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3.78/5 (sur 34 notes)

Nationalité : Sénégal
Né(e) à : Saint Louis, Sénégal , le 08/11/1955
Biographie :

Souleymane Bachir Diagne est un philosophe sénégalais dont les travaux portent sur la logique mathématique ( il est l'auteur de "Boole, 1815-1864 : L’oiseau de nuit en plein jour, éd.Belin ) ainsi que sur les traditions philosophiques d'Afrique et du monde islamique.

Source : wikipedia
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La dixième édition des "Rencontres Recherche et Création" organisées par l'Agence nationale de la recherche, dont Philosophie magazine est partenaire, s'est tenue les 10 et 11 juillet dans le cadre du Festival d'Avignon. Durant deux jours, des chercheuses et des chercheurs de différentes disciplines sont intervenus pour présenter en une quinzaine de minutes leurs travaux, et ils ont dialogué avec les artistes programmés au Festival autour du thème retenu cette année : "La fabrique des sociétés". Parmi eux, deux philosophes ont répondu face à la caméra aux questions de Cédric Enjalbert, rédacteur en chef adjoint de Philosophie magazine qui a pris part à ces rencontres. Il s'agit de Souleymane Bachir Diagne et de Kate Kirkpatrick. Professeur de philosophie à Columbia University, à New York, Souleymane Bachir Diagne est un spécialiste des question de traduction et d'interculturalité. Contre les égoïsmes qui fracturent nos sociétés à l'heure où nos destins sont liés, il propose d'apprendre à agir en tant qu'espèce humaine et défend ce qu'il appelle une "politique de l'humanité". Retrouvez son entretien en vidéo. Et pour voir la vidéo de Kate Kirkpatrick, c'est par ici : https://www.youtube.com/watch?v=JenrxcqnD6o Journaliste : Cédric Enjalbert Réalisation : Sébastien Cotterot Montage : Ariane Nicolas Retrouvez toutes les vidéos des Rencontres Recherche et Création, et les ouvrages des éditions précédentes en libre accès sur : https://www.recherche-creation-avignon.fr

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Souleymane Bachir Diagne
On a l'impression qu'aujourd'hui, il y a des professionnels de l'outrage. Des gens qui sont prêts à organiser des manifestations comme celle-ci en disant : " Regardez comme je suis en colère parce que le monde est rempli de gens qui sont prêts à blasphémer. " Il y a une espèce d'attente du blasphème qui est devenue, malheureusement, monnaie courante chez beaucoup.

Issu de l'émission télévisée Philosophie diffusée sur Arte le 11/01/2015 intitulée " Est-ce trahir le Coran que de l'interpréter ? " avec Raphaël Enthoven à propos d'une grosse manifestation suscitée en Tunisie par la diffusion du film Persépolis de Marjane Satrapi où elle se représente elle-même discourant avec Dieu.
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A une éthnologie [celle de Lucien Lévy-Bruhl] si impatiamment soucieuse de fabriquer de l'altérité, du radicalement autre, Bergson aura administré une leçon de logique et de simple bon sens fondée sur le principe humaniste que rien de ce que fait un autre homme ne m'est étranger, et qu'elle vérifie en retour. C'est la même leçon qu'articulent, en des termes comparables, les "Remarques" que "Le Rameau d'or" de Frazer inspire à Ludwig Wittgenstein et qu'il note à partir de 1930.
Jacques Bouveresse déclare fort justement à propos de Wittgenstein que "d'une certaine manière et à condition de bien comprendre quel était son objectif véritable, on peut dire qu'il ne s'est jamais préoccupé d'autre chose que d'anthropologie". Citant le paragraphe 206 des "Recherches philosophique" où celui-ci rappelle que "le mode de comportement humain commun est le système de référence à l'aide duquel nous interprétons un langage qui nous est étranger", J. Bouveresse écrit que "faire abstraction de ce système de référence minimal, ce serait traiter quelqu'un que nous considérons abstraitement comme un homme, comme s'il n'avait rien d'humain" et évoque à ce propos la remarque, de bon sens à nouveau, que fait le logicien W.V. Quine à propos du prélogisme prétendu de la "mentalité primitive". Considérant ce qu'il admet être sans doute une "caricature" ou une "simplification à outrance" de la thèse lévy-bruhlienne, ce dernier écrit;

