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Citation de PhilippeCastellain


Gösta comprend ce qu'il veut dire. Il les connaît, ces paroisses au nord du Vermland, où le plus souvent il n'y a pas même une demeure pour le pasteur, ces immenses paroisses de forêts, où les finnois habitent de misérables cabanes sans cheminée pour en faire sortir la fumée, ces pauvres contrées avec leur deux ou trois habitants par mille carré, où le pasteur est l'unique homme instruit de la commune. Le pasteur de Broby avait vécu plus de vingt ans dans l'une de ces paroisses.
"On nous y envoie quand nous sommes jeunes, dit Gösta. Il est impossible d'y supporter la vie. Nombreux sont ceux qui y ont fait naufrage.
- Oui, dit le pasteur, la solitude nous prend.
- On vient là ardent, plein de feu, reprend Gösta Berling. On parle, on exhorte, on croit qu'on réformera le peuple.
- Mais oui, mais oui.
- Mais on se rend bientôt compte que les paroles sont impuissantes. La pauvreté fait obstacle à toute amélioration.
- Oui, la pauvreté, répète le pasteur. La pauvreté a gâté ma vie.
- Le jeune pasteur vient la, pauvre comme les autres, poursuit Gösta. Et il dit au buveur : "Ne boit pas".
- Et le buveur lui répond, interrompt le pasteur : "Donne-moi quelque chose de meilleur que l'eau-de-vie. L'eau de vie en hiver me tient lieu de pelisse, de chambre chauffée et de bon lit. En été, elle m'apporte la fraîcheur. Donne-moi toutes ces choses et je cesserai de boire."
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