Au cours du dîner, je l’avais interrogé sur son métier d’historien d’art. Il m’avait questionné en retour sur ma vie, mes études, mais il n’y avait grand-chose à en dire, je n’ai jamais eu de vocation, de sorte que nous avons poursuivi sur le surréalisme, la littérature, les musées, la culture, moi soutenant de mon mieux qu’il y a des choses plus importantes dans l’existence - une partie de volley-ball sur la plage, au coucher de soleil, ne procure-t-elle pas un plaisir plus vif qu’un roman de Tolstoï ou une toile de Picasso? -, lui évoquant des émotions d’un autre type et me faisant valoir que les plaisirs ne comptaient guère si l’on ne pouvait en fixer le souvenir, que l’art est tout à la fois une loupe, un révélateur, une lanterne magique, un facteur de perturbation et une source d’éternité, une malle au trésor, une passerelle tendue au-dessus du vide, une invitation à sortir de soi-même, une terre d’évasion etc.