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Critiques de Sean Murphy (244)
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Punk rock Jésus

Punk Rock Jésus est une merveille. Je sais, encore un superlatif utilisé pour tout et n’importe comment. N’empêche, c’est une putain de bombe !!! Boum…

Pêle-mêle vous y trouverez une charge réjouissante contre la télé réalité et ces dérives, ou cynisme, mensonges et manipulations sont monnaie courante pour satisfaire le Dieu Audimat, une réflexion sur la religion, et l’extrémisme religieux, sur la science et les manipulations génétiques. Ajoutez-y du suspense, de la violence, de l’amour et vous avez déjà les ingrédients pour faire un sacré cocktail. Encore faut-il doser le tout avec brio et finesse, c’est ce que fait magistralement Sean Murphy avec son roman graphique.

Chaque personnage possède assez d’épaisseur pour les rendre tantôt insupportables tantôt sympathiques. De Thomas garde du corps en quête de rédemption, à Gwen jeune femme détruite par la manipulation du producteur, du Dr Sarah Epstein scientifique lucide mais dépassée par le déferlement médiatique (le clonage de Jésus à partir de son ADN). Jésus lui- même en rébellion devant cette mascarade insupportable. Un scénario abouti, un graphique au diapason, Sean Murphy nous offre une réflexion sur notre époque inquiétante et lucide avec des questions qui dérangeront certains. En tout cas, impossible d’être insensible à ce travail en tout point remarquable. Punk Rock Jésus est une merveille, je vous dit !!!

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Punk rock Jésus

Cette critique sociale dans laquelle S. Murphy scénarise (et dessine) un monde régi par le fric et les médias nous ouvre les yeux et l'esprit... qui se révolte !



Ça me chatouillait bigrement de crucifier, tête en bas avec deux douzaine de gros clous, l'abjecte individu (évidemment) riche, influent et sans états d'âme, qui réalise le plus grand réality-show télévisuel du siècle en appâtant le populo avec un clone de Jésus-Christ ("graine" de JC, ponctionnée sur le suaire de Turin et implantée dans une jeune vierge blonde (!), embauchée et remodelée pour les circonstances).



J'ai jubilé quand JCII (rebaptisé Chris), après une jeunesse surprotégé sous "bulle" médiatisé et un endoctrinement chrétien à la sauce créationniste, se révolte enfin à l'âge de quinze ans ! Ça ne se fera pas sans un peu de pétage de plombs et les résultats sont pour le moins explosifs : les dessins en noir et blanc en témoignent.



Et alors mon coeur de femme a battu plus vite (que voulez-vous..."la chair est faible") pour le garde-du-corps de Chris : un ancien "soldat" de l'IRA qui croyait se battre pour ses croyances et qui, pétri à souhait par ses (faux) pairs, est devenu un homme introverti et taciturne, mais toujours fidèle à ses promesses...



Cet album est avant tout un anathème virulent (sans toutefois dépasser les limites) contre cet Amérique béni-oui-oui, facticement chrétien et pudibond dans laquelle le sens même de conviction religieuse est financièrement et honteusement exploitée jusqu'au bout.



Quant à moi... j'ai privilégié la lecture des relations humaines : je me suis énervée, j'ai exulté, je me suis sentie fondre, je me suis sentie vivre... à travers des sentiments contradictoires... et rien que pour cela cette BD (comics) est une totale réussite !
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Punk rock Jésus

Punk Rock Jesus : un comics très punk, très rock et très « Jesus ». Peut-on faire une introduction plus simpliste pour un opus aussi classe ? Sûrement pas, d’autant que si le pitch de départ semble être bateau, le traitement de Sean Murphy est, lui, particulièrement travaillé et approfondi.



Fruit d’un travail de dix ans et résultat de l’expérience engrangée par son auteur durant ce laps de temps, le roman graphique Punk Rock Jesus se veut adulte, assumé et surtout profond. Après une première lecture aussi tendue qu’excitante, le pari est réussi. Et on comprend, maintenant que nous avons le plaisir et l’honneur de le découvrir en VF, pourquoi nous avons entre les mains un des deux hits de l’année 2012 aux États-Unis, aux côtés de Saga, par Brian K. Vaughan et Fiona Staples.

Alors de quoi s’agit-il ici ? De notre propre société tout simplement : entre téléréalité, écologie hypocrite, politisation religieuse et économie capitaliste à outrance. L’élément déclencheur, le clonage du Christ via le fameux Suaire de Turin, vient bousculer ou conforter à l’extrême certaines de nos mauvaises habitudes, mais cela est surtout un point de convergence ultime de nombreuses contestations actuelles. Le récit parallèle sur l’Irlandais Thomas McKeal peut parfois être hors de propos, et pourtant tout cela se raccroche comme il faut, ou juste ce qu’il faut, quand arrive le dénouement.

Le raccourci peut être affreusement simpliste, une nouvelle fois, mais un clone de Jésus qui se nomme Chris et qui se lance dans une carrière de chanteur punk rock, c’est le coup de pied au cul métaphorique donné à la représentation actuelle du monde. Et ça fait véritablement du bien de lire ce genre de choses. Même si la culture punk et ses revendications ont beaucoup perdu de leur entrain ces dernières années, il est clair qu’un bout coup de pied dans la fourmilière nous remettrait sûrement les idées en place. Sean Murphy joue incroyablement bien sur cette corde sensible afin de retourner contre les religions, les médias et toute forme d’ « abrutissement des masses » leurs arguments souvent bien bidons ; les meilleurs moments tiennent sûrement à un triptyque simple et formateur : les pseudo-débats dans les médias, l’apprentissage de l’histoire des sciences et de la religion par le jeune Chris, et enfin ses revendications quand il s’affiche devant le monde entier. Nous retrouvons d’ailleurs ici l’aspect « jeunesse débridée » déjà bien présent dans Off Road qui paraîtra incroyablement bête pour certains peut-être, mais qui, pour moi, est l’étincelle nécessaire à chacun pour se lever tous les matins et affronter nos petits problèmes quotidiens.

