Désemparée, Zarza allait de pièce en pièce et se trompait parfois de sens tant tout était différent et confus. Ici, la salle de jeux ; non, la pièce où mangeaient les enfants. Et dans ce grand espace inondé d’ombres était la chambre de sa mère. On avait du mal à concevoir que cette pièce désormais vide et triste eût été le théâtre d’un tel mystère. Zarza se rappelait le haut-le-cœur qui la secouait chaque fois qu’elle s’approchait de la chambre maternelle : murmures, pas feutrés, le léger tintement d’une petite cuillère remuant des médicaments dans un verre. Et au fond, adossé à la cloison, l’immense lit, ce temple secret où Zarza fut conçue, cette molle sépulture où maman était morte, ou s’était suicidée, ou bien encore avait été assassinée.