Silvia Brena

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir;

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans être haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties pas des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais de devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être un penseur;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant;

Si tu peux rencontrer Triomphe et Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront;

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Tu sera un homme, mon fils.

Je me demande où tu es en ce moment. Avec qui tu es, à quoi tu penses, à qui tu parles. ça me rend fou, de ne pas t'avoir ici avec moi en permanence. De ne pas pouvoir te toucher, t'embrasser, te serrer.
Oui, je ne le supporte pas. Ne me dis pas que tu peux te passer de notre amour. Tout est ma faute. Mais cette histoire ne peut pas s'arrêter là, comme ça. Je ne peux pas imaginer ma vie sans toi. L'autre jour, j'ai rêvé de toi. Enfin, je ne dormais pas, c'était un rêve éveillé plutôt. Maya, je ne peux pas résister, j'ai besoin de ta voix, de tes caresses, de tes baisers. Je sais que je devrais y renoncer, qu'on devrait, mais aucun danger ne sera jamais plus grand que notre amour. Je ne me rendrai pas, Maya. Je t'ai vue l'autre soir, à Camden, à la sortie de Hawley Arms. J'étais là, et je me suis caché dans une librairie: je n'avais aucune envie d'affronter la furie de Flo, qui m'a aperçu. Tant pis si elle me hait, je peux le comprendre. Mais pas toi, Maya. Tu ne dois pas me haïr. Eh oui, Maya, je ne te perds jamais de vue. Non, je ne suis pas fou, je suis tombé amoureux de toi. Quoique..., il y a des jours où j'ai l’impression de devenir fou, loin de toi, de ton parfum, de ta voix.

Il n'y a pas de lumière sans ténèbres, jeunes fille. Et il n'y a pas de bien sans mal. Vois au-delà du monde, des apparences. Élève ton regard et fuis l'illusion.

Je préfère être détesté pour ce que je suis, qu'être aimé pour ce que je ne suis pas.