En ce moment, (tandis que d'autres prennent soin de refaire le monde par la parole), il n'y a plus que cette voix, insensible à tout ce qui se passe ailleurs, qui fuit toutes les pollutions pour n'être que là, dans un lieu adéquat, même s'il n'est pas très confortable.
Retrouver les indices de cette parole égarée qui s'éloigne du sens, les fragments d'une beauté perverse à travers quelques circonvolutions, pour fuir les seuls repères disponibles dans l'immédiat. Comme une grande parenthèse, une respiration.
(extrait de "Écripeindre, Suite et variation n° 2") - p. 64
Cinquième méditation
L’ŒIL RÉÉCRIT CONSTAMMENT CE QUI DÉFILE…
L’œil réécrit constamment ce qui défile, d’une manière ouverte. Jusqu’à satiété. Jusqu’à l’oubli. C’est une initiative essentielle qui permet de perdre les premiers sens venus pour en acquérir d’autres.
Un souffle mime cette réalité intérieure qui s’épanouit au centre de la blancheur spatiale. De la blancheur naît une nouvelle impulsion qui stimule les sens, donne du baume à l’esprit.
Ces mots qui se sont imposés sont des certitudes inconscientes qui désemparent l’œil, mais en même temps stimulent les curiosités et les aspirations.
Comme s’il était obligé, tout en gardant de multiples sous-entendus, de mettre en rapport ces vestiges de la conscience avec les impulsions qui se cherchent et s’enchevêtrent constamment.
Il a même besoin, en plus d’une croyance naïve en la régénérescence de matériaux par une spontanéité encore vivace, d’une persévérance extraordinaire pour qu’il devienne peu à peu quasiment la matière même de ces méandres.
…