Si l’ensemble de l’intrigue est prenante à souhait, le dessin de Sean Murphy ravira ses fans de toujours et pourrait largement convenir à de nouveaux adeptes du genre. Ses visages triangulaires sont particuliers et presque hargneux ; ses scènes d’action, malgré quelques cabrioles exagérées, sont dantesques de violence et d’atrocité ; quant au grisé habituel de son trait, il se fond, la plupart du temps, dans les mines décontenancées de ses personnages bien souvent pris en flagrant délit de tristesse. Point de couleurs ici, mais ce n’est pas pour autant un problème, car qu’aurait pu apporté la colorisation en plus : nous avons déjà toute la force du trait de l’auteur pour nous signifier combien chaque scène est prenante et combien le drame appelle encore et toujours le drame. Et si quelques scènes mineures auraient pu mériter certains détails supplémentaires, il va sans dire que Sean Murphy fait partie des meilleurs dessinateurs du moment.

D’une certaine façon, et d’un point de vue tout à fait personnel, nous avons là une version très punk, très revendicatrice, de L’Évangile de Jimmy, par Didier Van Cauwelaert qui m’avait tout autant touché. C’est avec ce type de comics que nous pouvons nous dire que les romans graphiques sont loin d’être morts (en comics, car en franco-belge, ils se portent déjà bien mieux de toute façon) et le fait qu’ils se lisent seuls, sans appartenir à une série, n’est pas un défaut, bien au contraire.



Un volume de grande classe donc, qui fait tant réfléchir sur la bêtise de nos civilisations qu’il nous faudrait bien plus de bandes dessinées de ce genre. L'intrigue comme les images résonneront dans votre esprit bien après la lecture...
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Off Road

Trois potes dans une jeep. Une balade tout terrain qui vire au cauchemar. Et voilà, il n’en faut guère plus à Sean Murphy pour nous embarqué avec ces trois loustics. On prend plaisir à les suivre, car si le scénario est épais comme une feuille de papier à musique, les dialogues eux sont percutants. Entre prise de tête, fous rires et rencontres fortuites, on découvre peu à peu les traits de caractères de nos héros. Et c’est ma foi bien vu. Petit bémol, en revanche concernant les dessins mais surtout le choix du noir et blanc, un peu de couleur aurait été à mon humble avis bienvenu. N’empêche bien avant l’excellent « Punk Rock Jésus », Murphy montrait déjà un sacré talent avec ce « Road Off ». Allez en route. Les chemins de traverse sont conseillés.
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Batman White Knight : Harley Quinn

L'univers de White Knight, appelé Murphyverse, est un DC alternatif dans lequel le Joker a réellement été guéri.



Ça peut sembler peu, comme uchronie, mais dans les (excellents) comics originaux, on voit Jack (le vrai nom du Joker), pris de culpabilité pour sa vie de crime, tenter de réparer ses torts. Il devient donc un bienfaiteur de Gotham, travaillant à diminuer la criminalité en sortant les gens de la pauvreté.



Et ça marche. Ce qui rend Batman presque fou.



Bref, on est ici quelques années plus tard. Jack est mort et Bruce Wayne est en prison, et Gotham n'a presque plus de criminalité.



Katana Collins nous offre une excellente histoire de Harley Quinn, qui décide d'enquêter sur un tueur en série, copycat du Joker, faisant son apparition.



Il s'agit ici de l'une des rares fois où Harley est écrite (plutôt que décrite) comme une personne réellement brillante. Comme la docteure en psychologie qu'elle est. Et ses connaissances en psychologie sont très utiles à l'histoire, puisqu'elle s'engage auprès du GCPD comme profileuse... et que la plupart des personnages sont... troublés.



Une autre originalité de ce comic c'est qu'on est au-delà de la Harley Quinn qui tente de se reconstruire après s'être débarrassée du Joker. On y est plutôt avec une Harley déjà reconstruite. Qui a remonté la pente. (Qui a bien d'autres problèmes mais qui ne sont pas tant reliés au Joker.)



J'espère que le reste de DC en arrivera là aussi éventuellement pour le personnage.
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Off Road

Les Urban Indies se multiplient chez Urban Comics et cet Off Road prend joliment place dans toute comicsothèque qui se veut éclectique et curieuse des dessinateurs en forme du moment.



Off Road est un comics en un volume unique datant de 2004. C’est l’occasion de découvrir une minisérie de chez IDW, pour changer un peu de Marvel et de DC Comics. Ce comics tout-terrain est avant tout l’œuvre de jeunesse de Sean Murphy par laquelle il a véritablement débuté, d’autant qu’il officie ici à la fois en tant que scénariste et en tant que dessinateur. Dans cet opus, il débute avec une histoire de jeunes croquant la vie à pleines dents et mettant leur amitié à rude épreuve au hasard d’une route tortueuse et d’un contexte sordide.

En effet, le scénario est clairement sans prise de tête, même si la réflexion sur l’existence et les questionnements de la jeunesse en déprime sont présents. De façon évidente, ce « road trip » en pleine forêt met en lumière de l’action pure en forme de défouloir : l’aventure en tout-terrain suit la force de cette jeunesse débridée n’en faisant qu’à sa tête et apprenant la vie aux dépens de ses erreurs. L’aspect débridé se retrouve également dans un humour déplacé mais suffisamment en accord avec le reste pour ne pas être trop lourd. Reconnaissons tout de même que sans que ce soit sa première profession, Sean Murphy réussit à faire passer un petit message sur la connerie des gens en général et sur l’importance de prendre sa vie en main en particulier.

Sean Murphy est évidemment dessinateur de profession, surtout. Le dessin qu’il nous offre est propre et actif ; cela donne envie de découvrir davantage Sean Murphy : American Vampire Legacy, tome 1, ainsi que Les Dossiers d’Hellblazer et Punk Rock Jesus ne sont pas là pour rien. Certaines planches ou simples cases sont encore un peu faciles ou peu utiles, mais l’ensemble de ce volume est quand même déjà très beau pour une œuvre de jeunesse. Le noir et blanc n’y diminue pas la force du dessin, heureusement, d’autant que les couleurs importantes (la jeep jaune et le bandana rouge par exemple) sont données par la couverture. On aurait par contre apprécié des dessins complémentaires ou préparatoires en bonus pour admirer un peu plus le trait de l’auteur.



