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André Gabastou (Traducteur)
EAN : 9782864245117
222 pages
Editions Métailié (03/09/2004)
3.36/5   52 notes
Résumé :
Zarza est réveillée un matin par une voix qui lui murmure au téléphone : "Je t'ai retrouvée." Elle prend la fuite, poursuivie par quelqu'un ou quelque chose lié à un passé qu'elle cache et veut oublier. Pendant vingt-quatre heures de vertige, la fugitive va parcourir tous les territoires de l'enfer : les bas-fonds de la drogue, royaume nocturne de la Reine, la misère, les relations étranges qu'elle entretient depuis l'enfance avec son père et son frère jumeau... Tou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Jusqu'où Sofía Zarzamala, ou « Zarza », va-t-elle aller dans l'enfer de cette journée ?
Jusqu'où va-t-elle aller dans l'enfer de sa vie ? Ou plutôt dans l'absence de paradis, d'émotions, de sursauts qu'elle a voulu faire de sa vie ?


Ce roman remarquable me plonge dans l'enfer.
Ce roman maitrisé jusque dans l'explication de romans comme « le Chevalier à la Rose » de Chrétien de Troyes m'a saisie brusquement à la gorge dès la première page pour me faire vivre une journée dans la vie de Zarza. Une journée épouvantable, infernale. Une plongée dans son passé lui aussi épouvantable, infernal.


« Respirer, continuer ».
C'est ce qu'elle a fait, après le coup de téléphone reçu à l'aube avec pour tout message : « Je t'ai retrouvée ».
C'est ce que j'ai fait aussi. Embarquée dans un suspens psychologique bien contrôlé (peut-être un tout petit peu trop), j'ai découvert le passé atroce à tous points de vue de Zarza. Une mère dépressive qui n'est plus jamais sortie de son lit, un père pervers, une grande soeur indifférente, un petit frère attachant handicapé mental, un frère jumeau dominateur : voilà la composition de sa famille à partir de laquelle sa vie dérape.
Je n'en dis pas plus, car la découverte de cet enfer a été un véritable plaisir pour moi, d'autant plus que Rosa Montero, l'auteure espagnole, y mêle des réflexions sur la vie, sur la lâcheté et la trahison, sur la souffrance et le mensonge à soi-même, sans jamais être catégorique.


« Jusqu'où quelqu'un peut-il se protéger dans le malheur pour se laisser aller, n'aspirer à d'autre paysage que celui de sa propre brutalité ou de sa propre souffrance, pour vivre enterré dans le bois informe, sans la moindre conscience des limites ? Ou bien, jusqu'où peut-on échapper à son propre destin, à une vie aussi rétrécie et mutilante que les dents en acier d'un piège à ours ? Les enfants des ivrognes deviennent alcooliques, les enfants des déments deviennent fous, les enfants battus battent à leur tour leurs enfants.
Ou peut-être pas ».


A chacun de creuser son propre chemin.
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24 heures de la vie d'une femme. Ce matin-là, Zarza est réveillée par un appel téléphonique : "Je t'ai retrouvée". Quelques mots qui la plongent dans un passé qu'elle s'acharne à oublier depuis des années, et dans une terreur indicible. Elle prend la fuite mais son poursuivant est chaque fois plus proche. Elle comprend alors qu'elle va devoir l'affronter et, avec lui, ses peurs et son passé. Un passé qu'on découvre peu à peu, avec Zarza qui revient presque malgré elle sur ses propres traces : enfance épouvantable dans une famille dysfonctionnelle, rapport fusionnel avec son frère jumeau, descente dans les bas-fonds de la ville, dans le royaume de la prostitution et de la Reine Blanche (l'héroïne), dans les affres du manque et jusqu'à la prison et à la culpabilité qui la ronge d'avoir balancé son complice, celui-là même qui la harcèle aujourd'hui en quête de vengeance.

C'est peu de dire que le passé de Zarza a été infernal, irrespirable, barbare.

Ce n'est pas étonnant qu'après la prison elle se soit enfermée dans une vie ordinaire, solitaire, sans relief ni affect ni émotions, transparente et inodore, une vie si peu vivante. Et maintenant ce "je t'ai retrouvée" qui va peut-être la conduire à la mort...

"Respirer, continuer", tel est le mantra de Zarza tout au long de cette journée asphyxiante. Tel est aussi celui du lecteur dans ce thriller psychologique oppressant, entrecoupé de chapitres consacrés aux sombres légendes médiévales que Zarza est chargée d'éditer.

Ce roman est très sombre mais il se lit avec un certain masochisme tant on se laisse glisser avec plaisir dans ses strates toujours plus infernales. Et malgré une fin qui m'a parue bâclée et mièvre, on prend le même plaisir à lire les réflexions de l'auteure, toujours aussi pertinentes, sur la famille, la gémellité, l'hérédité, la trahison, le sens de la vie.
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Zarza déambule dans la nuit froide, décline les rues désertes fuyant la peur sentant la sueur. Une lune, d'un bleu étrange, surgit au détour d'une ruelle, éclaire le caniveau, une eau suinte lentement, désespérément. Vingt quatre heures plus tôt, le téléphone a sonné, réveil douloureux pour Zarza, réminiscence de troubles souvenirs. "Je t'ai retrouvée", dit une voix à l'autre bout de la ligne. J'ai connu des réveils plus chaleureux. On s'échappe peut-être de sa famille, jamais de son passé.

