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4.31/5 (sur 352 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Berlin , le 27/12/1907
Mort(e) à : Berlin , le 02/01/1999
Biographie :

Sebastian Haffner, de son vrai nom Raimund Pretzel, est un écrivain et journaliste allemand.

Issu d'une famille de la moyenne bourgeoisie protestante, Sebastian Haffner commence sa carrière dans le droit. En 1938, il quitte son pays, jugeant le régime nazi exécrable. Après un passage de quelques semaines à Paris, où il fréquente d'autres allemands exilés, il s'installe en Angleterre.

Il mène alors une vie extrêmement précaire. Avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, l'éditeur Warburg lui commande un livre où il raconterait son expérience d'allemand anti-nazi. Mais la guerre éclate et le manuscrit n'est pas publié.

Sebastian Haffner retourne dans son pays en 1954. Il y mène une carrière de journaliste et d'historien reconnu.

Il est mort en 1999 sans avoir jamais cherché à publier sa très personnelle Histoire d'un Allemand, rédigée soixante ans plus tôt et cachée au fond de son bureau. Publié pour la première fois en 2000, après sa découverte, ce récit remporta un succès considérable en Allemagne.
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Sebastian Haffner (1907-1999), Allemagne je t’aime, moi non plus : Une vie, une œuvre (France Culture). Photographie : Sebastian Haffner, ca. 1939; Quelle: Bundes­ar­chiv / peter-adler.de. Production : Irène Omélianenko. Avec la collaboration de Claire Poinsignon. Un documentaire de Judith Chetrit, réalisé par Ghislaine David. Prise de son : Marcos Darras, Julien Doumenc. Mixage : Jean-Michel Bernot. Documentation et liens internet : Annelise Signoret. Recherche Ina : Marie Chauveau. Diffusion sur France Culture le 24 mars 2018. Lanceur d’alerte pour les uns, historien du quotidien pour les autres, Sebastian Haffner a défendu dans ses articles et ouvrages une certaine vision de l’Allemagne. Un regard à hauteur d’homme qui décrit le lent changement de son monde à l’aube du nazisme. En 1938, Sebastian Haffner, de son vrai nom Raimund Pretzel, quitte l’Allemagne, son pays natal, pour s’exiler en Angleterre. Issu de la bourgeoisie protestante, passé par la magistrature administrative, cet homme de droit observe pendant son adolescence et sa vie de jeune adulte le réveil abruti de l’Allemagne, perdante de la Grande Guerre, et l’arrivée au pouvoir d’Hitler. Dès son arrivée en Angleterre, un éditeur lui demande un ouvrage où il raconterait pourquoi il s’est progressivement convaincu de devoir quitter l’Allemagne face à la propagation des idées du nazisme. Partant de son quotidien, il écrit l’anesthésie des masses, intelligentsia berlinoise incluse. « Le monde dans lequel j’avais vécu se dissolvait », écrit Haffner devenu journaliste. Après l’entrée en guerre de l’Angleterre, le manuscrit ne sera jamais publié. Peu de temps après, un autre essai, “Germany : Jekyll and Hyde”, lui donne suffisamment de reconnaissance pour devenir un éditorialiste renommé dans la presse anglaise. De retour en Allemagne au milieu des années 1950, Sebastian Haffner continue le journalisme puis bifurque progressivement vers l’écriture d’essais et d’ouvrages historiques consacrés à Hitler, à Churchill et à l’Allemagne. Après son décès en 1999, son fils retrouve une partie du manuscrit abandonné en Angleterre. L’œuvre “Histoire d’un Allemand” lui assure une toute nouvelle postérité. « Nous, les enfants de l’Allemagne, nous aurions tous voulu avoir un père ou un grand-père qui nous eût parlé, comme le fait Haffner avec une redoutable clarté, de son expérience intime, qui nous rendît palpable la tentation du mal, l’infiltration et la prise de pouvoir lente et perfide de la pensée raciste et fasciste », affirme Martina Wachendorff, son éditrice en avant-propos de l’ouvrage. Archive : extrait de l’émission “Figures de proue” de Jacques Chancel avec Hubert Nyssen, fondateur des éditions Actes Sud, sur France Inter le 23 décembre 2003. Lecture de plusieurs extraits de “Histoire d’un Allemand : souvenirs 1914-1933” par René Loyon. Intervenants : Martina Wachendorff, écrivaine et directrice de la collection “Lettres Allemandes” aux éditions Actes Sud. Préfacière du livre “Histoire d'un Allemand”. Fabrice Humbert, écrivain et auteur de “L'Origine de la violence”. Jean Lopez, directeur de la rédaction du bimestriel “Guerres & Histoire” et préfacier de “Considérations sur Hitler”. François Delpla, historien spécialiste du nazisme, auteur notamment d’une biographie d’Hitler et d’un ouvrage sur le IIIème Reich. François Roux, historien et auteur de l’œuvre “Auriez-vous crié "Heil Hitler" ? Soumission et résistances au nazisme : l'Allemagne vue d'en bas (1918-1946)”. René Loyon, acteur et metteur en scène de la pièce “Berlin 33”, adaptée d’“Histoire d’un Allemand”. Source : France Culture

