AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Roukiata Ouedraogo (91)


Chaque fin de mois, une douzaine de femmes se réunissaient dans notre cour, sous le grand tamarinier. Maman organisait une tontine. Chacune des femmes mettaient deux mille cinq cents francs CFA au pot commun, qui etait ensuite attribué à l'une d'entre elles. Le mois suivant, c'était une autre qui en bénéficiait, et l'opération se répétait ainsi jusqu'à ce que chacune ait eu le droit à sa part. L'argent récolté permettait à certaines de développer des petites activités, comme la vente, l'élevage, la teinture, voir la restauration. La pratique de la tontine est trés courante en Afrique. Elle fait partie de ces mille et une manières simples et pratiques qu'ont les populations démunies de compenser, comme elles peuvent, les grands déséquilibres de l'économie mondiale.
Commenter  J’apprécie          450
J'étais bien contente qu'on demande au linguiste de préciser la diffèrence entre " transculturalité" et " interculturalité". Mais finalement le sens caché par ces mots complexes n'est pas si compliqué. Ces gens s'expriment en "gros gros français"*, comme on dit chez moi, et c'est peut-être seulement ca qui fait la différence entre un intellectuel et un être humain normal .
*expression du Burkina Faso
Commenter  J’apprécie          313
"Vous savez, reprend la secrétaire générale, le titre de marraine peut sembler parfois un peu anecdotique, mais il ne l'est pas. En tant qu'artiste, vous véhiculez une image qui nous touche. Vous êtes jeune et vous avez de nombreux fans qui le sont aussi. En tant qu'instruction, l''OIF peine parfois à intéresser une jeunesse qui peut nous percevoir comme "un machin", ainsi que le disait le général de Gaulle au sujet de l'ONU, vous voyez ? Une chose abstraite et lointaine dont on voit mal à quoi elle sert. Et puis, vous savez parfois être impertinente dans vos spectacles et cela aussi nous intéresse. N'oublions pas que la langue française est une des grandes langues des Lumières, la France incarne encore aujourd'hui partout dans le monde l'idée de révolution. Le français est une langue avec une aura un peu sulfureuse, qui, comment dire ...
- Qui secoue le cocotier ?
- Vous avez trouvé le mot que je cherchais. "
Commenter  J’apprécie          240
En cas de dérapage, si l'enfant refuse de se plier à certaines règles ou, pis encore, en cas d'échec, la mère est immanquablement montrée du doigt. Aux yeux de tous, elle est l'unique fautive, la seule responsable de l'éducation ratée de l'enfant. Jamais le père ne sera mis en cause. Et lorsque la réussite de l'enfant est assurée, on félicité toujours le papa. Il est perçu comme celui qui a su donner les conseils adéquats à la mère qui, ensuite, a su les faire entendre à l'enfant. La sagesse de l'homme ruisselle sur l'ensemble de la famille, c'est comme une sorte de théorie familiale du ruissellement.
Commenter  J’apprécie          223
- Madame Sankaké, poursuivit le greffier, je vous le jure sur les têtes de mes deux femmes et de mes treize enfants, votre mari n'a même plus regardé le procureur. Il l'a négligé comme il faut ! Il n'a plus dit un seul mot, il s'est juste levé et il a demandé aux deux gros policiers de le ramener dans sa cellule. Il fallait voir les gens dans la salle ! Personne n'osait applaudir. Mais sur la tête de mes deux femmes...
- Et de vos treize enfants, l'interrompit maman qui ne cachait plus sa joie.
- Combien ? Treize ? Vous êtes sûre ? En tout cas, sur leur tête, madame Sankaké.
Commenter  J’apprécie          170
Aujourd'hui c'est le quinzième anniversaire de la mort de papa.
Trente ans et des milliers de kilomètres se sont écoulés. Je suis dans ma loge, dans cinq minutes je vais monter sur scène. J'aurais tant aimé être à Ouagadougou auprès de ma mère, de mes frères et sœurs.
Je finis d'ajuster ma tenue de scène, mon maquillage, ma coiffure. Tout est déjà parfait mais ça me calme de m'occuper les mains avec ces petits détails. Mon texte est étalé sur ma table sous le miroir. Je n'arrive pas à la lire. Entre deux retouches de fond de teint mes yeux parcourent les lignes sans que ma mémoire ne retienne plus rien. Cela ne me trouble pas. Je suis déjà troublée.
Le trac.
Commenter  J’apprécie          160
Je pensais, avec la séance de sport, que j'allais dormir comme un bébé. Et je suis là, à tourner dans mon lit, comme un ver de terre dans une assiette de piment.
Commenter  J’apprécie          140
En cas de dérapage, si l’enfant refuse de se plier à certaines règles ou, pis encore, en cas d’échec, la mère est immanquablement montrée du doigt. Aux yeux de tous, elle est l’unique fautive. Jamais le père ne sera mis en cause. Et lorsque la réussite de l’enfant est assurée, on félicite toujours le papa...
La sagesse de l’homme ruisselle sur l’ensemble de la famille, c’est comme une sorte de théorie familiale du ruissellement.
Commenter  J’apprécie          133
On croit souvent qu’on choisit sa vie, mais c’est la vie qui choisit et on suit.
Commenter  J’apprécie          130
La Francophonie, pour moi, signifie union, communion. Partage de valeurs peut être , partage de destins, sûrement. Elle permet pour moi de rassembler, de partager et de transmettre. Elle est un pont aux multiples directions qui permet à des gens très différents de se retrouver dans un même espace linguistique, qui est aussi un espace culturel, un espace de réflexions, un espace de échanges et de désirs.
Commenter  J’apprécie          120
Koupela est une petite ville qui s'est développée au fil du temps à partir d'un carrefour de plusieurs voies commerciales. Anciennement, des caravanes passaient par là. Elles ont été remplacées depuis longtemps par des centaines de camions à l'agonie qui véhiculent sur ces vieilles routes défoncées tous les produits manufacturés de la mondialisation.
P. 63
Commenter  J’apprécie          120
Et surtout madame Sankaké, gardez bien confiance dans l'administration judiciaire de votre pays, car si le chemin de la liberté est parfois tortueux, il arrive toujours à la justice.
Commenter  J’apprécie          120
Mon grand-père avait une grande maison dans laquelle il vivait avec ses deux femmes. Chacune avait sa chambre et celle de mon grand-père se trouvait au milieu des deux. Il y avait un long salon avec quelques meubles. Et dans la cour, chaque enfant, les demi-frères et demi-sœurs de maman, avait construit sa petite maison pour y vivre avec sa famille. De sorte que la vaste cour abritait une communauté familiale où il y avait toujours des bébés qui pleuraient, des enfants qui poursuivaient un ballon, des femmes qui s'activaient et des vieux qui discutaient, assis dans un coin, à l'ombre.
Commenter  J’apprécie          120
Ma chère, dans ce pays, les hommes sont souvent poussés par la misère ou par mauvais calcul à faire à peu près n’importe quoi. Et c’est vous les femmes qui permettez à notre « Zaka », à notre maison, de rester debout, droite et digne. J’en suis convaincu, c’est vous les femmes qui incarnez l’intégrité et le courage dont notre nation a besoin.

