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Citation de Luniver


Il secoua la tête d’un air apitoyé. « Plus que tout, c’est ça que je n’ai jamais compris chez vous : vous jouez aux dés et vous comprenez que le sort du jeu puisse dépendre d’un seul jet ; vous vous distrayez aux cartes et dites que la fortune amassée en une soirée peut partir en fumée sur un pli. Mais un homme, ça, vous le reniflez d’un air dégoûté et vous laissez tomber : quoi, ce néant d’humain ? Ce pêcheur, ce charpentier, ce voleur, cette cuisinière, allons, mais qu’est-ce que ces gens-là pourraient bien accomplir dans le vaste monde ? Et, telles des chandelles dans un courant d’air, vous vivez de petites existences crachotantes, vacillantes.
— La gloire n’est pas pour tout le monde, observai-je.
— En es-tu sûr, Fitz ? En es-tu sûr ? A quoi bon une petite vie qui ne change rien à la grande vie du monde ? Je ne conçois rien de plus triste. Pourquoi une mère ne se dirait-elle pas : Si j’élève bien cet enfant, si je l’aime, si je l’entoure d’affection, il mènera une existence où il dispensera le bonheur autour de lui, et ainsi j’aurai changé le monde ? Pourquoi le fermier qui plante une graine ne déclarerait-il pas à son voisin : Cette graine que je plante nourrira quelqu’un, et c’est ainsi que je change le monde aujourd’hui ?
— C’est de la philosophie, fou. Je n’ai jamais eu le temps d’étudier ces choses-là.
— Non, Fitz : c’est la vie. Et nul ne peut se permettre de ne pas y penser. La moindre créature doit en avoir conscience, songer au moindre battement de son cœur. Sinon, à quoi sert de se lever chaque matin ?
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