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Citation de dreulma


Essaye de profiter de la grande fête de la vie avec les autres hommes.
Épictète
...
Ce jour là, Zarza se réveilla avant que le réveil ne sonne et remarqua aussitôt qu'elle était angoissée. C'était un malaise qu'elle connaissait bien, dont elle souffrait souvent, surtout le matin, dans le demi sommeil, au sortir des limbes des rêves. C'est qu'il faut un certain degré de confiance dans le monde et en soi-même pour supposer que la réalité continue, de l'autre côté des paupières closes, attendant doucement qu'on se dégourdisse. Ce jour là, Zarza n'avait pas spécialement confiance en l'existence, et elle garda les yeux fermés, craignant de regarder et de voir. Elle était couché sur le dos, encore étourdie, et le monde autour d'elle avait l'air d'onduler, gélatineux et instable, sa personnalité diurne n'étant pas encore rassemblée. C'était une naufragée allongée sur un radeau flottant sur une mer peut-être infestée de requins.
...
De l'obscurité extérieure lui parvint un long gémissement... Des murmures fébriles, des paroles entremêlées de pleurs, puis une cascade de soupirs. Tout à coup, des craquements de bois, comme un voilier secoué par le vent. ... Coups bruyants de chair contre chair, suivi de nouveaux craquements rythmés. A quelques mètres des yeux clos de Zarza, ... un couple devait faire l'amour... De l'autre côté de la cloison, la vie explosait, tandis que Zarza émergeait lourdement d'une mer de gélatine. Le bruit des corps se poursuivait, toute cette exagération, ce vacarme mou. Réduit à ce tapage de voisinage, décomposé en frôlements et gémissements, l'acte sexuel en devenait ridicule et absurde. Une espèce de spasme musculaire, un exercice de gymnastique. La sonnerie stridente du réveil coïncida avec le hurlement final du couple. De mauvaise humeur, Zarza ouvrit un oeil, puis l'autre.
Elle vit tout d'abord le réveil. Noir, carré, en plastique, banal. Il s'ébrouait encore, dompté et insignifiant...Tout était aussi impersonnel qu'une chambre d'hôtel. On aurait dit qu'elle venait de déménager, pourtant elle était là depuis déjà deux ans. Zarza aimait que son monde soit ainsi, imprécis, élémentaire, dénué de mémoire, parce qu'il y a des souvenirs qui blessent comme la balle de quelqu'un qui se suicide. ...
Elle assimilait peu à peu, par cercles concentriques, les détails précis de sa réalité... Elle s'appelait Zarza. C'est tout. Rien de plus. Pas de pensée super-flue. Elle devait se lever.
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