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Citation de StCyr


StCyr
26 novembre 2014
Voici donc ce que j'appris. Dans ce pays, si un homme tombe malade ou contracte une maladie quelconque, ou s'affaiblit physiquement d'une manière quelconque avant soixante-dix ans, il comparaît devant un jury composé de ses concitoyens, et s'il est reconnu coupable il est noté d'infamie et condamné plus ou moins sévèrement selon les cas. Les maladies sont classées en crimes et délits comme les violations de la loi chez nous : on est puni très sévèrement pour une maladie grave, tandis que l'affaiblissement de la vue ou de l'ouïe quand on a plus de soixante-cinq ans et qu'on s'est toujours bien porté jusque-là, n'est sujet qu'à une amende ou, à défaut de paiement, à la prison.

Mais si un homme contrefait un chèque ou met volontairement le feu à sa maison, ou s'il vole avec effraction, ou s'il commet toute autre action qui est considérée comme un crime chez nous, dans tous ces cas, ou bien il est mis à l'hôpital et très bien soigné aux frais du public, ou bien, s'il en a les moyens, il fait savoir à ses amis qu'il vient d'être pris d'un violent accès d'immoralité, exactement comme nous faisons quand nous sommes malades, et alors ses amis viennent le voir, pleins de sollicitude, et lui demandent avec intérêt comment cela l'a pris, quels ont été les premiers symptômes, et ainsi de suite, questions auxquelles il répond avec une entière franchise ; car une mauvaise conduite, bien que regardée comme quelque chose d'aussi digne de pitié que la maladie l'est pour nous, et comme l'indication certaine d un dérangement grave chez la personne qui se conduit mal, est pourtant considérée uniquement comme le résultat d une malchance antérieure ou postérieure à la naissance.

Mais le plus étrange de cette affaire c'est que, tout en attribuant les fautes morales à de la malchance soit dans le tempérament qu'on a, soit dans le milieu où on a été élevé, ils refusent d'admettre la malchance comme circonstance atténuante dans certains cas qui en Angleterre n'éveilleraient que de la sympathie ou de la pitié. Tout espèce de guignon, ou même le fait d'avoir été victime d'autrui, est considéré comme une faute contre la société, attendu que ces choses mettent mal à leur aise les personnes qui en entendent parler. Ainsi donc, le fait de perdre sa fortune, ou de perdre un ami très cher qui vous rendait de grands services, est puni presque aussi sévèrement qu'un délit physique.
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