Depuis ce coup de téléphone, j'erre dans le Territoire des Barbares, un lieu où l'ombre inquiète, le silence fait peur, l'enfance ressurgit des méandres d'une mémoire sombre. Je te laisse découvrir le portrait de famille qui se cache, tapie dans l'ombre du temps. C'est glauque, c'est triste et désespéré. La ruelle se nourrit de vagabonds sales et endormis dans la pisse des caniveaux, de travestis déambulant nus sous leur fausse fourrure, de putes mulâtres imbibées de rhum ou de cognac.

Il y a des passés que l'on voudrait oublier. Zarza l'aura compris, elle ne peut plus fuir son histoire. Ces vingt-quatre heures de la vie d'une femme vont la plonger dans l'Enfer de sa vie. Son chemin, une croix. La Reine Blanche et son royaume, à la lueur d'un clair-obscur, Zarza récite son sutra : Respirer et continuer. Coûte que coûte. Pour sa survie, pour son petit frère, pour elle et clore ainsi le trouble qui sévit en elle, un territoire peuplé de descendants barbares de Gengis Khan. Dans ces rues glacées, à l'aube des Tartares, la cloche lointaine d'une église se met à fracasser le silence des âmes et des tombes. Je me demande si je reconnaîtrais le jour de ma mort. Serait-ce un matin grisaille où l'on se lève à l'aube ou une nuit sans lune se déchoit dans le miroir d'un caniveau...
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Zarza vit dans la peur. Son frère jumeau est sorti de prison et la menace. Elle l'avait dénoncé après qu'il l'eût entraînée dans l'attaque d'une banque.

La traque qui s'instaure alors fait de chaque porte qui s'ouvre une angoisse, de chaque ombre un spectre, rend chaque bruit suspect. Elle construit sous la plume de Rosa Montero un thriller psychologique que le nouvel observateur, en quatrième de couverture, promet à vous couper le souffle.

Cette organisation de la terreur vous fait certes tourner les pages avec une certaine fébrilité, mais il y a un autre niveau de lecture. L'univers de l'enfance pervertie dans lequel Rosa Montero nous incorpore, nous fait réfléchir sur l'hérédité des tares parentales, qu'elles se manifestent dans l'usage des substances illicites, de la violence et autre perversion, y compris sexuelle.

