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Critiques de Sergi Belbel (5)
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Caresses ; Lit nuptial

Par quoi vaut-il mieux commencer… Les Caresses ou le Lit nuptial ? Le premier avec le deuxième, ce ne serait pas possible ? Pas avec Sergi Belbel pour qui les concepts de caresses et de lit nuptial ne sont pas propices à de folles liesses.





La première pièce comporte une dizaine de tableaux qui jouent sur le mode indéfini de personnages-types pour ne pas avoir à s’embarrasser de caractères et de biographies nuancées. Chaque tableau ne met en scène que deux personnages qui semblent piochés au hasard dans une liste mettant à disposition une dizaine de titres fixes. Pour le cortège masculin ? Entre un « homme jeune », un « vieil homme », un « homme », un « homme mûr » et un « garçon », on craint déjà de s’embrouiller. La crainte se renforce encore lorsqu’on découvre que la distribution féminine est calquée sur le modèle identique. Cette appréhension ne se justifie finalement pas. Sergi Belbel semble considérer que l’individualité n’existe pas en tant que telle mais qu’elle se construit dans le rapport à autrui. Ce rapport est d’ailleurs plus souvent conflictuel qu’apaisé. Que l’individu s’amuse en famille, entre amis ou en couple, il ne semble jamais pouvoir construire de relation satisfaisante et encore moins valorisante, à moins qu’il ne s’agisse de démolir une tierce personne absente de la scène. Dans un premier temps, ces Caresses, qui relèvent davantage du soufflet que du contact doux et attentionné de la personne bienveillante, constituent un émolument pour le lecteur harassé de l’hypocrisie courtoise. Avec Sergi Belbel, on se bagarre quels que soient l’âge ou la situation sociale. Après un début en fanfare mettant en présence un jeune couple qui se déchire entre deux répliques plus apaisées permettant de mener à bien la préparation du dîner commun, les conflits se mettent tristement à tourner en rond. Puisque les personnages arrivent sur scène de façon impromptue, sans que nous ne sachions rien d’eux ou de leurs rapports préalables, leurs disputes semblent gratuites et parce qu’elles sont infondées, elles réjouissent de moins en moins. Si l’objectif de Sergi Belbel semble principalement être celui de provoquer le spectateur en lui balançant à la tête une hérésie déjà obsolète (« Mon frère est pas un p’tit ange, au collège y disent que des mensonges et les anges vont pas à moto, t’as déjà vu un ange avec le crâne ouvert ? Dieu existe pas, un bobard dégueulasse »), de la sexualité vaguement pédophile et incestueuse (« ENFANT. – Regarde maintenant comme elle est grande ; HOMME. – Tu bandes ! ») ou de la vulgarité répétitive (« vieilles putes », « vieille pute fringuée en jeune »), l’accumulation ne fonctionne pas. Dans sa démarche globale, Sergi Belbel semble vouloir s’approcher du style de Samuel Beckett mais là où ce dernier réussissait à nous surprendre et à nous désarçonner sans avoir recours à la bassesse, la gratuité continue des propos ne parvient ici qu’à nous essouffler.





Trouvera-t-on un peu de repos dans le Lit nuptial ? Sans doute pas davantage. Aimant visiblement le mystère, Sergi Belbel nous met encore une fois en présence de quatre personnages indéfinis qui auraient pu être ceux de la pièce précédente : un homme, une femme, un ami et une amie. Le lieu est réduit à son strict minimum et se constitue d’une chambre vide au milieu de laquelle trône le lit nuptial. On ne comprendra pas immédiatement son rôle. Objet d’ambivalence, il semble attirer à la fois la crainte et le désir du couple officiel constitué par la femme et l’homme mais ces derniers, cédant à leur sentiment dominant qui est l’inquiétude, demanderont finalement à un ami et à une amie, sélectionnés au hasard de leurs relations, d’étrenner ce nouvel objet à leur place. Le couple est mort, qui essaie de raviver une passion éteinte dans ce lit métonymique de l’amour conjugal. La ruse qui consiste à réalimenter ses sentiments en devenant voyeur de ceux d’autres proies échoue, évidement, de manière fracassante. La construction de cette pièce joue sur la chronologie et mélange allègrement les différents temps de ce qui semble être une nuit pour nous faire comprendre progressivement les enjeux du lit nuptial. Si le texte unique est beaucoup plus court que la somme totale des textes de chaque scène, c’est parce que Sergi Belbel s’est amusé à le découper et à réaliser des collages. Ainsi raccommodées, les situations deviennent quiproquos qui s’éclaircissent plus tard, dans un contexte rallongé ou raccourci.





