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Citation de HordeDuContrevent


Le port est à l'écart de la ville, un appendice toujours présent dans l'abdomen de la côte dont l'infection n'a jamais provoqué de péritonite. Certaines zones désertes sont coincées entre la terre et la mer mais semblent n'appartenir ni à l'une ni à l'autre. Un espace amphibie, une mutation aquatique. De la terre battue et des ordures : des années de déchets poussés vers la rive par les marées ont formé une nouvelle couche. Les bateaux vident leurs latrines et nettoient leurs soutes, laissant couler dans l'eau une mousse jaune. On répare les hors-bords et les yachts, on purge leurs moteurs, jetant tout dans la poubelle marine. Et tout se concentre sur la côte, formant d'abord une masse molle puis une croute dure. Le soleil fait apparaitre tel un mirage une mer faite d'eau, mais en réalité la surface du golfe est aussi brillante que des sacs-poubelle en plastique noir. La mer du golfe ressemble à une immense baignoire remplie d'hydrocarbures, non d'eau, et bordée par le quai couvert de milliers de conteneurs multicolores telle une barrière infranchissable. Naples est entourée par une muraille de marchandises, des remparts qui ne protègent pas la ville : c'est au contraire la ville qui défend ses remparts.Nulle part on n'aperçoit les bataillons de dockers, ni la pittoresque populace des ports. On imagine le port comme un lieu bruyant, envahi par des foules frénétiques, par le va-et-vient d'hommes cousus de cicatrices et parlant des langues improbables. C'est au contraire le silence d'une usine automatique qui pèse sur lui. Il ne semble plus y avoir personne sur le port, et les conteneurs, les bateaux et les camions semblent animés par un mouvement perpétuel. Une vitesse qui ne fait aucun bruit.
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