Il faut exister à la manière des arbres. Profiter de chaque parcelle de terre pour enfoncer nos racines. Ça sert à rien d’être une planche de deux par quatre. Ça donne aucun fruit.
(Triptyque, p.29)
J’aimerais que le paternel nous ait enseigné la faculté de pleurer. Ça vaut quoi, une émotion si j’arrive pas à la vivre ?
(Triptyque, p.99)
L'informatique a une limite évidente : la subjectivité. Le seul terrain de combat qu'il nous reste face à l'omniprésence des algorithmes qui régulent nos vies, c'est celui de l'émotion. Puisque l'art cherche à produire une émotion profonde (et non superficielle), "jamais" aucun algorithme ne pourra calculer comment un individu peut se construire avec tel ou tel portefeuille culturel; comment il peut être atteint par une oeuvre à un moment de sa vie plutôt qu'à un autre. Et les oeuvres ont ce pouvoir de nous transcender. Par-delà toutes les équations.
L'évolution technologique aura-t-elle servi à mettre un écran entre nos crimes collectifs et notre conscience?
Dans une quêtre pressée et vaine pour se détourner des "vraies" choses, les consommateurs passifs en viennent à se perdre dans le simulacre, à en prendre comme réel le spectacle. Non pas qu'ils ne parviennent plus à distinguer la fiction de la réalité, mais ils interprètent les standards et les modes de la réalité à partir de ceux divulgués et prônés dans des fictions (...).
Puisque les "situations humaines sont la nourriture des écrivains-artistes" et que ceux-ci s'alimentent maintenant de culture populaire, il y a une forme de dilution qui s'opère dans le procédé créatif. Cette dilution représente la mince frontière sur laquelle les nouvelles fictions se déploient, risquant de se nourrir d'un excès d'images préfictionnalisées, prémâchées.
L'art d'être parent repose souvent dans cet équilibre fragile : exposer l'enfant au monde dans lequel il vit et l'aider à y résister.
Nous sommes les premiers êtres sur terre à voir la mort simulée presque tous les jours, mais à ne jamais la côtoyer réellement. Nos référents appartiennent à la culture du divertissement.
Dieu est mort. Nietzsche aussi. Mais Brad Pitt, lui, est bien vivant.
(...) le fusil est un peu aux affiches de films d'action ce que le cumshot est à la pornographie.