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Citation de NathalC


Le cheval noir de l'amiral Liu piaffe dans l'écurie. Il tambourine nerveusement sur le sol et frappe la porte du box avec ses sabots antérieurs. Tourbillon déteste le calme, le repos, les pailles bien séchées. Il n'aime pas être nu sans le poids de l'homme en cuirasse. Il déteste son front nu sans le masque de bronze. Sans le pompon pourpre qui se dresse haut sur sa tête, il se croit misérable. Il a horreur du manège où on le fait courir en rond et du box nettoyé chaque jour par des jeunes soldats qui n'ont pas encore combattu. Leurs cajoleries l'humilient. Ils lui donnent des carottes, lui caressent la croupe et chuchotent dans ses oreilles. Ils le lavent avec de l'eau tiède. Dès qu'il transpire, ils épongent sa sueur délicatement. Le soir, avant de le quitter, ils mettent sur son dot un tapis de soie brodé de fleurs et d'oiseaux. Debout dans l'obscurité et drapé de la ridicule couverture, Tourbillon rumine de mauvaises pensées. Tantôt il croit qu'il a été mis à la retraite, tantôt il pense qu'un complot se trame autour de lui pour que ses muscles ramollissent, ses jambes tremblent, ses genoux se relâchent. Il donne des coups de sabot et hennit dans la nuit. Il pleure de ne plus entendre les tambours de la guerre, le cliquetis des armes, le grondement de la terre. Il aspire à galoper, sauter dans l'eau, sur l'herbe, sur les landes recouvertes de cailloux, à grimper la haute montagne et à dévaler la pente abrupte. Il aime l'odeur des soldats transpirant au soleil, le brouhaha assourdissant et les cris de la guerre qui font trembler la terre. Tourbillon piaffe lorsqu'il entend le mugissement des cornes et des tambours. Il fonce en avant, se précipite sur les montures ennemies pour les cogner et les mordre. Il y a des chevaux qui se cambrent et jettent leur cavalier à terre. D'autres, plus valeureux, se débattent. Tourbillon sent la volonté de son maître, leurs corps dans le combat ne font plus qu'un. Il vire, avance, recule, se cabre, rue et botte.
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