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Citation de lanard


Pendant longtemps, le discours colonial (sous la plume d'anthropologues "occidentaux", mais aussi d'auteurs africains) a parlé de "l'Afrique" ou de "l'Africain" en postulant une africanité partout et en tout temps identique à elle-même. C'est contre ce type de propos qu'il est souvent rappelé que "l'Afrique n'est pas un pays" ; (...).
On risque tout autant de passer de généralisations inconsidérées sur "l'Afrique" à une posture de demi-habile, dirais-je, empruntant l'expression à Blaise Pascal. Pour ce dernier, est véritablement "habile" celui qui tout en comprenant pleinement, par exemple, que le pouvoir ne tire son prestige et son efficience que de son apparence, consent cependant à s'incliner devant lui en n'en pensant pas moins, en ayant ce que Pascal appelle "une pensée de derrière" ; en revanche le demi-habile, dans la m^me situation, se dépensera en mises en questions et révoltes inutiles, comme s'il pouvait exister un pouvoir qui ne dût rien à son apparence, un pouvoir "authentique" qui se soutiendrait de lui-même en se présentant nu. De même ici le demi-habile s'interdira-t-il de parler d'Afrique : du fait que l'Afrique n'est pas un pays, il en viendra à la conclusion qu'il n'y a pas d'Afrique et qu'il est préférable de parler plutôt d'Afriques au pluriel, s'il faut nommer les réalités du continent. On en arrive à cette situation où, pour ne pas retomber dans le travers de l'essentialisme, on juxtapose jusqu'à l'absurde des singularités qu'i faut surtout se garder de subsumer sous le concept d'Afrique et d'Africain. Il n'y a pas de science du singulier, il faut le rappeler. Débusquer donc et dénoncer l'essentialisme dès que quelque chose s'énonce comme africain, par exemple l'art africain, peut conduire à s'interdire tout énoncé,qui ne soit pas au singulier. Il n'y aurait à ce compte-là que l'art de tel terroir dont on dira avec insistance qu'il est radicalement autre que celui du terroir d'à côté... L'Afrique ne serait plus qu'un conglomérat de hameaux. On aboutirait ainsi à ce paradoxe que ce serait le seul continent qu'il faudrait écrire toujours au pluriel par réaction contre l'essentialisme et indifférenciation coloniale.
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