Un achat à ne pas regretter donc, avec un scénario à la fois simple et efficace, accompagné de dessins réussis qui donnent à voir des angles de vue intéressants. Un bon divertissement.



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Punk rock Jésus

Tous les sujets sont abordables pour la téléréalité ! La maison de production Ophis promet un thème jamais encore vu : le clone de Jesus Christ, il est de retour !! Il sera créé à partir de l'ADN prelevé sur le saint suaire. Les conditions sont loin d'être idéales lors de ce clonage et c'est la mère de Chris, clone de Jésus, qui en subira la première les conséquences. L'enfance de Chris est difficile pour lui coincé entre la direction qui veut lui dicter ses paroles et ses proches. Beaucoup aimé que Sean Murphy aborde Punk Rock Jesus avec ce monde brut où l'argent est roi et où on se sert de la religion pour gagner l'opinion du peuple. Des oppositions, des revendications, des menaces et ce rock choisi par Chris pour se défendre de tout ça... Ce n'est qu'une fiction et pourtant !

C'est un lecteur inconnu qui me l'a recommandé alors que j'avais seulement touché la tranche du livre en bibliothèque, j'ai décidé de lui faire confiance (merci !). Un BD à découvrir surtout pour les dessins plein de caractère de Sean Murphy.
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Joe l'aventure intérieure

"Joe l'Aventure Intérieure", de l’écossais Grant Morrison (scénario) et de l'américain Sean Murphy (dessin) est avant tout un sombre melting-pot de références à diverses œuvres de fantasy, depuis le (très présent) "Seigneur des Anneaux" jusqu'à "l'Histoire sans Fin", en passant par le Peter Pan de J.M. Barrie et le "Monde de Narnia".



Le récit joue sur la juxtaposition entre le monde réel, celui de Joe, un garçon diabétique, malmené par d'autres enfants et orphelin de père...et celui de Joe, du moins celui qui vit dans son imagination. Ainsi, Morrison enchaîne sans arrêt des scènes situées dans la réalité et d'autres qui prennent place dans le monde intérieure de Joe.

Dans celui-ci Joe est une sorte de messie, l'Enfant-Qui-Meurt, qui doit combattre et défaire la Mort, une force venue d'Hypogée que rien ne semble pouvoir arrêter et dont les ténèbres recouvrent, peu à peu, toute vie.

En fait, le combat que mène Joe dans son imagination est une métaphore de sa lutte contre une terrible crise d'hypoglycémie qui le prend alors qu'il est seul chez lui...à moins que ce ne soit l'inverse.



Car on comprend bien que l'ambition de Morrison se situe dans l'exercice de style, davantage que dans le récit en lui-même...et c'est là où le bas blesse. Pour tout dire j'enrage un peu quand j'imagine ce qu'aurait pu donner cette histoire, si l'auteur l'avait développée sur plus de chapitres, s'il avait pu faire de cette excursion touristique chronométrée dans un univers enivrant un véritable voyage.

Il aurait ainsi pu allier sa narration particulière, toute en rupture, avec les alternances réalité / monde imaginaire, sans sacrifier le récit, ce qui aurait permit au lecteur d'être davantage impliqué émotionnellement, et ceci est d'autant plus dommageable que l'histoire possède un indéniable potentielle épique.



Ok Pavlik, mais dans ce cas pourquoi 4 étoiles ? Ben parce que l'univers est quand même foutrement alléchant et puis les dessins de Sean Murphy sont vraiment pas dégueulasses...Ils m'ont fait penser à certaines chansons de Massive Attack, dont la nature profonde (et hypnotique), réside dans des basses, à la limite de l'infra...donc de la perception (souvenez-vous "Mezzanine"). C'est la même chose pour les dessins de Murphy, il faut juste remplacer "basse" par "nuance de noir"...(vous l'aurez noté, optiquement parlant, c'est un non sens : soit c'est du noir, soit ce n'en est pas...oui, mais la poésie et le sens ont des relations complexes^^).
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Joe l'aventure intérieure

C’est la couverture de cette B.D qui m’avait attirée à la bibliothèque. J’imaginais que j’allais me retrouver plongée dans une chronique adolescente douce-amère. Ce n’est pas le cas du tout et c’est sans doute la raison principale pour laquelle je n’ai pas apprécié ma lecture. L’argument était plutôt séduisant. Joe est un adolescent diabétique et lors d’une crise d’hypoglycémie, il se retrouve dans un monde fantasy dans lequel il devra lutter contre des forces maléfiques. L’idée est bonne et j’imaginais qu’on suivrait Joe dans les deux mondes, son combat dans le monde imaginaire étant une transposition de son combat contre la maladie dans la vie réelle. J’ai trouvé que le traitement n’était pas à la hauteur de ce très chouette argument de départ. Pour que le parallèle fonctionne, il aurait fallu que les passages dans l’un et l’autre des deux mondes s’équilibrent. Ce n’est pas le cas, la quasi-totalité du récit prend place dans l’univers imaginaire. Du coup, le récit m’a semblé totalement déconnecté de la réalité et ce n’est pas ce que j’attendais vu le point de départ. De plus, j’ai trouvé la B.D très bavarde et je n’ai pas accroché au dessin qui se voulait sans doute dense et foisonnant mais que j’ai trouvé confus et brouillon. Je n’ai jamais réussi à me sentir impliquée dans cette lecture, je m’ennuyais ferme, tant et si bien que j’avoue que j’ai abandonné ma lecture en cours de route. Ceci dit, je pense que mon impression n’est pas hâtive, j’ai tout de même persévéré jusqu’à lire les trois quarts du volume.

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Batman Curse of the White Knight

Toujours le même plaisir pour moi de retrouver l’univers Dc comics dans se deuxième volet.

Beaucoup plus sombre que le précédent, il nous emmène dans la mythologie et la création de Gotham city. Plus particulièrement dans les ancêtres de Bruce Wayne. Celui-ci va donc être confronté à ses origines , son destin et découvrir de l’ours secrets de famille.

L’éternel méchant Joker est bien évidemment de la partie pour profiter de la situation.