Ces deux pièces de Sergi Belbel constituent surtout une ode au théâtre. Le dramaturge s’amuse à débrider la mise en scène et sa réflexion semble s’être portée sur les jeux chronologiques et situationnels avant de s’attarder sur la crédibilité de ses personnages. Ce constat est à l’image de dialogues qui suintent le mépris réciproque, la haine mutuelle, l’indifférence généralisée. Les êtres humains représentés par Sergi Belbel n’attirent aucune sympathie et cela n’est d’ailleurs certainement pas son objectif. Qu’on admire ses personnages parce qu’ils sont représentatifs de certains tourments humains ou parce qu’ils luttent de toutes leurs forces pour dépasser leur condition, non ; mais qu’on soit impressionné par l’audace représentative et l’absence des contraintes qu’implique habituellement la représentation théâtrale, oui ! Si Sergi Belbel ne tient pas particulièrement à ce que l’on aime ses personnages, il réclame en revanche une reconnaissance sans failles.
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25 petites pièces d'auteurs

Je précise d'emblée que je n'ai pas lu tout ce recueil, je l'ai sélectionné pour vous parler d'une de ces 25 pièces courtes, "Quelque Part Au Milieu De La Nuit" de Daniel Keene, car , d'après mes recherches, elle ne figure ni toute seule, ni dans aucun des deux recueils de pièces courtes de Daniel Keene, aux éditions théâtrales.



Il s'agit d'un sujet douloureux, traité avec finesse, avec empathie, : une fille vient chercher sa mère qui perd la mémoire et doit quitter sa vieille maison pour toujours. Elle l'emmène sur un quai de gare, puis dans le train pour , enfin, l'accueillir chez elle.



Rien n'est, à proprement parler, tragique: les propos sont anodins, les répliques presque banales, et pourtant tout est décalé par une émotion diffuse, qui filtre entre les mots. Il y de longs silences, creusés par les pertes de mémoire de l'une et le chagrin de l'autre.



C'est un texte foudroyant, d'une grâce aérienne, pas un mot, pas un geste de trop (les didascalies sont très étudiées elles aussi), pas un faux pas, pas une once de pathos.



Et pourtant on est bouleversé.Même quand on le joue.



Une partition écrite pour le duo mère-fille, pour le dialogue jamais rompu entre la douleur qui brise et la tendresse qui console.
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Sans fil : Comédie téléphonique et digitale

Le téléphone, toujours et encore le téléphone, dans cette pièce tout passe par lui et rien ne lui échappe, enfin... presque. Les personnages s'y accrochent comme à une bouée dans un monde qui part à la dérive. Le sous-titre de la pièce est assez trompeur, parce qu'il y a peu d'éléments qui prêtent à sourire, ne parlons même pas de rire... Sans doute que Belbel à la même définition de la comédie que Corneille : les héros ne meurent pas durant le drame. Ou tout simplement son sens du l'humour est-il très noir. Ou peut-être est-ce de l'ironie?



