" Tu veux savoir ce que Nasrin fait, quand elle vient ici, et qui me fait tant de bien"?
Quelle surprise ce sera pour lui que d'apprendre que sa fìlle est une ennemie de l'Ėtat, une ratée, une aberration aux yeux de Dieu .
"Elle t'écoute ? "
La colére m'abandonne instantanément, Il semble tellement innocent , comme un agneau sur le point d'être sacrifié pour la fin du ramadan ..."
Je n'ai pas encore tout mis au point, mais s'il existe un moyen que Nasrin et moi soyons réunies, je suis prête à tout.
'' On n'est pas homos, on est juste amoureuses.''
Les photos des ayatollahs sont partout: au centre commercial, dans les entreprises, les restaurants, les parcs, sur l'autoroute... Quand j'embrasse Nasrin, j'ai l'impression qu'ils m'observent. Je ne sais pas si c'est pour donner aux citoyens un sentiment de fierté ou pour nous maintenir en alerte et nous ôter l'envie de remettre notre gouvernement en question. Je vois Khomeini comme mon "Papi Furax" et Khameini, le Guide suprême actuel, comme mon "Papi Dépité". Quand il m'arrive de penser à Nasrin en public ou en cours, je sens leur regard sur moi. C'est Papi Furax qui est le plus intransigeant. Il fronce les sourcils, comme pour me dire qu'il voit clair dans mon petit jeu de dégénérée.
« Je te demande pardon, me dit-elle d’une petite voix.
- Pardon pour quoi ? Laisse-moi entrer. »
Je commence à m’inquiéter. Au bout de ce qui paraît une éternité, NAsrin ouvre la porte. Elle se mord la lèvre inférieure et m’attire vers elle pour me prendre les mains, qu’elle serre fort. Quel que soit le motif de son inquiétude, ce doit être sérieux. Elle met en marche le sèche-cheveux pour couvrir nos voix. La conversation sera donc privée.
« Sahar … tu m’aimeras toujours, pas vrai ?
-Bien sûr. C’est comme ça depuis qu’on est petites, je ne vois pas pourquoi ça changerait.
-Tout va changer. Ce soir. »
Elle contemple nos deux mains enlacées. Si je le pouvais, je resterais ainsi pour toujours.
Mais c’est impossible. Alors je lâche sa main. Je l’aime, et je dois lâcher prise
Non, moi je ne crois pas que ça disparaisse. En tout cas pas pour moi, je le sais. Je veillerai à rester occupée, à me distraire. Et il finira peut-être par y avoir des jours où je respirerai librement. Je saurai que Nasrin existe, et même qu'elle est sans doute heureuse, et j'irai bien. J'enterrerai mon amour, mais jamais il ne mourra.
Je me suis toujours sentie idiote de devoir me couvrir la tête, mais je respecte qu'une femme décide de le faire, du moment qu'il s'agit de son choix à elle. Ce ne devrait pas être à un homme ou à un gouvernement de lui dicter sa conduite.
Mais c'est impossible. Alors je lâche sa main. Je l'aime, et je dois lâcher prise.
Je pensais qu'étant toi-même différente, tu compatirais peut-être avec d'autres gens différents.