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Citations et extraits (134) Voir plus Ajouter une citation
Il est probable que les révolutions, et l’histoire dans son ensemble, se dérouleraient bien différemment si les hommes étaient aujourd’hui encore ce qu’ils étaient peut-être dans l’antique cité d’Athènes : des êtres autonomes avec une relation à l’ensemble, au lieu d’être livrés pieds et poings liés à leur profession et à leur emploi du temps, dépendant d’une foule de choses qui les dépassent, éléments d’un mécanisme qu’ils ne contrôlent pas, marchant pour ainsi dire sur des rails et désemparés quand ils déraillent.
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Sebastian Haffner
Ce n'était pas seulement sur une défaite que s'achevait la vie de mon père…, elle s'achevait sur une catastrophe. Ceux qu'ils voyaient triompher n'étaient pas ses adversaires…c'étaient des barbares qu'il n'avait jamais estimé dignes d'être même ses ennemis.
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De nombreux journaux et magazines disparurent des kiosques, mais ce qui advenait aux autres était beaucoup plus inquiétant. On ne les reconnaissait pas vraiment. C’est qu’on entretient avec un journal les mêmes rapports qu’avec un être humain ; on sent comment il réagira à certaines choses, ce qu’il dira et comment. S’il affirme brusquement le contraire de tout ce qu’il disait hier, s’il se renie complètement, si ses traits sont tout à fait déformés, on a l’impression irrésistible de se trouver dans une maison de fous. C’est ce qui se produisit. De vénérables feuilles acquises aux idées démocratiques et appréciées de l’élite intellectuelle comme le Berliner Tageblatt ou la Vossische Zeitung furent du jour au lendemain transformées en organes nazis. Leurs vieilles voix posées et réfléchies disaient les mêmes choses que vociféraient et éructaient l’Angriff ou le Vôlkischer Beobachter. […]
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EXTRAIT DU PROLOGUE :

Je vais vous conter l'histoire d'un duel .C'est un duel entre deux adversaires très inégaux : Un Etat extrêmement puissant , fort , impitoyable et un petit individu anonyme et inconnu. Ils ne s'affrontent pas sur ce terrain qu'on considère communément comme le terrain politique ; l'individu n'est en aucune façon un politicien , encore bien moins un conjuré , un " ennemi de l'Etat " . Il reste tout le temps sur la défensive . IL ne veut qu'une chose : préserver ce qu'il considère , à tort ou à raison , comme sa propre personnalité , sa vie privée , son honneur . Tout cela , l'Etat dans lequel il vit et auquel il a affaire , l'attaque sans arrêt , avec des moyens certes rudimentaires , mais parfaitement brutaux ...... L'Etat , c'est le Reich allemand ; l'individu c'est moi .
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L'école primaire de la liberté: Voilà un titre qui ne conviendrait pas mal à la Commune de Paris.

