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Citation de art-bsurde


L'autodafé symbolique du mois de mai [1933] n'avait guère eu qu'un effet d'annonce, mais maintenant les livres s'envolaient des librairies et des bibliothèques et, cela, c'était réel et inquiétant. La littérature allemande vivante, bonne ou mauvaise qu'importe, était anéantie. Les livres de l'hiver précédent qu'on avait pas encore pu se procurer en avril, on ne les lirait plus. Quelques auteurs, qui n'étaient pas en disgrâce on ne savait pourquoi, se dressaient au milieu du vide comme des quilles solitaires. A part cela, il n'y avait que des classiques - et une soudaine pléthore de littérature abjecte et déshonorante, qui exaltait le sang et le sol. Les amateurs de livres - certes minoritaires en Allemagne, et une minorité parfaitement insignifiante, on le leur répétait quotidiennement - se virent d'un jour à l'autre privés de leur univers. Et comme on avait compris très vite que ceux que l'on dépouillait couraient en outre le danger d'être punis, ils se sentirent du même coup très intimidés : Heinrich Mann et Feuchtwangler furent relégués à l'arrière des rayonnages, et si on osait encore parler du dernier Joseph Roth ou du dernier Wassermann, on chuchotait, têtes baissées, comme des conspirateurs.
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