"[...] supposons qu'on affirme que ces indigènes acceptent comme vraie une certaine proposition barbare (heathen) de la forme 'q ka bu q' dont la traduction en français [l'original dit 'évidement 'en anglais": SBD] a la forme 'p et non p'. Il faut alors se demander ce qu'il en est de la qualité de la traduction et quelle méthode le lexicographe à bien pu employer? Si l'on doit chercher une bonne raison de réfuter l'adoption par le lexicographe de "et" et "non" comme traduisant "ka" et "bu", l'acception par les indigènes que 'q ka bu q' en serait certainement une de poids. Nous sommes ramenés au constat que la thèse qu'il existe des peuples prélogiques n'a aucun sens; le prélogisme est une caractéristique qu'ont créée de mauvais traducteurs."
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Au cœur de la philosophie d'Iqbal se trouve cette tradition prophétique dont son œuvre peut être considérée comme un grand commentaire : "Ne dénigrez pas le temps car le temps est Dieu". Les temps qui changent ne sont donc pas l'ennemi de la religion, mais la condition de l’approfondissement continu de son message et de la réalisation de sa promesse.
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dans quelle mesure pouvait-on opérer un véritablement décentrement vis-à-vis de la pensée occidentale, qui avait influencé les fondateurs de la critique anticoloniale eux-mêmes, pour revenir à des traditions de pensée plus autonomes, voir autochtones ; et dans quelle mesure un tel décentrement était-il envisageable ou possible, au sein de la pensée occidentale elle-même
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La négritude à mes yeux n'est pas une philosophie. La négritude n'est pas une métaphysique. La négritude n'est pas une prétentieuse conception de l'univers. C'est une manière de vivre l'histoire dans l'histoire:l'histoire d'une communauté dont l'expérience apparaît... singulière avec ses déportations de population, ses transferts d'hommes d'un continent à l'autre, les souvenirs de croyances lointaines ,ses débris de culture assassinées.
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Les dictatures qui se sont installées un peu partout sur le continent après les indépendances avaient cru pouvoir trouver légitimation dans une raison d’État doublée d'une "raison de culture". La raison d’État était, on l'a dit, que la construction nationale commandait qu'un seul parti dirigé par un chef concentrât entre ses mains tous les pouvoirs, d'une part pour éviter que les revendications identitaires ne finissent par défaire le fragile tissu social, et de l'autre pour engager le pays dans la voie d'un développement en vue duquel toutes les énergies, déclarait-on, devaient être canalisées dans une seule direction. La raison de culture déclarait que la tradition africaine, inventée bien sûr, voulait que toujours l'individu fût au service de la communauté, représentée évidemment par le Père [de la nation].
Le paradoxe était qu'une telle raison de culture pouvait trouver à s'appuyer sur les thèses de philosophes et autres intellectuels africains répétant que "nous [i.e. les Africains] mettons moins l'accent sur l'individu et davantage sur la collectivité; nous ne permettons pas que l'individu puisse avoir des exigences qui auraient préséance sur celles de la société. Nous posons l'harmonie, non la divergence des intérêts, la compétition ou le conflit: nous avons tendance à penser à nos obligations envers d'autre membres de notre société plutôt qu'aux demandes que nous lui adressons". Claude Aké, l'auteur de ces lignes, oppose ainsi un contexte et une manière de voir africains à ce qu'il considère un "idée occidentale des droits humains" dont il déclare "qu'elle présuppose une société atomisée et individualiste, une société du conflit endémique. Elle présuppose une société de personnes conscientes de leur séparation ainsi que de leur intérêts particuliers et qui tiennent à leur réalisation. Le droit légal est une demande que l'individu peut adresser aux autres membres de la société, et c'est en même temps une obligation qu'a la société de satisfaire cette demande."
