Salvador Allende, le 5 septembre 1970, à 2 heures du matin :
Je ne suis qu’un homme avec toutes les faiblesses et les insuffisances d’un homme ; et si j’ai pu supporter, parce que j’accomplissais mon devoir, la défaite d’hier… aujourd’hui, sans arrogance ni esprit de revanche, j’accepte ce triomphe qui n’a rien de personnel et que je dois à l’unité des partis populaires, aux forces sociales qui nous ont accompagnés… Je dois ce triomphe au peuple chilien qui entrera à La Moneda avec moi le 4 novembre.
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Le journaliste nord-américain Jack Anderson révéla des mémorandums secrets de l’International Telephon and Telegraph corporation (ITT). Il mit en lumière la machination orchestrée par l’ITT, la CIA, la Maison-Blanche et des membres de l’ambassade à Santiago. Ces documents secrets qui ont échappé à la broyeuse démontrent que la CIA et l’ITT collaboraient étroitement… et qu’elles ont pour le moins envisagé de fomenter un putsch afin d’empêcher l’élection d’Allende.
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Le 30 octobre, Allende nomme son premier gouvernement avec qui il prendra ses premières mesures : construction de logements « populaires », création d’emplois publics, contrôle de l’inflation, élargissement de la réforme agraire et nationalisation des mines de cuivre.
« Pour la première fois dans l’histoire du pays, quatre ouvriers intègrent le gouvernement », déclare Allende. Il fait référence à Zorrilla, Oyarce, Barraza et Cortés.
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José et Claudia étaient de jeunes idéalistes, joyeux, passionnés, mais ils l’étaient à la manière de ceux qu’il avait croisé au consulat, portés par une vision du monde en noir et blanc.
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Nous devons vaincre, rendre la vie plus fraternelle et sans haine, dans notre propre patrie, prendre soin de notre morale, avec la force constructive et révolutionnaire du peuple.
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Radio Magallanes :
Les masses sont sur le qui-vive et disposées aux plus grands sacrifices afin de défendre leurs conquêtes, leur gouvernement légitimement constitué et la révolution chilienne. Un groupe d’antipatriotes en uniforme ne parviendra pas à freiner la marche du pays vers sa libération définitive. Nous ne suspendrons pas nos transmissions car nous en avons reçu le mandat de la grande majorité du pays, de sorte que nous resterons à notre poste et accompagnerons le pays dans sa marche vers le futur.
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Qu’en penses-tu, John ? Le camarade Allende a décidé de soustraire 774 millions de dollars d’indemnisation aux compagnies nord-américaines cuprifères en raison de leurs bénéfices excessifs.
(page 67)
Salvador Allende, Radio Magallanes, le 11 septembre 1973 :
Travailleurs de ma patrie, j’ai foi dans le Chili et en son destin. D’autres hommes surmonteront ce moment gris et amer pendant lequel la trahison entend prospérer. Allez de l’avant sans oublier que, pour l’homme libre, de larges promenades bordées de peupliers ne tarderont pas à s’ouvrir afin qu’il construise une société meilleure. Vive le Chili ! Vive le peuple ! Vivent les travailleurs !
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Le voyage amical de Castro consacrait le caractère révolutionnaire d’un pouvoir qui devait tout à la démocratie électorale… et rien à la lutte armée.
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Le Chili était un pays d’à peine plus de sept millions d’habitants. L’on y voyait beaucoup de « poblaciones callampas », comme les appelait le chauffeur de taxi. Des petits bidonvilles très pauvres, aucun parc, pas même un espace vert, tout y était gris et sale. Les transports publics y étaient vieux et branlants. Il était drôle d’y voir en circulation de vieilles bagnoles ricaines, dont les plus récentes dataient des années 1950.
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