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3.25/5 (sur 4 notes)

Biographie :

Samuel Baudry est maître de conférences en littérature britannique du XVIIIe et du XIXe siècles. Il est rattaché à l'IHRIM (Institut d'histoire des représentations et des idées dans les modernités) de l'Université Lumière Lyon 2.

Source : Editions PUL
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D'où vient la critique littéraire ? À quoi sert-elle ? Aujourd'hui, quelle place occupe-t-elle encore ? On en discute avec nos invités, l'essayiste et romancière Cécile Guilbert, la journaliste Gladys Marivat et l'historien de la littérature Samuel Baudry. #littérature #critique #livres ____________ Découvrez tous les invités des Matins de France Culture ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins-d-ete Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les effets positifs de ce dispositif, qui encourage l’engagement du lecteur autour de problèmes psychologiques, sociaux ou éthiques complexes et qui facilite la construction de sa personnalité et de ses opinions – en particulier lorsque certains aspects de celles-ci, politiques, sexuels, religieux, sont problématiques au sein de sa société -, ont été largement soulignés, mais on peut aussi y voir une dangereuse dérive moralisatrice. Ce tournant éthique des discours métalittéraires, qui jugent les œuvres selon leur conformité aux préoccupations identitaires, morales ou sociales du critique, peut être considéré comme une chance : par la dialogue, par la confrontation d’opinions contraires et par leurs tentatives de dépasser leurs préjugés, les lecteurs apprennent les uns des autres. Il peut aussi être considéré comme responsable d’une nouvelle forme de censure, qui tente de supprimer les voix discordantes, cataloguées comme nocives pour la société.
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(…) le philosophe et linguiste Wilhelm von Humboldt ébaucha une théorie constructiviste du langage, qui en renforça à la fois la centralité et les limitations. Il défendit l’hypothèse que chaque langue détermine une vision du monde, qu’elle construit la réalité dans laquelle nous vivons. Les différents mots utilisés par les différentes langues ne sont pas de simples moyens d’exprimer différemment le même objet ; ces mots déterminent la perception de leurs objets. Les langues ne reflètent pas le monde, elles en expriment des conceptions distinctes. Apprendre une autre langue, c’est apprendre à penser autrement. La poésie, qui est une transformation du langage ordinaire, est également une transformation de notre manière de percevoir la réalité.
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Dans toute l’Europe, un genre en particulier, le roman, concentra les débats sur la marchandisation du livre et l’émergence d’un nouveau lectorat. On lui reprochait des publications en nombre excessif, des ouvrages souvent sans qualité, voire pernicieux, et on s’inquiétait de la fureur de lire d’un public incapable de les choisir avec goût et de les lire avec sagesse. La plupart des romans devaient être évités, car ils étaient considérés comme impertinents, ennuyeux ou obscènes. Et même lorsqu’ils n’étaient pas dangereux, ils étaient souvent sans originalité, de simples produits manufacturés presque automatiquement, que les lecteurs ignares admiraient parce qu’ils leur rappelaient d’autres romans similaires qu’ils avaient déjà lus.
Ces craintes, régulièrement exprimées dans les essais, les sermons, les préfaces et les revues elles-mêmes, étaient démultipliées lorsque l’on évoquait les lectrices. La psychologie d’alors leur prêtait une plus grande sensibilité, une plus intense imagination ; elles étaient plus facilement séduites par leurs lectures, en tiraient plus vite des aspirations sociales inadéquates, des désirs inappropriés. Il fallait être particulièrement vigilant afin que les livres qui tombaient entre leurs mains ne les pervertissent pas. Des craintes similaires existaient envers les lecteurs encore jeunes : les romans risquaient de les conduire à la débauche, de les dégoûter de l’effort et du travail, de leur faire préférer les mondes de l’imaginaire à la réalité. Quant aux lecteurs ouvriers, masculins ou féminins, les romans leur faisaient perdre du temps et les encourageaient à la fainéantise. Tous ces dangers, soulignés, on l’a dit, par les revues elles-mêmes, pouvaient être évités si ces lecteurs étaient guidés – également par les revues ! - vers des livres édifiants.
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Les frontières entre cultures savantes et cultures destinées au grand public, entre littératures canoniques et littératures populaires, ne sont plus, dans cette perspective, fondées sur les qualités intrinsèques des œuvres, mais plutôt sur les pratiques des lecteurs et des commentateurs : d’un côté, l’approche légitime des textes, esthétique, formaliste et prétendument atemporelle, qui postulait une impossibilité de séparer la forme du fond, qui imposait une distance émotionnelle, qui valorisait la gratuité de l’engagement ; de l’autre, l’approche personnelle et contextualisée, qui recherche dans les textes des réponses à ses problèmes, à ses interrogations.