(Pocket, p. 77)
Commenter  J’apprécie          110
On l'appelait Qui-me-pousse parce qu'il raffolait d'une boisson très très alcoolisée, et quand il en buvait et qu'il était bourré, il titubait en avant et en arrière, tout en tanguant à droite puis à gauche, et en répétant sans arrêt : « Qui-me-pousse ? Qui-me-pousse ? »
(p. 110)
Commenter  J’apprécie          100
Vous ne pouvez pas imaginer le bonheur que me procure le fait d'être accrochée au dos de ma maman et de danser avec elle au rythme de ses mouvements. Je m'en souviens très bien. Et si j'avais oublié, il me suffirait d'observer n'importe quel bébé africain, fixé par un pagne au dos de sa mère, pour comprendre que ce bonheur est indescriptible. On dit que les premières femmes, dans les premiers temps de l'humanité, portaient leurs enfants sur leur dos et que cette première marche nomade rappelle à tous les bébés du monde ce mouvement perpétuel qui les rassure immédiatement quand ils pleurent.
P. 13
Commenter  J’apprécie          100
Ma mère comprit sans doute, à cet instant, qu'elle n'était pas le socle solide qu'elle croyait être, qui portait ses enfants à bout de bras, mais que c'était elle qui, en réalité, s'appuyait sur nous de tout son poids. Nous étions jeunes et fragiles, nous n'en étions pas moins les sept piliers qui lui fournissaient la force vitale et l'enthousiasme dont elle avait besoin pour se battre.

p 57
Commenter  J’apprécie          100
Mais elle ne pouvait pas faire face à un l'ouverture d'un nouveau front. Elle était comme un pompier sans répit qui, passant son temps à éteindre des départs de feux qui, si elle n'y prenait pas garde, menaçaient de reduire son monde en cendres.
p 57
Commenter  J’apprécie          100
Puis il y eut le coup d'Etat. Le président fut renversé par un jeune militaire. C'était la révolution. Thomas Sankara prit le pouvoir. Pour beaucoup ce fut une période de grands enthousiasmes. Mais pour au moins au tant de monde, ce fut aussi une période de grande inquiétude. Les médias étaient en effervescence, tous les jours on apprenait par la radio de papa de nouvelles purges, de nouveaux hommes politiques qui remplaçaient les anciens. Même si personne n'aimait les anciens, au moins on savait à quelle sauce ils nous mangeaient.
Commenter  J’apprécie          92
A partir de là, la justice suivit son cours immobile, au rythme imperceptible qui est ordinairement le sien. Institution lourde et grasse, paralysée par l'orgueil cumulé de tous les notables qu'elle produit et qu'elle abrite, elle restait sourde et aveugle aux souffrances que l'emprisonnement de papa nous infligeait.
P. 37
Commenter  J’apprécie          80



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Roukiata Ouedraogo (386)Voir plus

Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11161 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur cet auteur

{* *}