Palestiniens en exil
Nous sommes un peuple qui n'a pas eu le temps de se distraire, nous avons vécu une suite de tragédies, nos familles ont été séparées, nous avons vécu loin de chez nous, nous avons toujours subi une oppression morale et physique qui nous a empêchés d'apprendre à être heureux, à passer une soirée simple et insouciante. C'est un trait commun à toute la population palestinienne en exil : nous ne savons pas nous divertir.
Dialogue avec Dieu
Le comportement de ma mère, qui dialoguait avec Dieu, lui appartenait en propre, lui était particulier, n'était pas une caractéristique de l'Islam. Même si on dit que dans l'Islam, le rapport avec Dieu est direct, puisqu'il de passe de l'intermédiaire du prêtre, il ne consiste que dans la lecture du Coran ou la répétition par cœur de ses versets : l'habitude de ma mère de dialoguer, de discuter avec Dieu ne faisait partie d'aucune religion, car la religion dit : "un et un font deux" et on doit continuer à répéter "un et un font deux" sans avoir le droit de répliquer. Ma mère, au contraire, bien qu'elle n'ait pas fait d'études, avait une mentalité ouverte, novatrice, et sa religion n'était ni aveugle ni rigide.
Au Koweït
Porter l'abbaya (le nikab) pour sortir de chez soi était une tradition, une obligation sociale, une loi à laquelle aucune femme ne pouvait se soustraire, même si elle était étrangère. Au début je trouvai difficile de m'y habituer. Puis je découvris que c'était un costume très pratique. Il protégeait du vent de sable qui irrite les yeux, il m'évitait de me brûler quand je montais dans une voiture surchauffée par le soleil. Il était ample et l'air pouvait circuler à l'intérieur. Les hommes aussi portaient d'amples vêtements blancs, sans ceinture. Avant d'être un usage religieux, c'était une façon de s'adapter au climat.
Je me rappelle le camp de réfugiés près de chez nous : on voyait des jeunes qui passaient la nuit dehors, abrités d'une simple couverture, à étudier sous les lampadaires, parce que chez eux, il n'y avait ni place, ni éclairage. Étudier était pour eux comme un morceau de terre, cela offrait protection et sécurité. Tous, vraiment tous, étudiaient et y tenaient particulièrement. C'était tout ce qui leur restait, maintenant qu'ils avaient tout perdu
Chez nous les oliviers ne sont pas seulement des arbres, ils ont aussi des noms, presque chaque arbre à son nom, lié à l'histoire des familles, des personnes, des choses, des lieux. J'étais fascinée par l'attachement des partisans palestiniens à la terre, par leur amour fou pour la Palestine