Interview de
François Mitterrand à propos de "
La paille et le grain"
Roger VRIGNY,
Christian GIUDICELLI et
Roger GOUZE interviewent
François MITTERRAND pour son ouvrage "
La paille et le grain", livre
de réflexion couvrant la période 1971 à 1974 ; pourquoi il a publié ce livre ; ce qu'est écrire pour lui ; l'importance du
langage .
Un jour la science saura lire ces moindres signes posés à la surface des choses. Notre passage, nos gestes, et presque nos pensées traîneront derrière nous comme les fils de bave des escargots. Et cet univers effrayant engloutira nos dernières libertés, avec les derniers secrets de nos consciences et de nos vies.
Un chef ? Peut-être... Mais je n'aime ni le mot ni la chose. Contradictoirement, on appelle chefs des gens chez qui la tête joue un rôle bien accessoire. Leur affaire n'est pas de juger, de penser, mais de décider. On ne se félicite pas d'abord qu'un chef soit subtil, intelligent, sensible, juste, mais qu'il "ait de la décision". C'est un homme qui se croit né pour décider à la place des autres. Et comme les autres le laissent faire parce qu'ils ont mille raisons de vivre et mille manières d'être heureux, et que, de plus, les chefs se gardent bien de leur demander leur avis, alors les chefs commandent, comme le paysan laboure, comme l'enfant joue, le chien aboie, le curé prie.
Donc avec Force ennemie de Nau et Le Père Perdrix de Philippe, on trouve parmi les nouveautés de cette année 1903: Le Petit Ami de Paul Léautaud, L’Immoraliste d’André Gide, Le Roman du Lièvre de Francis James, Le Roman des Vingt Ans de Paul Fort, Le Mariage de minuit d’Henri de Régnier, Les Suppliants d’Henri Barbusse, Claudine s’en va de Colette...
On est en droit de se demander pourquoi, dès le premier vote, les Goncourt ne désignent ni le meilleur livre de l’année, ni l’écrivain le plus jeune, trahissant d’emblée les clauses et les conseils du testament.
« Avant que j’aie le prix Goncourt, les directeurs de journaux et les éditeurs me lisaient et me rendaient mes manuscrits. Après le prix, ils ont cessé de me lire, mais ils ont publié tout ce que je leur donnais. J’engage donc tous les gens qui écrivent, c’est-à-dire la majorité de la population française, à essayer d’obtenir le Goncourt. »
René Benjamin, prix Goncourt 1915 pour Gaspard.