C’est à cette double reconsidération que ce désenchantement nous conduit : du canon littéraire et de l’usage de la littérature. Les textes dignes d’une étude poussée ne sont plus seulement ceux que le canon universitaire avait retenus, mais ils peuvent être choisis dans tout l’éventail que chaque époque a produit, du plus vulgaire au plus mystique, du plus formel au plus oralisé, du plus confidentiel au plus commun. En même temps les usages académiques traditionnels sont remis en question et d’autres sont valorisés (comme lire dans le but de comprendre ce que l’on est, ce que l’on ressent ou afin d’y trouver des outils d’analyse de la société). Ces transformations ont été accélérées par la diffusion des outils informatiques. Dans cette réévaluation à la fois des objets dignes de l’attention de la critique et des usages de cette critique, on peut voir une fin, une mort, un adieu – la littérature est remplacée par un objet commercial, le livre, dans lequel les lecteurs cherchent des recettes utilitaires ou la confirmation de leur statut victimaire ; on peut aussi la voir comme une démocratisation : la littérature (re)sort de l’université et peut (à nouveau) changer le monde.
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Les historiens de la littérature ne se contentèrent cependant pas de décrire les périodes et leur littérature spécifique. Ils cherchèrent également à dévoiler, à théoriser les liens qui unissaient le contexte et les œuvres ; à montrer le rapport qui existait entre la littérature et les institutions sociales de chaque siècle et de chaque pays. (…)
Ce dispositif explicatif privilégiait les ressemblances entre des œuvres et des auteurs différents appartenant à la même époque. Il faisait ressortir les processus imaginatifs, les traits stylistiques communs, plutôt que les spécificités. Il révélait l’esprit des lieux et des époques plutôt que les génies inclassables. En expliquant les similitudes entre les œuvres d’une même époque sans distinguer entre leurs qualités, incluant les chefs-d’oeuvre réputés et les œuvres mineures jusqu’alors ignorées, il allait à l’encontre de l’individualité, il gommait les singularités dont le discours romantique s’était fait le porte-parole. Le dispositif niait que la création fût une expérience transcendante, mystique ou spirituelle, car il proposait une tentative d’explication mécaniste, que les causes en soient sociales ou matérielles. (…)
Le procédé fonctionnait dans les deux directions : la société expliquait les œuvres et les œuvres permettaient de reconstruire la société.
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(…) ce langage, bien souvent, peut-être même la plupart du temps, échoue dans sa tâche de communication : il frustre nos intentions, il dit soit moins, soit plus que ce que nous voulions, il est confus et irrationnel. Et c’est précisément parce que l’expression de ses pensées et de la vérité est limitée par le langage ordinaire qu’il faut passer par un langage poétique, car celui-ci revendique sa confusion et son irrationalité, accepte de composer avec elles. Lorsqu’on ne peut s’exprimer clairement, il faut s’exprimer poétiquement. La poésie se saisirait alors des restrictions du langage, les dépasserait pour exprimer les vérités les plus originales et les plus importantes. Avec les tenants du Romantisme, le langage poétique – imaginatif, contradictoire, ambigu – pouvait prétendre à une efficacité cognitive supérieure à celles des discours savants, scientifiques, prétendument logiques et raisonnables. Il nous plongerait dans des états mentaux inédits, nous révélerait des connaissances supérieures, nous apporterait un savoir qui se dérobe aux sciences.
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Depuis les mouvements de contestation à la fin des années 1960 et, à leur suite, l’ouverture aux études supérieures pour la majorité d’une classe d’âge (dans certains pays, tout au moins), jusqu’à la notion de « wokisme » aujourd’hui et à la littérature sur Internet (youtubeur, fanfiction, etc.), l’extension, la finalité, la légitimité de la littérature et de la critique, telles qu’elles se pratiquaient depuis des siècles, sont de plus en plus difficiles à justifier. Pour certains, nous sommes entrés dans le monde de l’« après-littérature » : au lieu de l’étude respectueuse d’oeuvres canoniques, aux valeurs esthétiques, intellectuelles ou morales reconnues, on s’abandonne à des confessions autocentrées et arbitraires à propos de textes sans valeur. Mais cette crise de la discipline peut, à l’inverse, être perçue comme une salutaire ouverture à des œuvres et à des auteurs qui étaient jusqu’alors exclus.
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Cette prescription horizontale peut être perçue comme une démocratisation attendue et nécessaire qui libère enfin les lecteurs de la dictature du prétendu « bon goût » que les institutions scolaires, universitaires, académiques, journalistiques et les jurys de prix leur avaient imposée. Elle a aussi fait naître de nombreuses craintes. Le noble amateur pourrait se transformer lui aussi en dictateur, monopolisant l’espace des débats, uniquement motivé par ses goûts puérils ou par des incitations commerciales, et sans les garanties culturelles de ses savants prédécesseurs.
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Entre le 1er janvier et le 30 avril 2021, le moteur de recherche Google Scholar recense 1 340 articles universitaires publiés en ligne qui incluent une référence à Hamlet de William Shakespeare. Parmi eux, 31 traitent spécifiquement de la pièce. Un survol de ces textes permet d’en fixer la longueur moyenne à 5 000 mots, soit 155 000 mots environ en quatre mois. La pièce elle-même, la plus longue du répertoire shakespearien, comporte moins de 30 000 mots. Chaque mois, le nombre de mots mis en ligne autour de Hamlet excède largement le nombre de mots de la pièce.
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Le noble amateur pourrait se transformer lui aussi en dictateur, monopolisant l’espace des débats, uniquement motivé par ses goûts puérils ou par des incitations commerciales, et sans les garanties culturelles de ses savants prédécesseurs.
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