Un livre assez triste ou l’un des personnages phare perd malheureusement la vie .

Le coup de crayon et les couleurs sont toujours aussi réussi.
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Batman White Knight

J’ai toujours apprécié l’univers de Batman depuis ma petite enfance . Je me souviens avec beaucoup de nostalgie et de plaisir que je regardait la série de dessin animé. Après les films , parfois très bon et parfois très mauvais, j’ai décidé de me plonger dans la lecture de ces comics de l’univers DC. Un très généreux ami m’a prêté les deux tomes de cette série.

Dès le début j’ai accroché et énormément apprécié. Les coups de crayon, la mise en page , les couleurs et bien sûr l’histoire font de ce comic une véritable bombe.

Il s’agit bien de livre pour adultes , car il y des scènes de violence assez rudes.

Quel plaisir de découvrir Batman et Gotham sous une vision noire mais où les héros et les méchants ne sont pas toujours ceux que nous imaginons . On découvre un Batman qui doute , qui se trompe , qui renonce . Un Joker manipulateur mais aussi très humain. Une Harley Quinn très difficile à saisir au niveau de sa personnalité.

Il y a donc plusieurs grilles de lecture possible avec ce livre et c’est d’autant plus jubilatoire. ( Les riches contre les opprimés, l’utilisation de l’argent publique, la rédemption, la maladie, etc)

Il faut le découvrir et voir à quel point ce livre nous entraine dans une réflexion beaucoup plus poussée que ce que nous pourrions imaginer de prime abord.

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Batman White Knight

Je me demande si le Joker n'est pas mon personnage de BD préféré, tous genres confondus. "White Knight" signé Sean Murphy, qui officie à la fois en tant que scénariste et dessinateur, part d'une idée particulièrement alléchante : faire de l'habituel ennemi de Batman le gentil de l'histoire ! Pour la première fois dans un comics, celui-ci a une identité : sous le maquillage de clown, l'homme s'appelle Jack Napier. Guéri de ses troubles mentaux grâce à des pilules miraculeuses, le génie du crime devient un génie tout court qui décide de se racheter une conduite au service de la ville de Gotham. Se découvrant une vocation politique, Napier s'érige en porte-parole de la multitude qui ne possède pas grand-chose contre la minorité des possédants, ces derniers ayant déjà leur propre héraut : Batman...



Sean Murphy prend un malin plaisir à renverser les rôles traditionnels du gentil et du méchant, et met en évidence le fait que le Joker et Batman sont des alter ego, l'un ne pouvant exister sans l'autre. Cela est illustré par la fascination du Joker pour son meilleur ennemi, l'auteur suggérant une tendance homo-érotique assumée par l'un, rejetée par l'autre. Napier tend un miroir à Gotham et à son premier protecteur en particulier, il démontre que la frontière entre le bien et le mal est plus floue qu'il n'y paraît, met le doigt sur les problèmes pratiques et moraux du vigilantisme, pose la question de la légitimité des héros se plaçant au-dessus des lois... Bien sûr, ce n'est pas la première histoire de super-héros à aborder de tels sujets, loin de là, mais c'est toujours appréciable, et il s'agit d'un des principaux atouts de "White Knight".



J'aurais toutefois aimé que Sean Murphy pousse sa logique à fond, qu'il prenne plus clairement le parti de faire de Batman un véritable ennemi du peuple, une créature des ultra-riches et de ceux qui détiennent le pouvoir (personnalités politiques, médias, police...) prospérant grâce à la détresse de ceux qu'il prétend défendre. Mais finalement, sans trop en révéler sur le cheminement de l'intrigue, on retombe sur un propos plus modéré, moins accablant pour le Chevalier Noir, comme si l'auteur (ou ses éditeurs ?) n'avait pas osé trop égratigner l'idole. Après des premiers chapitres brillants, j'ai eu l'impression de revenir petit à petit dans un schéma plus convenu : une grave menace pesant sur Gotham, le plan machiavélique d'un super-vilain, l'association de héros et de policiers pour sauver ce qui peut l'être... L'action ne faiblit pas, les derniers chapitres restent prenants, mais sont un peu décevants malgré tout au vu du postulat de départ. J'aurais préféré assister à un peu plus de manoeuvres politiques et médiatiques, et à un peu moins d'explosions et de courses-poursuites – bien que ces dernières soient sublimées par le talent de Sean Murphy, qui excelle dans la représentation de beaux véhicules en action... Et pas seulement.



Car d'un point de vue graphique, on est dans le haut du panier. Je n'avais rien lu de Sean Murphy jusqu'à présent mais il possède un sens certain de la mise en scène et n'est pas du genre à bâcler une case. Chaque planche fourmille de détails. C'est le type de BD qui se déguste plus qu'elle ne se dévore. Mais elle n'est sans doute pas une porte d'entrée idéale pour s'initier au Batverse : le récit ne manque pas de références parfois ironiques, de clins d'œil aux fans... Quel plaisir de retrouver réunis à la même table les super-vilains les plus emblématiques de Gotham ! Même si là encore, le potentiel n'est pas tout à fait exploité puisque le Pingouin, Bane, le Sphinx et les autres restent cantonnés à l'état de flingueurs interchangeables. Ce n'est pas le cas de Harley Quinn, qui se voit octroyer un rôle de premier plan tout au long du récit, lequel apporte en outre une explication logique et astucieuse à sa transformation de l'Arlequin classique des années 90 à l'actuelle bimbo en mini-short.