C'est une école où nous avons tous, aujourd'hui encore, quelque chose à apprendre.
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Pendant la journée, on n’avait jamais le temps de penser, jamais l’occasion d’être un “moi”. Pendant la journée, la camaraderie était un bonheur. Aucun doute : une espèce de bonheur s’épanouit dans ces camps, qui est le bonheur de la camaraderie. Bonheur matinal de courir ensemble en plein air, bonheur de se retrouver ensemble nus comme des vers sous la douche chaude, de partager ensemble les paquets que tantôt l’un, tantôt l’autre recevait de sa famille, de partager ensemble la responsabilité d’une bévue commise par l’un ou l’autre, de se prêter mutuellement aide et assistance pour mille détails, de se faire une confiance mutuelle absolue dans toutes les occasions de la vie quotidienne, de se battre et de se colleter ensemble comme des gamins, de ne plus se distinguer les uns des autres, de se laisser porter par un grand fleuve tranquille de confiance et de rude familiarité… Qui niera que tout cela est un bonheur ? Qui niera qu’il existe dans la nature humaine une aspiration à ce bonheur que la vie civile, normale et pacifique ne peut combler ?
Moi, en tout cas, je ne le nierai pas, et j’affirme avec force que c’est précisément ce bonheur, précisément cette camaraderie qui peut devenir un des plus terribles instruments de la déshumanisation – et qu’ils le sont devenus entre les mains des nazis. C’est là le grand appeau, l’appât majeur dont ils se servent. Ils ont submergé les Allemands de cet alcool de la camaraderie auquel aspirait un trait de leur caractère, ils les y ont noyés jusqu’au delirium tremens. Partout, ils ont transformé les Allemands en camarades, les accoutumant à cette drogue depuis l’âge le plus malléable : dans les Jeunesses hitlériennes, la SA, la Reichswehr, dans des milliers de camps et d’associations – et ils ont, ce faisant, éradiqué quelque chose d’irremplaçable que le bonheur de la camaraderie est à jamais impuissant à compenser.
La camaraderie est partie intégrante de la guerre. Comme l’alcool, elle soutient et réconforte les hommes soumis à des conditions de vie inhumaines. Elle rend supportable l’insupportable. Elle aide à surmonter la mort, la souffrance, la désolation. Elle anesthésie. Supposant l’anéantissement de tous les biens qu’apporte la civilisation, elle console de leur perte. Elle est sanctifiée par de terrifiantes nécessités et d’amers sacrifices. Mais séparée de tout cela, recherchée et cultivée pour elle-même, pour le plaisir et l’oubli, elle devient un vice. Et qu’elle rende heureux pour un moment n’y change absolument rien. Elle corrompt l’homme, elle le déprave plus que ne le font l’alcool et l’opium. Elle le rend inapte à une vie personnelle, responsable et civilisée. Elle est proprement un instrument de décivilisation. À force de camaraderie putassière, les nazis ont dévoyé les Allemands ; elle les a avilis plus que nulle autre chose.
Il faut surtout bien voir que la camaraderie agit comme un poison sur des centres terriblement vitaux. (Encore une fois : certains poisons peuvent procurer le bonheur, le corps et l’âme peuvent désirer le poison, et les poisons bien employés peuvent être bénéfiques et indispensables. Ils n’en restent pas moins des poisons.) Pour commencer par le plus vital de ces centres, la camaraderie annihile le sentiment de la responsabilité personnelle, qu’elle soit civique ou, plus grave encore, religieuse. L’homme qui vit en camaraderie est soustrait aux soucis de l’existence, aux durs combats pour la vie. Il loge à la caserne, il a ses repas, son uniforme. Son emploi du temps quotidien lui est prescrit. Il n’a pas le moindre souci à se faire. Il n’est plus soumis à la loi impitoyable du “chacun pour soi” mais à celle, douce et généreuse, du “tous pour un”. Prétendre que les lois de la camaraderie sont plus dures que celle de la vie civile et individuelle est un mensonge des plus déplaisants. Elles sont d’un laxisme tout à fait amollissant, et ne se justifient que pour les soldats pris dans une guerre véritable, pour l’homme qui doit mourir : seule, la tragédie de la mort autorise et légitime cette monstrueuse exemption de responsabilité. Et on sait que même de courageux guerriers, quand ils ont reposé trop longtemps sur le mol oreiller de la camaraderie, se montrent souvent incapables plus tard d’affronter les durs combats de la vie civile.
Beaucoup plus grave encore, la camaraderie dispense l’homme de toute responsabilité pour lui-même, devant Dieu et sa conscience. Il fait ce que tous font. Il n’a pas le choix. Il n’a pas le temps de réfléchir (à moins que, par malheur, il ne se réveille seul en pleine nuit). Sa conscience, ce sont ses camarades : elle l’absout de tout, tant qu’il fait ce que font tous les autres.
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La commune était démocratique et fédéraliste, elle était antimilitariste et anticléricale.
Elle n'était certainement pas socialiste.