Dommage que cet ouvrage soit servi par un style et une langue qui en amoindrissent la portée. Les références historiques, suscitées par l'ouvrage que l'héroïne est en train d'écrire, sont par ailleurs artificiellement incorporées à l'intrigue et font trop penser à du remplissage destiné à rehausser le niveau culturel. C'est un peu incongru et en rupture avec cette catégorie de littérature. Mais peut-être est-ce pour recoller l'intrigue dans un quotidien professionnel, dans une réalité.
Il n'en reste pas moins un bon roman.
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Ce thriller psychologique plonge d' emblée le lecteur dans l' univers angoissant et glauque de la drogue et de la prostitution que l' auteur nomme : le territoire de la Reine Blanche.L' héroïne, Zarza, ancienne toxicomane réfugiée dans une vie bien rangée, quasi monacale , se voit brusquement menacer par son lourd passé familial que l' on découvre petit à petit.Un récit à l' atmosphère lourde, oppressante , entrecoupé de contes médiévaux au dénouement dramatique .J 'ai lu ce roman d' une traite en étant toutefois déçu par une fin un peu bâclée laissant beaucoup de questions en suspens.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
-Moi, je dis qu’avoir un truc pareil à la maison, c’est dangereux ; si je vous le dis, c’est parce que j’en ai fait l’expérience. Les armes, c’est un truc de barbares, mademoiselle, vous pouvez me croire.
Oui, un truc de barbares. Trinidad avait raison. Conséquence des hordes dévastatrices et violentes qui venaient des confins de la Terre, s’apprêtant à détruire l’ordre en place. Suèves, Vandales, Alains ; multitudes sans foi ni loi qui détruisaient tout sur leur passage, forces de l’obscurité et de la souffrance. Comme ces Tartares qui embrasèrent l’Europe et l’Asie, Gengis Khan et ses féroces guerriers asséchant les campagnes avec les sabots de leurs montures, arrachant les bébés aux bras de leurs mères, violant les vierges, laissant dans leur sillage un flot de souffrance impossible à endiguer. Ce furent peut-être les Tartares qui volèrent à Zarza son enfance, enfance heureuse dont il était impossible de se souvenir même si elle était en photo dans la boîte à musique ; peut-être Gengis Khan fut-il le voleur de toutes les douceurs, lui arrachant son enfance en germe, prometteuse, comme il arracha leur souffle à tous les enfants qu’il égorgea, sans ciller, tandis que la civilisation se consumait lentement dans les braises d’un immense bûcher.
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Désemparée, Zarza allait de pièce en pièce et se trompait parfois de sens tant tout était différent et confus. Ici, la salle de jeux ; non, la pièce où mangeaient les enfants. Et dans ce grand espace inondé d’ombres était la chambre de sa mère. On avait du mal à concevoir que cette pièce désormais vide et triste eût été le théâtre d’un tel mystère. Zarza se rappelait le haut-le-cœur qui la secouait chaque fois qu’elle s’approchait de la chambre maternelle : murmures, pas feutrés, le léger tintement d’une petite cuillère remuant des médicaments dans un verre. Et au fond, adossé à la cloison, l’immense lit, ce temple secret où Zarza fut conçue, cette molle sépulture où maman était morte, ou s’était suicidée, ou bien encore avait été assassinée.
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Essaye de profiter de la grande fête de la vie avec les autres hommes.
Épictète
...
Ce jour là, Zarza se réveilla avant que le réveil ne sonne et remarqua aussitôt qu'elle était angoissée. C'était un malaise qu'elle connaissait bien, dont elle souffrait souvent, surtout le matin, dans le demi sommeil, au sortir des limbes des rêves. C'est qu'il faut un certain degré de confiance dans le monde et en soi-même pour supposer que la réalité continue, de l'autre côté des paupières closes, attendant doucement qu'on se dégourdisse. Ce jour là, Zarza n'avait pas spécialement confiance en l'existence, et elle garda les yeux fermés, craignant de regarder et de voir. Elle était couché sur le dos, encore étourdie, et le monde autour d'elle avait l'air d'onduler, gélatineux et instable, sa personnalité diurne n'étant pas encore rassemblée. C'était une naufragée allongée sur un radeau flottant sur une mer peut-être infestée de requins.
...
De l'obscurité extérieure lui parvint un long gémissement... Des murmures fébriles, des paroles entremêlées de pleurs, puis une cascade de soupirs. Tout à coup, des craquements de bois, comme un voilier secoué par le vent. ... Coups bruyants de chair contre chair, suivi de nouveaux craquements rythmés. A quelques mètres des yeux clos de Zarza, ... un couple devait faire l'amour... De l'autre côté de la cloison, la vie explosait, tandis que Zarza émergeait lourdement d'une mer de gélatine. Le bruit des corps se poursuivait, toute cette exagération, ce vacarme mou. Réduit à ce tapage de voisinage, décomposé en frôlements et gémissements, l'acte sexuel en devenait ridicule et absurde. Une espèce de spasme musculaire, un exercice de gymnastique. La sonnerie stridente du réveil coïncida avec le hurlement final du couple. De mauvaise humeur, Zarza ouvrit un oeil, puis l'autre.
Elle vit tout d'abord le réveil. Noir, carré, en plastique, banal. Il s'ébrouait encore, dompté et insignifiant...Tout était aussi impersonnel qu'une chambre d'hôtel. On aurait dit qu'elle venait de déménager, pourtant elle était là depuis déjà deux ans. Zarza aimait que son monde soit ainsi, imprécis, élémentaire, dénué de mémoire, parce qu'il y a des souvenirs qui blessent comme la balle de quelqu'un qui se suicide. ...
Elle assimilait peu à peu, par cercles concentriques, les détails précis de sa réalité... Elle s'appelait Zarza. C'est tout. Rien de plus. Pas de pensée super-flue. Elle devait se lever.
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Respirer et continuer. Dans les pires moments, elle savait qu'il fallait s'accrocher à des choses toutes simples. Respirer et continuer. Il fallait se débarrasser de tout superflu et résister, se cramponner à l'existence comme un animal.
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La maison est une tombe, pensa Zarza. Debout, au milieu de la salle de séjour, elle percevait autour d'elle le labyrinthe étouffant des autres pièces. Son ancien foyer était un capharnaüm sordide de volumes quadrangulaires et vides. Comme un rubiscube livré au chaos. Un de ces cauchemars géométriques qui se consument à l'intérieur de nos cerveau quand la fièvre nous ronge. La psychiatre lui avait dit, des années auparavant, que rêver de la maison de son enfance était une représentation de son propre inconscient. Zarza la détestait. Mais cette idée était restée étrangement gravée dans son esprit; maintenant, la maison était, bien entendu, pour elle son propre cerveau coupé en petits morceaux, une effervescence de monstres personnels.
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Vidéo de Rosa Montero
Le saviez-vous que la la romancière et journaliste madrilène Rosa Montero a une formation en psychologie ? Les masterclasses littéraires « En lisant, en écrivant » sont l'occasion de poser aux grands auteurs contemporains, français et internationaux, autant de questions qui vous viennent à l'esprit. Pour cette masterclasse Rosa Montero est interviewée par Marie Sorbier.
En collaboration avec le Centre national du livre et France Culture à parler de sa pratique de l'écriture.
Pour retrouver toutes les Masterclasses du cycle "En lisant, en écrivant" : https://www.bnf.fr/fr/agenda/masterclasses-en-lisant-en-ecrivant
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