quel nom voulez-vous qu'il porte ? demande Antor à l'homme qui le lui a posé dans les bras.
- Si tu veux me faire plaisir, tu le nommeras Arthur. Tu ne tarderas pas à savoir quelle source de bien cet enfant sera pour toi : très vite, vous ne saurez dire, ta femme et toi, lequel de lui ou de votre fils vous aimerez le plus.
Le diable – ainsi le rapporte l'histoire – entra dans une violente colère lorsque Notre-Seigneur descendit aux enfers et libéra Adam et Ève et tous ceux qu'Il avait décidé de sauver. Lorsque les démons apprirent cette stupéfiante nouvelle, ils se réunirent et dirent entre eux:
- Quel est donc cet homme qui nous a vaincus, qui a anéanti toutes nos défenses et mis à nu tous nos secrets, et qui fait en tous points sa volonté? Nous n'avions jamais imaginé qu'un homme né d'une femme pût échapper à notre emprise. Or celui-ci est tel que nous n'avons aucun pouvoir sur lui et qu'il nous torture et nous écrase de toute sa force. Comment peut-il être né d'une femme, n'avoir nulle part aux péchés de ce monde et nous résister ainsi?
- Seigneurs, dit alors l'un des démons, nous avons été perdus par ce qui, selon nous, devait nous être le plus favorable. Souvenez-vous donc de ce que disaient les prophètes, qui annonçaient que le fils de Dieu viendrait sur la terre pour sauver les pécheurs issus d'Adam et d'Ève. Nous, nous nous sommes emparés de ceux qui proclamaient que cet homme qui viendrait sur la terre les délivrerait des peines de l'enfer.
-Seigneurs, dit l’homme qui se tenait devant le roi, qui ne se connaît pas soi-même peut-il connaître autrui ?
-Nous ne prétendons pas, font-ils, le connaître intimement, mais nous saurons bien à quoi il ressemble, si nous le voyons.
-On ne connaît pas bien un homme, réplique l’inconnu, si l’on sait seulement à quoi il ressemble.
Uterpendragon épousa Igerne et le roi Loth d'Orcanie épousa la fille de la duchesse. Les noces du roi et d'Igerne eurent lieu trente jours après qu'il eut couché avec elle dans sa chambre. De la fille qu'il avait donnée en mariage au roi Loth naquirent Mordret, monseigneur Gauvain, Garehet et Gaheriet. Le roi Neutres de Garlot épousa l'autre fille bâtarde nommée Morgane et à l'instigation de ses parents le roi la fit instruire dans un couvent; elle y fit de tels progrès qu'elle apprit les sept art et acquit d'exceptionnels talents en un art appelé astronomie et le pratiqua toute sa vie; elle fut experte en physique et cette somme de connaissances lui valut le surnom de Morgane la fée.
Tous tombèrent d'accord sur la nécessité d'engendrer un homme capable de séduire à leur profit l'humanité tout entière. C'est ainsi que le diable entreprit de créer un être qui aurait sa mémoire et son intelligence pour se jouer de Jésus-Christ
Le diable entra dans une violente colère quand il apprit que Notre- Seigneur était descendu en enfer pour en libérer Adam et Eve ainsi que tous ceux qu'il voulait sauver. Alors, tous les démons se rassemblèrent.
"Seigneur, dit-il à l'archevêque, voici un de mes enfants qui n'est pas chevalier, il me supplie de le laisser tenter l'épreuve de l'épée. Appelez quelques uns des barons ici présents."
A l'époque où Uter tint cette cour, il n'était pas marié ; plein de sa passion pour Igerne, il ne savait que faire. Quand la cour se sépara, il demanda à ses barons de se retrouver là même avec leurs femmes, comme cette fois-ci. Ils le lui promirent tous et les choses en restèrent là.