Apprends à apprécier ta propre compagnie et tu redécouvriras le monde sous un nouvel angle.
J'ai vraiment du mal à la cerner et au fond de moi, je sais que Grace n'est rien d'autre qu'une grenade dégoupillée. Tôt ou tard, elle finira par exploser et si je suis trop près, elle risque de m'anéantir.
L'instant est magique, comme si le temps lui-même se figeait pour laisser place à la communion entre l'homme et la nature.
Même si on peut aimer les jours d'averses, apprécier le rythme du bruit des larmes du ciel qui tambourinent sur les vitres, personne ne peut dire que cette ambiance grise et taciturne donne envie de rire aux éclats. Qu'il bruine, crache ou que des torrents se déversent, c'est souvent la nostalgie et la mélancolie qui s'invitent au spectacle.
Même si je n'en montre rien, j'aime rentrer et te voir assise au bar ou à la table de la cuisine. J'aime te voir mâchouiller le bout de ce crayon quand tu es concentrée sur ton travail. J'aime toutes tes maladresses quand tu essayes de faire des choses élémentaires, comme cuisiner ou faire une lessive. J'aime ta franchise parfois brutale. J'aime ta naiveté qui tranche avec ta grande intelligence. J'aime ta force, mais aussi tes faiblesses. Alors, je ten prie, reste encore un peu.
Les promesses sont futiles. Elles font plus de mal que de bien. Il faut toujours les utiliser avec parcimonie. Ne le faire que lorsque l’on est absolument sûr et certain que nous pourrons les tenir
Voyant qu'elle me tend la main, je la saisis. Sa peau est douce. Tant pis pour les valises, au moins, maintenant, elles sont sur le porche.
Marchant devant moi, elle m'entraîne vers les escaliers. À l'étage, elle me fait aller au bout du couloir non sans m'informer que la première porte à droite est la chambre de son père, celle d'en face, la sienne, que la porte du milieu est celle de la salle de bain et que la pièce qui se situe en face de la chambre de Griffin est pour moi.
Je rentre et découvre mon nouveau chez-moi. La pièce est chaleureuse : le sol est en parquet et les murs ont été peints dans un jaune pâle, offrant beaucoup de luminosité à la pièce. Les meubles sont tous en bois. J'ai l'impression qu'ils ont été faits à la main, je peux sentir leur odeur embaumer la pièce. Sur la droite se trouve une grande baie vitrée qui donne sur un balcon. En contrebas, on peut apercevoir une prairie verdoyante avec, au fond, la montagne. le paysage est magnifique. Je souris, conquise : je sens que je vais me plaire ici.
Appliqué, il vient faire sauter les boutons de ma robe un à un, du haut vers le bas, jusqu'à ce que mon corps soit dévoilé. Je ne suis pas grosse, mais je ne suis pas fine non plus. Les garçons laissent leurs yeux embrasser mes formes et moi, rouge de honte, je sens les larmes se mettre à rouler sur mes joues, puis jusqu'à mon menton. Dans le silence qui s'est installé, je pourrais presque croire que je les entends s'écraser sur le sol. En tout cas, leurs brûlures sur ma peau finissent d'allumer le brasier de mes souvenirs. Celui que j'avais réussi à éteindre en venant ici. Je ferme les yeux dans l'espoir que les images du passé disparaissent. Mais rien n'y fait. Les scènes se rejouent inlassablement, mes larmes continuent de perler pour rouler : elles connaissent le chemin par coeur.
Mon désarroi est grand. Tout aussi grand que mon incompréhension. Venir ici, dans le Montana, devait m'aider à oublier la perversité de certains hommes.
- Ou pas... Tu sais ce qu’on dit dans une région de France ? Répliquais-je en me tournant sur ma selle.
Il fronce les sourcils sceptique, en apercevant deux fossettes creuser mes joues.
Qu’il ne pleut que sur les cons ! m’esclaffé-je.
Moi, je suis con ? S’offusque-t-il
Ah, c'est pas moi qui le dit, c’est la pluie ! Mais entre nous... Oui, ça peut t’arriver, pouffé-je de plus belle.
Je mets un peu de temps à le reconnaître. Sa mâchoire carrée, ses cheveux blonds comme les blés, ses yeux bleus et sa peau hâlée... C'est bien Lawrence Williams, mon employeur. Je repense à notre appel Skype et à la pauvre image pixelisée à laquelle j'avais eu droit sur mon écran d'ordinateur... Il faut dire que la connexion Cévennes-Montana, ce n'est pas l'idéal.