Les personnages évoluent dans un espace en transit ou seul ne compte que le déplacement, la circulation : bref, un aéroport international. Dans cette espèce de non-lieu, les personnages sont comme suspendus, l'environnement dans lequel ils évoluent leur est étranger. Tous les quatre n'ont que le smartphone pour exprimer leur désarroi, en parlant parfois à un interlocuteur et souvent à un serveur vocal, en écrivant ou photographiant. Pourtant des relations charnelles existent entre eux : mère/fille et fils/mère. Le rythme de la pièce est nerveux plein de télescopages et de syncopes, les erreurs d'interprétations sont nombreuses entraînant une communication sur le mode paranoïaque. Cette agressivité larvée sur le point d'éclater en crise ouverte est stoppée net par l'explosion d'une bombe. Un attentat ! Dès lors c'est la panique qui prend le relai. On court en tous sens, sans but, en cherchant à obtenir des informations grâce à ces petites merveilles technologiques que malheureusement la conflagration a rendu inopérantes qui ne sont plus que des rectangles de matière inerte.



Le fil narratif de la pièce est difficile à suivre, car il est fait d'arrêts, de reprises, de superpositions, qui ne sont pas uniquement rendu par le jeu des répliques mais aussi par des indications scéniques nombreuses et fournies. Toutefois la cohérence temporelle est respectée : pas de flashback ou de système circulaire à la Ionesco. Les protagonistes ne sont pas tant confrontés à une dispersion temporelle qu'à une série de morcellement spatiaux dans lequel l'intégrité de leur propre corps est remise en cause. J'ai conscience que cela manque un peu d'éléments concrets, or c'est bien là la difficulté que m'a posé ce texte : l'interprétation abstraite m'apparaît rapidement alors que la manière dont elle pourrait concrètement exister sur un plateau est floue, difficile à visualiser. En tout cas, le pari est intéressant : utiliser le grigri technologique emblématique de notre temps comme moteur d'une action dramatique. Décidément les dramaturges d'outre Pyrénées sont imaginatifs et audacieux.
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Après la pluie

Sur la terrasse d'un immeuble de bureau, bâtiment anonyme parmi des milliers similaires qui se dressent dans le ciel d'une mégapole semblable à toutes les autres, des employés savourent le plaisir illicite de fumer une cigarette. L'action semble suspendue dans l'attente d'une pluie qui nettoierait la poussière qui ensevelit imperceptiblement les choses et les gens. Sergi Belbel a sans doute était inspiré par la névrose apocalyptique dont était atteint le monde occidental en cette toute de fin de millénaire, cela sent la fin du ou d'un monde. Tous les personnages arrivent au terme d'une évolution (qu'elle soit affective, professionnelle ou existentielle). La terrasse (espèce de plongeoir au-dessus du vide) est une sorte de confessionnal ou de divan, les masques tombent et l'hypocrisie des positions hiérarchiques cesse. Le temps d'une cigarette les confidences fusent. En même temps que les volutes de fumées monte l'angoisse d'un avenir incertain qui malgré les garde-fous de nos sociétés si prévoyantes apparaît menaçant. Et cette menace concerne non seulement les individus mais l'ensemble de la communauté humaine : sans raison les hélicoptères percutent les buildings ( la pièce est de quatre années antérieures au 11 Septembre).



Contrairement à ce que laisse supposer le paragraphe précédent, "Après la pluie" est une comédie. Une comédie au tempo crescendo et dont l'onirisme voire le fantastique a une jolie part. Belbel est dramaturge de talent qui sait mettre la forme théâtrale au service de sa pensée : quel dommage de n'avoir pas plus de ses pièces disponibles en français.
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Le Temps de Planck, suivi de

2 pièces de théâtre assez trash : Planck sur le point de mourir réuni sa famille et établi une correspondance sur présent, passé et avenir en suivant son propre compte à rebours 10.43 secondes.



L'épouse d'un homme politique est prise en otage , commence alors un sanglant compte à rebours, un membre coupé toutes les 10 heures pour que coule le sang.



Ecriture ciselé pour des spectacles décapants.
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