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Citation de enkidu_


Je n’évoquerai ici que pour mémoire le lâ illah illa’Llâh – « Il n’y a de dieu qu’Allah » – qui, axiomatiquement, commence par supprimer de manière catégorique toute probabilité de divinisation parallèle, en extrayant de la seule négation répétitive la confirmation d’Allah, et comme sa « fondation » absolue. L’Être, ressourcé dans l’affirmation qu’il est impartageable, rejaillit de ce ressourcement de façon plus inaltérable encore. C’est à dessein que j’emploie le mot de « ressourcement » qui traduit, au sens figuré, la plongée sans cesse renouvelée du principe dans sa permanence. Mais on voit bien qu’il ne s’agit pas d’exprimer un principe de nature logique, mais bien plutôt tel principe existentiel dont nous ignorons tout sauf qu’il nous constitue, de sorte que son éclipse provoquerait notre propre effondrement comme ce souffle en nous qui, s’il venait à s’arrêter, mettrait fin à notre durée. D’ailleurs le mot Allah lui-même – Allahou, le hou, le h – n’est-il pas, au point de la respiration, le souffle, ce Souffle qui, à l’ensemble des créatures, fut, pour qu’elles fussent, insufflé ?

La force de l’Islam est en ceci : qu’il est respiratoire et que le Coran lui-même, qui est le livre de l’Islam, n’est pas livre fait uniquement pour être considéré avec les yeux, mais qu’il est, ce livre, clavier pour une récitation – le mot Qur’an signifiant précisément lecture. Lecture, essentiellement, est l’invocation incantatoire de la parole de Dieu, l’acte mimétique de cette parole créatrice réinventant peut-être, à hauteur d’homme, la totalité de l’espace sonore, de l’espace tout court, en ses connues et ses inconnues.
(…)
Certains mystiques porteront plus loin que la vocalisation de la parole la nécessité de vivre existentiellement cette parole : ils pratiqueront la danse sacrée par quoi, au-delà de tout symbolisme cosmique, ils témoigneront en une gesticulation appropriée de leur épanouissement dans l’Esprit – le corps devenant ainsi l’interpellé vivant, et déployé, et ivre d’une joie, de l’immense interpellation dont il est lui-même la cible et l’écho. On le voit d’évidence : le Principe du monde, tel qu’il se trouve ainsi perçu et vécu, n’a rien de commun avec le Dieu des philosophes, lesquels ne dansent guère. (pp. 274-276)
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