Je ne suis pas suffisamment spécialiste pour savoir si "White Knight", ainsi que le prétend la quatrième de couverture, a le potentiel pour faire son entrée parmi les grands classiques de Batman. Il a assurément pour lui son esthétisme et déborde d'idées enthousiasmantes, même si la démarche n'est pas assez jusqu'au-boutiste à mon goût. En tout cas, il fait partie des comics que je relirai très volontiers.
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Punk rock Jésus

Après « Off Road », œuvre de jeunesse du désormais célèbre Sean Murphy, c'est au tour de « Punk Rock Jesus », considéré comme LE chef d’œuvre du scénariste/dessinateur, de se voir publier en un seul et magnifique volume par les éditions Urban Comics. Le concept est simple et repose sur l'idée qu'à partir de l'ADN prélevé sur le suaire de Turin, un grand groupe américain serait parvenu à créer un véritable clone de Jésus Christ, nouvelle vedette de la plus grande émission de télé-réalité jamais produite. C'était toutefois sans compter sur le caractère rebelle du jeune Chris, athée convaincu et passionné de musique, qui tentera par tous les moyens de se libérer de cet encombrant héritage qui est le sien. Avouez que l'idée ne manque pas de panache ! Le résultat est absolument bluffant, Sean Murphy nous offrant une histoire à la fois originale, captivante et surtout d'une qualité de réflexion remarquable. Tout au long de ces six chapitres correspondant chacun à une période ou un moment clé de l'histoire de Jésus et de son clone, l'auteur pointe ainsi du doigt les plus grands fléaux de nos sociétés occidentales actuelles : le fanatisme religieux et le « divertissement à la dérive ».



S'il n'y aurait qu'un message à retenir de ce « Punk Rock Jesus », ce serait sans aucun doute celui-ci : nous sommes, chacun, les seuls maîtres de notre destin. En faisant de ce soi-disant clone du « fils de dieu » un athée pur et dur, Sean Murphy dénonce avec virulence mais intelligence les nombreuses incohérences et surtout le caractère souvent extrême des grandes religions monothéistes, à commencer évidemment par l'église catholique qui en prend ici pour son grade. « La religion est dangereuse. Elle entrave les progrès de l'humanité comme un cancer. C'est l'opium dégelasse du peuple (…) Allez tous vous faire foutre, Jésus vous hait ! » Difficile d'être plus clair. A travers cette histoire qui se déroule clairement dans une société future tout à fait crédible, c'est aussi le caractère nocif et manipulateur des médias qui est ici dénoncé. Sean Murphy fait ainsi rapidement naître chez le lecteur la dérangeante et inquiétante sensation que le concept développé ici pourrait parfaitement avoir sa place chez nous d'ici quelques décennies. Il suffit, après tout, d'allumer n'importe quel poste télévisé pour se rendre compte du niveau de bassesse auquel nous sommes d'ores et déjà tombé...



Le second point fort de l’œuvre de Sean Murphy tient évidemment à la qualité de ses personnages : Thomas, catholique fervent et ancien combattant de l'IRA recruté en tant que garde du corps du jeune clone et de sa mère pour lesquels le colosse risquera tout ; Gwen, jeune américaine issue d'une famille pauvre embarquée dans cette aventure en tant que « mère de Jésus » par pure naïveté et dont on assiste avec tristesse à l'irréversible déchéance ; et bien sûr Chris, premier clone de l'histoire portant en lui tous les espoirs de millions de disciples, que l'on voit grandir et peu à peu plier sous le poids insoutenable que font peser sur lui plus de deux milles ans de croyance. Admirables ou faibles, attachants ou opportunistes, inconscients ou manipulateurs, les personnages de Sean Murphy se distinguent tous par leur remarquable complexité qui ne manquera pas d'émouvoir ou de révolter le lecteur. Le petit supplément proposé en fin de volume dans lequel l'auteur nous expose la genèse de son projet et propose une bande-son idéale pour accompagner chacun des six chapitres de l'ouvrage est également un bonus appréciable, de même que la très belle galerie de couvertures qui clôt l'ouvrage.



Des personnages attachants et complexes, un concept original, des dialogues qui sonnent toujours justes, des sujets difficiles abordés avec intelligence : voilà tous les éléments qui font de ce « Punk Rock Jesus » un véritable coup de cœur que je ne manquerai certainement pas de relire un jour. N'hésitez pas à franchir le pas, voilà bien une lecture que vous ne regretterez pas !
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Joe l'aventure intérieure

Joe est un jeune garçon diabétique qui fait une crise d'hypoglycémie en rentrant chez lui, juste après avoir été attaqué par des jeunes. Cette crise va déclencher des hallucinations olfactives qui vont lui faire vivre une aventure particulière. Ses jouets vont s'animer et devenir des soldats et autres personnages fantastiques et sa maison, un lieu plein d'embûches. Chaque geste de Joe se situe entre rêve et réalité.

Une BD particulièrement incroyable, même si je m'attendais un autre genre de récit. L'alternance entre la réalité et les mondes imaginés par Joe est bien maitrisée, même si j'ai eu du mal à suivre les aventures délirées de Joe. Les dessins rendent bien l'ambiance sombre du monde réel et imaginé. Et j'ai aimé la fin, bien amenée finalement !

J'ai moins apprécié que l'autre oeuvre de Grant Morrison, Nou3, mais ça m'a donné envie de découvrir l'oeuvre de Sean Murphy !
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The Wake

Un scénario signé Scott Snyder est très souvent gage de qualité, c'est encore une fois le cas avec un scénario original modernisant le thème des sirènes (dernièrement il a revu le mythe des sorcières avec Wytches).

L'histoire est découpée en deux grandes parties distinctes. Premièrement la découverte, l'aventure, la peur, puis en deuxième moitié de récit on passe dans un futur plus lointain avec les conséquences et le chemin que l'humanité a prise après les découvertes du début.

Bien maîtrisée, l'histoire est complexe et bien compréhensible à la fois, pas une minute d'ennui en 240 pages.



Pour la partie visuelle, Sean Murphy a su donner un très bon design aux créatures, profilées et agressives voir aérodynamiques, j'ai beaucoup aimé cette partie des dessins, le reste est assez classique mais pas désagréable à l'œil. La colorisation est assez vive, cela pourra plaire mais je n'ai personnellement pas trop accroché aux couleurs, ce n'est qu'un détail au vu du reste.



Les amateurs de monstres marins et/ou de sirènes doivent absolument lire ce comicsbook, pour les autres, tout dépendra de votre sensibilité à un monde sous-marin et aux fins extravagantes.



