Avec les développement des technologies d'interaction virtuelle, assorties de dispositifs de "réalité augmentée" - formule cynique pour désigner la plus complète perte de réalité - le scénario dystopique d'une vie sociale entièrement vécue dans la séparation, dans laquelle on ne connaît de vie sociale que par la médiation de l'image, s'approche à grande vitesse.
La pandémie accélère ce processus et met à l'épreuve une telle forme de vie.
Les fanfaronnades sur la diminution relative de la pauvreté absolue dans le monde ne parviennent plus à masquer l'expropriation accélérée de tous les moyens de subsistance des dernières populations qui étaient partiellement indépendantes de la logique marchande. Elles continuent à venir grossir de leur misère les agglomérations urbaines monstrueuses, à la recherche d'expédients de survie. C'est chaque parcelle de cette planète qui doit tomber aux mains du capital et fabriquer une humanité "élevée au biberon" du capital, c'est à dire privée des moyens de subvenir à ses propres besoins, utilisée puis rejetée comme simple déchet humain de la valorisation.
Aujourd'hui, chaque nouvelle génération d'artefact technologique doit impitoyablement balayer la précédente, et ce à l'échelle planétaire. La technologie suit un mouvement autonome qui n'est autre que le reflet de la dynamique du capital lui-même. Comment expliquer qu'elle continue à jouir d'une aura d'émancipation qu'elle n'a pourtant jamais été ?
Dans ce contexte, affirmer le caractère "contre-insurrectionnel" des mesures de contrôle de la population ne relève pas nécessairement d'une théorie de la conspiration (...). Si les États n'ont pas pu prévoir la pandémie, il est en revanche sûr qu'ils avaient déjà des stratégies toutes prêtes pour profiter d'une période de troubles.
La composition organique du capital peut varier grandement d’une époque à l’autre et d’une région à l’autre, mais la tendance absolue est à l’épuisement de toutes les sources d’énergie, de manière soit additionnée, soit successive. Le capital n’a de préférence que pour la source d’énergie la moins coûteuse à tel moment de sa trajectoire historique.
L’agent du « discours capitaliste » se croit délivré de toute dépendance ; c’est quasiment un non-discours, puisqu’il ne s’adresse à personne. Il n’a pas besoin de sortir de sa propre tautologie.
l’analyste. Il n’est pas là pour édifier, enseigner, prescrire, conseiller, réconforter ou satisfaire : ce n’est pas son but. Mais il doit tout à fait intervenir avec une très large gamme de créativité, afin que le processus d’analyse puisse avoir lieu. Le psychanalyste est bien sûr lui aussi un sujet divisé ; la place d’agent dans le schéma du « discours de l’analyste » ne définit qu’une position en fonction et non pas du tout l’être du psychanalyste. Elle est ni plus ni moins créative et ni plus ni moins rigide que celle d’un musicien ou d’un menuisier quand il est en train de faire de la musique ou de la menuiserie ! Cette position peut devenir cynique et ravageuse si le psychanalyste se prend au jeu de sa position et se transforme en citadelle arrogante.
« Faire de la théorie » a aussi des effets. On n’est plus tout à fait le même au bout d’un tel parcours qu’au début ; la théorie est en ce sens dotée d’une effectivité intrinsèque, mais c’est une effectivité qui n’est pas « mesurable » sur une échelle d’efficacité, soit au sens économique du terme. Cette approche de la théorie dément son exercice bourgeois, à savoir une occupation confortable et rémunérée que certains peuvent exercer pendant que d’autres s’occupent des tâches matérielles de reproduction. Elle est au contraire une nécessité dictée par l’accumulation des crises et des impasses ; une nécessité de comprendre ce qui nous arrive, qui n’a rien d’un luxe intellectuel et qui n’est pas en soi réservée à une classe éduquée.
Avec la pandémie du Covid-19, un facteur de crise inattendu est apparu - l'essentiel n'est pourtant pas le virus, mais la société qui le reçoit. Que ce soit l'insuffisance des structures de santé frappées par les coupes budgétaires ou le rôle possible de la déforestation et de l'agriculture industrialisée dans la genèse de nouveaux virus d'origine animale, que ce soit le darwinisme social incroyable qui propose (et pas seulement dans les pays anglo-saxons) de sacrifier les "inutiles" à l'économie ou la tentation pour les États de déployer leurs arsenaux de surveillance : le virus jette une lumière crue sur les coins sombres de la société.
Beaucoup d´entre nous ont maintenant le sentiment que ça ne finira jamais, que nous serons toujours plus accablés de mesures toujours plus intrusives qui semblent justifiées par des raisons supérieures – comme notre santé et notre sécurité – mais qui en fait cachent la réalité beaucoup plus sordide d´un monde qui met tout, absolument tout, en œuvre pour garder le même cap, quoi qu´il en coûte. On se prépare déjà à la prochaine vague ou à la prochaine pandémie, comme si c´était devenu notre nouvelle réalité, pourvu seulement que les chaînes de production tournent à plein tube.