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Citation de Gwen21


Il ne pouvait plus songer aux animaux sans un frémissement d’angoisse. Il lisait dans les regards des bêtes, il lisait une âme comme la sienne, une âme qui ne pouvait pas parler ; mais les yeux criaient pour elle :
- Que vous ai-je fait ? Pourquoi me faites-vous mal ?
Le spectacle le plus banal, qu’il avait vu cent fois, - un petit veau qui se lamentait, enfermé dans une caisse à claires-voies ; ses gros yeux noirs saillants, dont le blanc est bleuâtre, ses paupières roses, ses cils blancs, ses touffes blanches frisées sur le front, son museau violet, ses genoux cagneux ; - un agneau qu’un paysan emportait par les quatre pattes liées ensemble, la tête pendante, tâchant de se relever, gémissant comme un enfant, et bêlant et tendant sa langue grise ; - des poules empilées dans un panier ; - au loin, les hurlements d’un cochon qu’on saignait ; - sur la table de la cuisine, un poisson que l’on vide… Il ne pouvait plus le supporter. Les tortures sans nom que l’homme inflige à ces innocents lui étreignaient le cœur. Prêtez à l’animal une lueur de raison, imaginez le rêve affreux qu’est le monde pour lui : ces hommes indifférents, aveugles et sourds, qui l’égorgent, l’éventrent, le tronçonnent, le cuisent vivant, s’amusent de ses contorsions de douleur.
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