C'est en cherchant des livres sur le Chemin que je suis tombé par hasard sur ce livre magnifique écrit en 1979 ! A l'époque, le pèlerinage vers la pointe nord-ouest de l'Espagne n'était pas encore aussi populaire.
Mais, il en aurait fallu bien plus pour désarmer l'intrépide Vendéen
Serge Grandais. Non seulement il décide de partir de Paris Porte d'Orléans, mais en plus il se résout à le faire un sept mars ! Sans matériel de camping hormis un duvet, avec très peu de moyens financiers, il choisit d'abord de rejoindre Vézelay histoire de voir s'il tient le coup avant d'envisager de poursuivre vers le Sud-Ouest et les Pyrénées.
L'auteur n'explique pas les raisons de son départ. Tout juste avoue-t-il avoir pris six mois sabbatiques pour faire le point en lui-même. Il faut préciser ici qu'à la fin des années 1970, il n'existait pas de chemin pédestre balisé destiné aux pèlerins de Compostelle. Notre trentenaire bricole ainsi son itinéraire au gré des nationales et des départementales déjà bien chargées à l'époque.
Bravant le froid et la pluie, il dort trois nuits sur quatre à la belle étoile, au fond d'un fossé ou près du lavoir communal. Malgré son pédigrée de Frère de Saint-Vincent de Paul, il ne peut pas compter — c'est un euphémisme — sur l'accueil des curés et des paroissiens qu'il croise sur sa route. Un soir, alors qu'il assiste à une messe, fourbu et crotté par les éclaboussures des automobilistes qu'il a stoïquement supportés toute la journée, il se dit qu'étant donné la tempête qui se prépare dehors, une âme charitable va lui proposer au moins sa grange pour bivouaquer. Mais, contre toute attente, il n'en est rien. Curé et paroissiens font semblant de ne pas l'apercevoir et rentrent tranquillement se mettre au chaud !
Touchant de candeur, il est tout d'abord très étonné par la méfiance ou dans le meilleur des cas l'indifférence que suscite son pèlerinage. Mais, peu à peu il s'y habitue et trouve dans la prière régulière et sincère une certaine consolation. Pourtant, il n'avait pas encore entièrement testé la médiocrité et la bêtise qui caractérisait certains de ses compatriotes campagnards de l'époque. Je ne vous en dis pas plus...
Définitivement en avance sur son temps,
Serge Grandais parvient malgré tout à porter un regard lucide et bienveillant sur son siècle : « Nous préparons, à la prochaine génération, des choix douloureux en matière d'environnement, de consommation, de qualité de vie, d'entraide. » Quarante ans plus tard, on ne saurait lui donner tort !
Au final, un témoignage courageux sur la réalité du Chemin de Compostelle, écartelé entre tradition et modernité, entre fantasmes et vécu. le tout émaillé de considérations philosophiques profondes sans être lourdes, sincères sans être culpabilisantes. Merci Serge pour ta spontanéité et la pureté de ton coeur.
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