Les communards n'étaient pas communistes. Ils se battaient contre les monarchistes, les généraux et les curés.
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L’aspect le plus intéressant de l’incendie du Reichstag fut peut-être que tout le monde, ou presque, admit la thèse de la culpabilité communistes. […]
Il fallut beaucoup de temps aux Allemands pour comprendre que les communistes étaient des moutons déguisés en loups. Le mythe nazi du putsch communiste déjoué tomba sur un terrain de crédulité préparé par les communistes eux-mêmes.
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Adieu » était désormais le mot d’ordre - un adieu total, radical, sans exception. Le monde dans lequel j’avais vécu se dissolvait, disparaissait, devenait invisible - tous les jours, tout naturellement, sans faire le moindre bruit. Chaque jour, on pouvait constater qu’un nouveau morceau de ce monde avait disparu, s’était englouti. On le cherchait, il n’était plus là. Jamais je n’ai revu un processus aussi étrange. C’était comme si le sol se dérobait sous les pieds de façon continue et irrésistible, ou plutôt comme si l’air que l’on respirait était pompé, régulièrement, sans cesse.
Les événements visibles qui se produisaient dans le domaine public et sautaient aux yeux étaient presque les plus inoffensifs. D’accord : les partis disparaissaient, ils étaient dissous ; d’abord les partis de gauche, puis les partis de droite. Je n’appartenais à aucun d’eux. Les hommes dont on avait le nom sur les lèvres, dont on avait lu les livres et commenté les discours, disparaissaient soit à l’étranger, soit dans des camps de concentration. De temps à autre, on entendait dire que l’un d’entre eux « avait mis fin à ses jours comme on venait l’arrêter » ou avait été « abattu alors qu’il tentait de s’enfuir ». Au cours de l’été, les journaux publièrent une liste de trente ou quarante noms parmi les plus connus de la littérature et des sciences : ceux qui les portaient étaient déclarés « traîtres au peuple », déchus de leur nationalité, bannis.
C’était encore presque plus étrange et plus inquiétant de voir se volatiliser une quantité de personnes inoffensives qui faisaient partie de la vie quotidienne : le présentateur radiophonique dont on entendait chaque jour la voix et à qui on était habitué comme à une vieille connaissance avait disparu dans un camp de concentration, et malheur à qui osait encore prononcer son nom. Des acteurs et des actrices familiers depuis des années s’évanouissaient du jour au lendemain : la charmante Carola Neher était soudain traître au peuple et déchue de la nationalité allemande, le jeune et rayonnant Hans Otto, dont l’étoile brillante s’était levée au cours de l’hiver précédent - on s’était demandé dans toutes les soirées si c’était enfin là « le nouveau Matkowsky » que le théâtre allemand attendait depuis si longtemps -, gisait fracassé dans la cour d’une caserne de SS. La version officielle était qu’après son arrestation il s’était jeté d’une fenêtre du quatrième étage « en profitant d’un moment où il n’était pas surveillé ». Le plus célèbre des dessinateurs humoristiques, dont les innocentes plaisanteries faisaient chaque semaine rire tout Berlin, se suicida. Le présentateur du cabaret que l’on sait fit la même chose. D’autres n’étaient tout simplement plus là, et l’on ne savait pas s’ils étaient morts, arrêtés, exilés -on n’entendait plus parler d’eux.
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Selon l’opinion générale, les vainqueurs du jour [où Hitler devint chancelier] n’étaient en aucune façon les nazis, mais les gens de la droite bourgeoise, qui avaient réussi à « mettre les nazis dans leur poche » et occupaient tous les postes clefs du gouvernement.
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