Voir la chronique sur mon blog :


Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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Off Road

Si, comme moi, vous êtes tentés de découvrir l'univers des comics sans pour autant être franchement branchés super-héros, vous serez ravis d'apprendre que depuis quelque temps les éditions Urban Comics se sont lancées dans la publication de séries ou comics indépendants. Oubliez Batman, Superman, Aquaman et cie, et venez plutôt découvrir « Saga », « Les seigneurs de Bagdad », « Punk Rock Jesus » ou encore « Off Road ». Œuvre de jeunesse de Sean Murphy, figure désormais incontournable des comics américains à l'origine, entre-autre, d'« American Vampire Legacy », ce one-shot s'inspire d'une aventure vécue par le scénariste/dessinateur lui-même. Il est vrai que, au premier abord, l'histoire n'a rien de particulièrement fracassant : trois amis âgés d'environ une vingtaine d'années décident de « baptiser » la nouvelle jeep de l'un d'eux en partant pour une ballade en tout-terrain qui va se révéler désastreuse. Il faut bien avouer que le scénario ne paie pas franchement de mine, aussi ne vous attendez pas à une quelconque révélation ni à une histoire transcendante et captivante.



On se laisse malgré tout vite séduire par ce récit banal d'une virée entre amis qui dérape pour une erreur toute bête. Les dialogues, notamment, sonnent particulièrement justes : pleins d'humour et très percutants. Les personnages sont également très réussis, à commencer par les trois protagonistes : le costaud laconique et un peu « grande-gueule », le beau gosse amusant et pourri gâté, et surtout l'étudiant en art solitaire et tourmenté ayant quelques difficultés avec la gente féminine. Je serai cela dit plus nuancée en ce qui concerne les graphismes. Si le noir et blanc ne me gêne d'ordinaire pas, quelques couleurs auraient ici été bienvenues afin de rompre un peu la monotonie du dessin dont on vient malheureusement à se lasser sur la fin. Quelques exagérations dans les mimiques ou les gestes des personnages m'ont également parfois un peu refroidie (les grands mouvements de bras, les sourires ultra-bright façon manga...). On pourrait également reprocher au scénario un début ayant tendance à un peu trop traîner en longueur, alors que les événements et l'action s'enchaînent de façon beaucoup plus rapides sur la fin.



Avec « Off Road », Sean Murphy nous offre un comic sans prétention, relatant une histoire simple et banale mais par laquelle on se laisse malgré tout embarquer sans grande difficulté. N'oublions pas également qu'il s'agit là d'une œuvre de jeunesse, ce qui explique en partie certains des défauts mentionnés plus haut. Nul doute que « Punk Rock Jesus », œuvre phare du dessinateur et dont le premier volume vient lui aussi d'être publié par Urban Comics, devrait se montrer encore plus convaincant.

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American Vampire Legacy, Tome 1 : Sélection n..

J'avais prévu depuis longtemps de me laisser tenter par cette édition d'American Vampire Legacy, version Urban Comics (encore eux !), et ce n’est qu’il y a peu de temps que j'ai cédé pour avoir enfin le plaisir d’en découvrir le tome 1 : Sélection naturelle (Survival of the Finnest en version originale).



D'un récit d'aventures classique mêlant trame historique et mode du vampirisme, cette série dérivée (un spin-off véritablement) d'American Vampire, déjà scénarisée par Scott Snyder aidé alors de Stephen King en personne, et dessinée par Rafael Albuquerque, ne nous donne qu’un aperçu rapide de la trame plus profonde que les différentes sagas d’American Vampire peuvent ou ont pu relater. Ici, Scott Snyder, qui s’est illustré en 2011 par un relaunch parfait de Batman pour DC Comics, nous livre une histoire très bien rythmée autour des choix personnels que peuvent et doivent faire des agents de l’organisation anti-vampirisme des « Vassaux de Vénus ». Entre société secrète, agents infiltrés et déboires personnels, il y a donc déjà de quoi faire. Mais, à cela, s’ajoutent le contexte historique de la Deuxième Guerre mondiale et celui géographique des zones reculées de Roumanie : le vieux coup de l’histoire dans l’Histoire marche encore !

Ajoutons à cela un dessin de très bonnes factures : Sean Murphy, qui fait ses premiers pas dans cet univers vampirique, fait des choix graphiques très intéressants (sûrement à la suite des premiers albums, j’imagine, et c’est l’avantage du label Vertigo : les auteurs et dessinateurs prennent davantage de risques sans le besoin de correspondre à une ligne éditoriale stricte). Le trait de Murphy, que je découvre ici, se veut aussi pointu, aussi aiguisé que les dents d’un vampire et cette trame graphique tend à faire défiler encore plus vite les images devant nos yeux.



En conclusion, je dirais que ce premier tome dérivé d’une série intéressante, même si le scénario n’est pas bouleversant, sait nous tenir en haleine comme il convient. Le dessin enrobe parfaitement l’ensemble et on se plaît à chercher quelle forme pourrait prendre la suite…

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Joe l'aventure intérieure

Joe l'aventure intérieure est un oneshot de deux pointures de l'univers des comics Grant Morrison et Sean Murphy ; il ne s'agit donc pas d'une « Histoire sans fin » et pourtant dès les premières pages on est plongé dans l'ambiance du film des années 80 qui aura bercé mon enfance... mais ici point besoin de livre magique pour se retrouver dans un monde de fantasy mais une crise d'hypoglycémie !

Joe n'est pas seulement la « caricature » de l'ado que la vie malmène, il est diabétique. Réfugié dans son antre au grenier de la maison familiale, après une énième altercation avec une bande de brutes, il est en proie à un choc hypoglycémique qui lui provoque des hallucinations. Son salut, prendre une canette de soda dans la cuisine au rez-de-chaussée de la maison, devient alors une quête périlleuse transposée dans Le Royaume de Fer gagné par les ténèbres auxquelles les guerriers et chevaliers de JouetVille ne peuvent faire face, seuls.



