Tout a été construit dans nos têtes pour gagner vite. Et sur cette route, le pèlerin gagne quoi ? C'est là l'inquiétude intérieure de l'entourage. L'acte gratuit du routard remet au premier plan des valeurs, comme la conscience, la transcendance, la foi, la quête du bonheur pacifique, la sagesse. Mais, il faut en payer le prix par une désappropriation de sa route quotidienne, la souffrance du corps, l'inattendu des autres, le dépassement de soi. Au fil des jours, la route reconstruit l'homme et l'unifie en un pèlerin. Il acquiert une force qui n'a point de prix. Elle est enviée.
Si un jour vous avez tout perdu, même votre rêve le plus secret, levez votre regard vers les étoiles. L'espérance y scintille toujours, surtout dans les nuits les plus noires.
Les Eglises s'essoufflent, occupées toutes à se renouveler et à guerroyer entre le tout ancien et le tout nouveau. Les hommes veulent un horizon, on leur offre des querelles de boutique.
Le pèlerin doit abandonner toute notion d'organigramme, roulement, rendement. Il doit se dessaisir du temps, ou vivre avec, comme un otage. Car le temps est toujours hors de notre possession. Passé, il vous remplit mais n'est plus; futur, vous l'imaginez mais il n'existe pas encore en vous. Le marcheur vit avec lui sans l'atteindre.
Durant des siècles, marcher était une école d'indépendance face à toutes les servitudes. On échappait aux corvées, aux seigneurs, à la justice (...) Les croyants découvraient leur autonomie dans la prière, échappant en partie au cléricalisme institutionnel. Mais sur ce chemin aucun n'échappe à Dieu. Tous sont appelés à la sainteté.
L'érosion (au sein de l'Eglise catholique) se poursuivra en Espagne comme en France à moins que la qualité des communautés chrétiennes n'insuffle un courant de foi joyeuse, de fraternité ouverte, de solidarité à l'universel. Les ghettos religieux de droite ou de gauche portent bien leurs noms: ils s'enferment!
Je rêve parfois d'un monde où les hommes avanceraient à vitesse réduite. Une route où l'on prendrait le temps de se parler et d'écouter ceux qui se tiennent distancés sur le bord du progrès et du développement. Oui, pour quelques-uns qui foncent, les autres piétinent sur les bas-côtés de l'autoroute moderne.
Arrivé à ce point de la route, une conviction se forge: de même que la route est le lieu de passage de tous les hommes, sans distinction de classe ni de race, ainsi tous, nous sommes appelés aux mêmes droits et aux mêmes devoirs envers l'humanité. La route s'offre à nous comme lieu d'expérience de l'égalité.
Arrivé à ce point de la route, une conviction se forge: de même que la route est le lieu de passage de tous les hommes, sans distinction de classe ni de race, ainsi tous, nous sommes appelés aux mêmes droits et aux mêmes devoirs envers l'humanité. La route s'offre à nous comme lieu d'expérience de l'égalité.
Celui qui sépare l'Eucharistie, du service du prochain ne peut être un disciple du Christ. J'ai vu souvent les gens de bien se mettre plus facilement à genoux que se lever de leur chaise pour un service attendu. Cette séparation dans le vécu chrétien a fait un tort considérable aux catholiques.