Il viendra ce jour où j’irai là-bas ? Même si je ne sais pas si j’en reviendrai. Il viendra ce jour où je comprendrai ce qui nous a séparés.
Mourir pour un ciel neuf, serait-ce rassembler serein-courage et blanc désespoir ?
En cet instant, je crois au soleil. À son disque de feu irradiant le port de Marseille. Il est onze heures trente. Dans le bleu implacable du ciel, deux mouettes se suivent, en cercles concentriques. Les oiseaux tournent, et nous autres tournons à notre façon. Aujourd’hui, en ce jour d’août de l’an 2000, je m’en vais sur la terre paternelle. Ce pays que je n’ai jamais vu. Destination Alger. L’île aux mouettes, disait-on jadis. Alger, deuxième baie du monde. Il fait incroyablement lourd sur le port. Les gens, cernés de bagages en tout genre, s’entassent sur ce tronçon de quai. J’étouffe dans ma longue robe noire. Nous attendons ici l’ouverture des portes du bateau. Ça doit faire maintenant au moins trois quarts d’heure, et ma robe me colle à la peau. Mais je prends mon mal en patience. Je regarde alentour, avec l’œil du nouveau-né. Les lettres se détachent sur la coque blanche du paquebot : Tarik. Tarik signifie route, m’a-t-on dit.
« N’oublie pas que tu fus étranger, accueille l’errant »
Le processus du mental-cases-mémoire-altérée s’enraye
comme on édifie le sombre bûcher de la pourriture