Grant Morrison (scénariste) et Sean Murphy (dessinateur) nous livre un récit d'héroïc-fantasy original (pour ne pas dire hallucinant) particulièrement bien travaillé. Le récit de la quête de Joe, menée dans deux mondes simultanément, trouve sa cohérence avec une judicieuse alternance des planches qui relèvent de la réalité et des hallucinations. Le contexte est posé avec précision, chaque épisode (au nombre de 8 mais à l'exception du premier) est introduit par une « carte à la Tolkien » représentant chaque étape du périple de Joe. La maison familiale et Le Royaume de Fer sont deux univers sombres dépeints par un maître du dessin en noir et blanc et pour clarifier le récit Sean Murphy use de petites cases « zoom » pour appuyer certains détails. Cependant force est de reconnaître que le lecteur ne se perd pas dans ces ténèbres grâce au travail de Dave Stewart (coloriste) qui joue avec brio avec les lumières. Les planches sont superbes. Le trait raide et incisif de Murphy accentue le rythme et l'ambiance steampunk de ce « conte de fées [qui] mène droit en enfer ».



Ce comics est une aventure à l'intérieur des univers de Morrison et Murphy avec de nombreux personnages de leur monde - celui des comics que j'affectionne et des figurines des années 70/80 dans lequel je ne me suis pas totalement retrouvée - qui peuplent JouetVille et qu'il est amusant d'identifier. Joe l'aventure intérieure est un voyage en fantasy qui m'a ramené en enfance sous bien des aspects, avec peut être un peu moins de tendresse que ne l'auraient fait Bastien et Falkor, mais avec un réel et hallucinant plaisir.

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Batman White Knight

Ce tome contient une histoire complète qui ne nécessite pas de connaissance préalable de Batman. Il comprend les 8 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018, écrits, dessinés et encrés par Sean Murphy, avec une mise en couleurs réalisée par Matt Hollingsworth. Murphy a réalisé une deuxième saison Batman: Curse of the White Knight.



La Batmobile arrive devant la grille de l'asile d'Arkham et va se garer devant la porte d'entrée. Jack Napier en sort et se rend à la cellule de Batman, accompagné par les gardes. Napier indique à Batman enchaîné, qu'il a besoin de son aide. Il y a un an, Joker est en train de fuir comme un malade, sur un hoverboard, en pleine voie, talonné par Batman dans sa Batmobile, avec Batgirl (Barbara Gordon) sur le siège passager. Joker se joue des obstacles alors que Batman donne l'impression de foncer dans le tas : sur le toit d'un immeuble, au milieu d'un chantier sans faire attention aux ouvriers. La course-poursuite se termine dans un entrepôt où Joker se retrouve acculé par Batman, essayant de se défendre avec une hache. Batman commence à frapper Joker pour le maîtriser, pendant que Joker développe un argumentaire dans lequel il prouve que les méthodes de Batman n'ont jamais rien résolu, qu'elles ne servent qu'à assouvir son besoin de contrôler les choses, et que lui, Joker, comprend mieux Gotham que lui. Excédé, Batman finit par faire avaler à Joker les comprimés contenus dans le flacon qu'il lui agite sous le nez, sous les yeux de James Gordon, Renee Montoya, Harvey Bullock, Batgirl, Nightwing et plusieurs autres témoins dont un filme la scène avec son téléphone.



Les informations à la télé sont partagées sur la séquence, entre la preuve d'un individu en maltraitant un autre sous le regard de la police qui regarde sans rien faire, et ce que l'on sait des exactions de Joker (mais qui n'a jamais été prouvé). Gordon, Montoya et Bullock regardent Joker allongé dans son lit dans l'unité de soins intensifs. Bullock est satisfait qu'enfin le public se rende compte que Batman est un vigilant qui abuse de la violence, et qui s'il avait été un policier aurait été renvoyé depuis longtemps pour faute grave. Barbara Gordon et Dick Grayson vont rendre visite à Bruce Wayne qui accepte de leur confier ce qui le mine : Alfred Pennyworth se meurt et est dans le coma. Jack Napier confie à son psychothérapeute ce qui le mine : sa fascination pour Batman qui confine à une forme d'adoration, Gordon se trouve dans le bureau du maire Hamilton Hill quand la docteure Leslie Thompson lui apporte le rapport sur Jack Napier : il est guéri et sain d'esprit et il a décidé de porter plainte contre la police de Gotham (GCPD, Gotham City Police Department), contre Batman et contre la ville de Gotham.



En 2019, l'éditeur DC Comics met officiellement un terme à sa branche Vertigo destinée à des récits pour des adultes, et se réorganise un peu avant en 3 branches de publication dont le Label Noir (Black Label) pour accueillir des récits plus sombres, adultes. C'est dans cette branche qu'est publié le présent récit. Sean Murphy a déjà réalisé plusieurs bandes dessinées avant celle-ci : entre autres Joe l'aventure intérieure (2010/2011, avec Grant Morrison), Punk Rock Jesus (2012), The Wake (2013/2014, avec Scott Snyder), Tokyo Ghost (2015/2016, avec Rick Remender). En entamant le récit, le lecteur se demande comment il se situe par rapport à la continuité. Il comprend vite qu'il s'agit d'un récit hors continuité : le coma d'Alfred, la rémission de Joker, le sort de Jason Todd. L'auteur a donc les coudées franches pour raconter une histoire de Batman comme il l'entend, en réinterprétant les personnages récurrents comme il le souhaite. Du coup, le lecteur se retrouve régulièrement en train de se demander si Sean Murphy s'écarte volontairement du statu quo pour mieux y revenir, ou s'il s'agit d'une prise de liberté durable, rendant ainsi le scénario beaucoup moins prévisible.



Il est possible aussi que le lecteur soit avant tout venu pour les dessins de Sean Murphy. Il retrouve ces éléments détourés avec des traits fins, voire très fins, et secs, parfois rectilignes y compris pour des contours anatomiques, et des aplats de noir copieux aux formes irrégulières mangeant de nombreuses cases. Il retrouve également l'influence des mangas, en particulier dans les traits de puissance ou de vitesse servant également à intensifier les perspectives, et dans les visages plus jeunes (en particulier celui de Barbara) avec des expressions traduisant une émotion non filtrée, souvent un enthousiasme communicatif. Par contre, l'artiste a mis la pédale douce sur les nez pointus : ces appendices ont retrouvé une forme plus conventionnelle. Dès la première page, le lecteur plonge avec délice dans une atmosphère gothique et noire : l'asile d'Arkham dans le noir de la nuit, avec sa grille en fer forgé, et ses chauves-souris. Par la suite, Sean Murphy excelle à capturer et à faire ressentir la noirceur de Gotham et de certains personnages : Batman comme une bête en cage dans sa cellule, la collection obsessionnelle de produits dérivés de Batman dans la chambre de Joker, la pose romantique de Victor Fries devant sa femme Nora cryogénisée, l'effondrement d'un pont de Gotham, l'immense canon rétro-futuriste dont va se servir Neo Joker.



