La rivalité entre frères [...] n'existe pas seulement en littérature, la relation fraternelle est, je crois, le premier endroit où se mesurer: pour être moi, je dois d'une certaine manière l'être contre mes frères; ils sont mes autres moi possibles, des miroirs angoissants dans lesquels je me contemple. Je me dis au passage que cette sorte d'émiettement de la personnalité, ce manque de structuration du moi dont semblent souffrir actuellement certains adolescents est peut-être dû, entre autres, au fait qu'aujourd'hui beaucoup sont des enfants uniques et donc privés du reflet de cet autre moi possible, assez différent cependant pour lui permettre d'exister.