Roger Sauty

Après avoir essayé d'élucider l'origine de l'idée de Dieu, nous allons étudier dans le judaisme et le christianisme, sa nature et les rapports que les hommes entretiennent avec lui. Nous relèverons tout de suite le fait qu'il y a une évolution dans la croyance et que le visage du Dieu de Jésus n'est pas le même que celui du Dieu de Moise, bien qu'il s'agisse là du même être divin. Nous n'en serons nullement surpris puisque nous savons que l'homme a crée Dieu à son image. Le premier évoluant, il est fatal que ce dernier se métamorphose.

La psychanalyse s'est appliquée à préciser la genèse de la croyance en Dieu. Elle n'est pas à même de nous renseigner sur la réalité ou la non-réalité de Dieu.

Le Dieu de Moise est un dieu jaloux et injuste qui punit sur les enfants l'iniquité des pères (Exode 25). Il réclame de ses fidèles un amour exclusif et absolu : "Tu aimeras l'Eternel de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force" (Deutéronome 6). Quand on lui refuse quelque chose, il se met en colère (Exode 4). Pour permettre à son peuple de sortir d'Egypte, il frappe les habitants de ce pays de dix plaies, puis il fend en deux les eaux de la mer Rouge, contrairement à toutes les lois de la nature (Exode 14).

L'histoire, par contre, nous apprend ce qui suit : Israel a été le facteur religieux déterminant dans les croyances de l'Occident. Ce n'est guère qu'après le VIIIe siècle qu'apparaît le monothéisme à base de morale qui est l'apport proprement juif, et qui a donné au monde une conception de Dieu acceptable, sur laquelle, plus ou moins consciemment, nous vivons encore. Ce sont les prophètes juifs du VIIIe au VIe siècle avant Jésus-Christ, qui ont fait notre Dieu. (...)
En effet, la religion israélite fut d'abord simplement monolâtrique et ce n'est qu'à l'époque mentionnée ci-dessus que les prophètes se mirent à nier l'existence des dieux autres que Yahvé. Si ce n'est dernier a fini par rester seul sur le champ de bataille religieux, c'est assurément grâce à son intolérance. Yahvé est un dieu qui se déclare jaloux dans le document essentiel de la piété juive (Décalogue, Exode 20). Aussi n'aura-t-il de cesse avant d'avoir obtenu une soumission absolue de ses fidèles. L'origine de cette jalousie réside évidemment dans l'identification très forte des prophéties israélites au Père. Leur soumission n'ira pas sans révolte et douleur. Mais une fois faite, ils s'anéantissent devant l'image paternelle et leur haine refoulée du père s'exprime sous forme de jalousie de Dieu à l'endroit de ses enfants.

S'il n'est pas question explicitement de péché dans les écritures bouddhiques, on y trouve par contre des déclarations très nettes au sujet de l'enfer. L'enfer n'a été crée par personne. Le feu d'un esprit qui s'abandonne à la colère produit le feu de l'enfer et consume son possesseur. Quand un homme fait du mal, il allume le feu de l'enfer et se brûle à son propre feu.

Nous aurions tort toutefois de ne voir que la côté sombre de cette nature divine. Jahvé est un dieu qui aime ses enfants lorsqu'ils sont sages. Et avec le temps, il finira, aux dires de certains, par les aimer , même quand ils désobéissent (Psaum 103, esaie 55). Ces deux passages nous élèvent à une hauteur qui ne sera dépassée que par la parabole de l'enfant prodigue (Luc 15) à laquelle nous allons passer directement. Dans cette page unique au monde, Dieu nous est présenté comme aimant virilement et profondément son enfant d'une manière absolument indépendante de la conduite de ce dernier. (...)
Nulle image paternelle n'est plus belle et plus attirante que celle qui est sortie de l'esprit de Jésus.

Nous ne passerons pas sous silence le récit du Déluge (Genèse 6) car il éclaire fortement la cruauté qui se cahe dans les profondeurs de l'âme humaine. Traduit en langage clair, il signiifie que le Père, devant la manque d'obéissance de ses enfants, regrette de leur avoir donné la vie et décide de le anéantir à l'exception de celui qui lui obéit. Ainsi, pour l'inconscient, le seul châtiment concevable est la mort ou éventuellement, la castration, dont la circoncision est une forme atténuée (Exode 4). Quant à dire si ces meurtres d'enfants ont été perpétrés ou non, nous ne le pouvons pas, car les documents bibliques sont muets sur ce point.

Tandis que Luther se demande avec angoisse comment obtenir le pardon de ses péchés, Bouddha cherche comment échapper à la douloureuse nécessité de renaître sans cesse (Schweitzer : les grands penseurs de l'Inde, p83). Bouddhisme et christianisme sont donc deux religions de salut, mais leurs conceptions du salut sont différentes. On trouvera dans Schweitzer un rapprochement intéressant entre Luther et le Bouddha.

Tandis que Luther se demande avec angoisse comment obtenir le pardon de ses péchés, Bouddha cherche comment échapper à la douloureuse nécessité de renaître sans cesse (Schweitzer : les grands penseurs de l'Inde, p83). Bouddhisme et christianisme sont donc deux religions de salut, mais leurs conceptions du salut sont différentes. On trouvera dans Schweitzer un rapprochement intéressant entre Luther et le Bouddha.

Tandis que Luther se demande avec angoisse comment obtenir le pardon de ses péchés, Bouddha cherche comment échapper à la douloureuse nécessité de renaître sans cesse (Schweitzer : les grands penseurs de l'Inde, p83). Bouddhisme et christianisme sont donc deux religions de salut, mais leurs conceptions du salut sont différentes. On trouvera dans Schweitzer un rapprochement intéressant entre Luther et le Bouddha.