Slimane Benaïssa

Cette courte pièce de trente pages est un dialogue entre deux sœurs. A la fois échange et confrontation autour de ces femmes agériennes désireuses de s’émanciper de l’autorité de l’homme, frère, père… Est-ce parce que rien n’a changé, rien n’a évolué que cette pièce, écrire et crée en 1991 est toujours d’actualité.

Même si l’on peut constater que, dans bien des aspects, l’Islam a évolué et s’est ouvert les fondements sont restés les mêmes st font toujours loi. Si d’un côté les femmes font de plus en plus d’études et accèdent à des métiers qui y correspondent, les femmes restent soumises à l’autorité soi-disant divine interprétée par les hommes et de préférence à leur avantage.

Il y a, au fil des répliques des deux sœurs, l’aîné et la cadette, une volonté de persuadé l’autre. L’aîné traditionnaliste et soumise à l’autorité du frère et la cadette refusant de l’être ; ayant fait des études qui lui ont permis de devenir une femme instruite et le choix de ne pas porter le hidjab « Ce n’est pas le port du hidjab qui m’indigne ; c’est la manière dont on me l’impose ».

Ce frère qui a cru qu’il deviendrait, après la mort des parents, le chef suprême de la famille et imposerait la loi islamique à ses deux sœurs.

Je reviens sur cette aspect étonnant du livre. Il aurait très bien pu être daté de 2015 et personne n’y aurait, peut-être vu que du feu.

Le respect en matière de religion, juive, musulmane ou chrétienne, est, de part et d’autre, la liberté d’avoir ses propres idées mais de laisser le soin à quiconque de la pratiquer sans soumettre l’autre par la violence des idées ou des armes.

Les pièces de Slimane Benaïssa sont intelligentes. Il fait partie de ces auteurs qui, comme d’autres, donne envie, lorsque l’on a lu un de ses livre, de lire suivants dans un délai le plus bref possible.

Un metteur en scène de confession musulmane décide de réunir sur un même plateau Moïse, Jésus et Mahomet dans le but de confronter leurs idées et revenir sur leurs débuts de prophètes. La question qui mérite réponse : pourquoi un seul Dieu et trois religions représentées par ces 3 messagers de la parole divine ? Si Moïse rappelle qu’il est le premier, Jésus précise que lui n’est pas un simple messager mais le fils de Dieu.

L’un, Moïse s’est battu contre les pharaons pour libérer son peuple, l’autre, Jésus, s’est battu contre les romains. Si l’un, Moïse, a ouvert la mer en deux, l’autre a marché sur les eaux.

On comprend tout de suite que ça ne va pas être simple.

Mais Mahomet, est-t-il en retard ? En tout état de cause il n’est pas là. L’auteur ne veut pas risquer de se prendre une Fatwa sur sa personne. L’Islam rappelle, et ce n’est pas l’actualité de ce début 2015, qui nous le fera oublier qu’il est interdit de le représenter ni même d’évoquer son image. Alors un metteur scène peut-il faire jouer un acteur qui personnifiera le prophète Mahomet.



Peut-on parler de religion ? Peut-on débattre d’idées sur le thème des trois religions monothéistes ? Doivent-ils forcément confronter leurs idées les armes à la main, Lequel des trois détient la vérité ? Tant de questions auxquelles Slimane Benaïssa répond avec humour.

De plus c’est là 47 pages pour réviser les fondements et nous rappeler l’utilité de lire ou relire la Bible, le Coran et la Thora.

Et si une jour, il y avait enfin la paix ! Si les champs de bataille de la religion n’était plus que des salons littéraires.



Slimane Benaïssa, un auteur majuscule

Un roman plutôt exigeant sur le fanatisme islamiste qui a mené aux attentats du 11 septembre. Ça raconte l’évolution psychologique d’un jeune Américain d’origine arabe qui se radicalise. L’histoire est entrecoupée de longs prêches religieux. J’ai été un peu largué, par moments.

C’est toujours un peu délicat de parler religion, surtout en cette période. Mais cela fait partie de la liberté d’expression.

Karim et Karima, jumeaux, sont nés pas longtemps avant la décolonisation de l’Algérie. Ils ont donc eu une éducation familiale islamique et éducative française, allant à la fois à l’école algérienne et française.

Karim et sa sœur se sont posés beaucoup de questions sur les religions - Dieu est-il le même pour tous ? – et sur leurs pratiques basées essentiellement sur une interprétation du Coran très discutable (voir les citations).

La décolonisation a eu lieu. L’Algérie s’est retrouvée seule maître de son pouvoir et de sa destiné. Les français partis, certains sont revenus comme coopérants. C’est le cas de Micheline, enseignante. Karim tombe sous son charme d’européenne.

Perd-il sa foi à ce moment là ? Devient-il de mauvaise foi ? Non. Il est victime de son ouverture d’esprit à ce qu’il ne connaît pas jusqu’alors et dont la tentation est bien forte. La plus grande est Micheline elle-même. Micheline est le mystère de la sexualité à la française. Avec ses alcools et ces charcuteries qu’elle lui propose et Karim qui succombe.

Encore une fois, a-t-il perdu sa foi. Encore une foi, non. Il a choisi de s’éloigner des pratiques de sa religion qu’il trop rigoristes mais garde sa foi en son Dieu. Il devient un croyant non pratiquent.

Je connais moi-même, en Bretagne, un prêtre qui a épousé la mère de ses enfants (quatre). Honnête avec ses idées il a officiellement demandé l’autorisation de se marier à son église qui a refusé. Il est, depuis lors et comme il se présente lui-même « un prêtre au chômage ». A ma question « Tu étais prêtre ? » - « Non, je suis prêtre ». A-t-il perdu sa foi ? Oh que non. Il a juste pris, avec une grande honnêteté ses responsabilités.

Ce qu’a fait Karim dans cette pièce.



Excellente lecture. Drôle, intelligent et tellement avide de tolérance religieuse.