Très vite, le lecteur se retrouve plongé dans Gotham à côté des protagonistes, éprouvant la sensation que son état d'esprit est influencé par les grands bâtiments effilés, par les longues perspectives, par les quartiers plus resserrés, par le riche mobilier du manoir des Wayne, par la décoration insensée de l'appartement de la première Harley Quinn, par la pénombre de la Batcave, par l'espace ouvert sur la place où Jack Napier fait un discours, par l'aménagement purement fonctionnel des bureaux de la police et du parking au sous-sol. Il côtoie, plutôt qu'il n'observe, des individus à la forte personnalité graphique : le maintien droit et strict de Jack Napier et son sourire, le maintien droit et rigide de Batman attestant de sa psychorigidité, les postures plus souples de Batgirl, le comportement très formel de James Gordon pétri de la responsabilité de sa fonction. Sans ostentation, Sean Murphy se montre un chef décorateur de talent, un costumier attentif aux détails, et un directeur d'acteurs avec une vraie vision, dramatisant un petit peu leur jeu pour rendre compte de l'ampleur des enjeux, du degré d'implication des différentes personnes. Le lecteur reste également bouche bée devant de nombreuses séquences échevelées : l'improbable course-poursuite entre la Batmobile et Joker en hoverboard, la violence du combat à main nue entre Batman et Joker, les clins d'œil à Batman Mad Love de Paul Dini & Bruce Timm et à Batman the animated series, l'apparition horrifique de Clayface (Matthew Hagen) chez Mad Hatter (Jervis Tetch), la soirée en amoureux entre Jack Napier et Harley Quinzel, une autre course-poursuite cette fois-ci entre 2 modèles différents de Batmobile, etc.



Déstabilisé par la possibilité pour le scénariste de modifier les éléments canoniques comme bon lui semble, le lecteur se montre plus attentif à l'intrigue pour ne pas laisser échapper un détail, ou pour ne pas se tromper sur le sens d'une scène qu'il peut avoir l'impression d'avoir déjà vue. Sean Murphy développe la relation entre Batman et Joker, essentiellement du point de vue de Joker, sur une dynamique d'amour & haine. Suite au traitement administré de force par Batman, Joker voit sa personnalité revenir à son état antérieur, quand il était un individu très ordinaire appelé Jack Napier. Or ce dernier a conservé toute l'expérience qu'il a acquise en tant que Joker, en particulier sa familiarité avec Batman. Il décide à la fois de se réformer, et de prouver que les méthodes de Batman sont plus néfastes à Gotham que bénéfiques. Ce n'est pas la première fois qu'un auteur développe ce thème, mais là Sean Murphy le prouve par l'exemple : Jack Napier se lance en campagne, tout en initiant des actions pour résoudre les problèmes de fond de la ville, plutôt que de s'en tenir à faire disparaître temporairement les symptômes que sont les supercriminels. La longueur du récit et son déroulement en dehors de la continuité font que Sean Murphy se montre assez convaincant pour que le lecteur y croit. Il montre d'un côté Batman qui ne fait confiance à personne, ce qui sous-entend un ego surdimensionné, un individu persuadé d'avoir raison mieux que tout le monde. De l'autre côté, Jack Napier n'agit pas par altruisme ou par bonté de cœur : il a quelque chose à prouver, une forme de vengeance contre Batman en montrant que d'autres méthodes peuvent réussir durablement, et ainsi gagner sa rédemption.



Emporté par la narration visuelle, le lecteur se laisse progressivement convaincre de la nocivité de Batman pour l'organisme qu'est la ville de Gotham, et par le bienfondé des méthodes démocratiques de Jack Napier. La narration de Sean Murphy n'a pas la force de conviction de celle de Frank Miller pour Dark Knight Returns : c'est la somme de réflexions diverses qui finissent par saper les a priori du lecteur et par retourner ses convictions. C'est une façon de procéder parfois un peu fragile quand un argument reste superficiel, presque spécieux, et ne vaut que parce qu'il s'intègre bien dans la tapisserie dessinée par les autres. Cette sensation de fragilité est renforcée par les éléments incidents de l'intrigue : la maladie d'Alfred et sa lettre, la scène d'explication à la fin sur le rôle d'un des personnages, comme si l'auteur avait estimé qu'il fallait consolider l'intrigue principale avec des éléments périphériques.



Avec cette histoire, Sean Murphy réussit le pari de réaliser une histoire personnelle et originale de Batman, ce qui est déjà une grande réussite en soi. Il met en œuvre une narration visuelle acérée et consistante : Gotham s'incarne avec une personnalité inquiétante, les personnages existent et il y a de nombreuses scènes visuellement mémorables. L'auteur parvient à écrire un récit qui utilise les conventions du genre superhéros (costumes et masques, superpouvoirs des ennemis de Batman, confrontations physiques, et une touche de technologie d'anticipation pour les Batmobiles), tout en racontant une histoire adulte, où un individu met Batman à mal en utilisant les outils de la démocratie.
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Batman Curse of the White Knight

L'alternance dialogues/action est bien pensée. Batman va-t-il finalement enlever le masque en publique?! Cette BD est très rythmée... On plonge profondément dans l'histoire des Wayne, c'est du génie! Ce comics pose les nouvelles bases! ; -) Et quelle hécatombe ! Harley ressemble à Bulma de Dragon Ball! Le Joker/Napier... C'est purement l'histoire de la dualité. "La décadence de Wayne" c'est un peu le sujet du premier jeux-vidéo TellTale Batman. Les dessins de l'interlude dans la neige sont très beaux. On ne peut que le dire: la fin est intense! ... Et émouvante. Je vous le recommande!
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