Claude Aké soupçonne que si l'Afrique commence à s'intéresser aux droits humains (au moment où il écrit) c'est que "le capitalisme autoritaire régnant [sur le continent] est alors sous pression pour devenir plus libéral et ainsi créer des conditions plus favorables à l'efficacité capitaliste".
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J'ajoutais que pour moi aussi la religion, toutes les religions, ne se révélaient dans leur vérité que lorsqu'elles étaient comprises comme inquiétude permanente et non certitude de gens installés.
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"La copule - vieille actrice toujours un peu susceptible - demande (aux logiciens) : 'Est-ce moi qui prendrai le "ne pas", ou dois-je le laisser au prédicat?" C'est bien la question en effet dont on reconnaît sans peine qu'elle est ici posée par Lewis Carroll (in La logique sans peine, p. 202, trad. et présentation de Jean Gattegno et Ernest Coumet, Hermann, 1966).
Au grand dépit de la copule, Auguste de Morgan avait déjà répondu que le prédicat prendrait la négation. Ainsi, donc, au lieu de dire négativement que "Nul n'est X", l'on dirait, sous une forme affirmative, que "Tout X est non-Y" et de cette manière la logique n'aurait plus affaire qu'à des propositions affirmatives.
Mais que signifie "non-Y"? En d'autres termes, en une écriture non littérale, qu'est-ce qu'un "non-homme", expression qui apparaît comme totalement étrangère aux formes actuelles du langage ordinaire, qu'elle sache aller au-delà des limites de l'expression langagière courant pour exprimer en sa totalité le contenu même de la pensée.
Elle découvre ainsi que tout terme a toujours, dans la pensée, un négatif, même s'il n'existe pas de nom qui lui corresponde dans le langage ordinaire et qu'un nom en général, quel qu'il soit, divise les êtres en ceux qui ont les qualités qu'il dénote et ceux qui en sont dépourvus. Par conséquent, "positif" et "négatif" deviennent totalement relatifs, un terme quelconque étant toujours négatif relativement à son contraire.
Et de Morgan d'illustrer ce point, non sans humour, par une image géographique : si l'hémisphère Nord était dans sa totalité continent et l'hémisphère Sud dans sa totalité océan, dirait-on plutôt que le Nord est une île ou que le Sud est un lac? Une telle question, ajoute-t-il, provoque autant de perplexité qu'en connut l'âne de Buridan. (A. de Morgan, "On the Syllogism I", in Transactions of the Cambridge Philosophical Society, VIII, 1846)
Il manque cependant, à ce point-ci de la réflexion sur les termes négatifs, de lever l'indétermination que dénote un nom négatif comme non-homme. En effet, Aristote déjà avait envisagé cette question de la qualification négatie des concepts, mais l'avait aussitôt écartée en raison précisément de l'indétermination qu'elle introduit : "non-homme" est n'importe qui et désigne aussi bien des êtres non humains quelconques que des non-êtres ; c'est un nom totalement indéfini et, au bout du compte, la pensée d'une telle indéfinité n'est qu'un néant de pensée.
Mais l'on pourra répondre à cela qu'il en et de ces termes privatifs comme de concepts d' "invertébrés" ou de "non-blanc". Qui ne pense en effet que loin d'être le nom de n'importe quoi, "in-vertébrés" est aussi précis que "vertébrés" et dénote, dans la partition des animaux en deux classes désignées par ces termes, l'une de ces classes? Quant à "non-blanc", et pour prendre un exemple actuel, s'il est vrai qu'il qu'il peut s'appliquer à n'importe quelle chose réelle ou irréelle qui n'ait pas la couleur blanche, il devient d'une précision terrifiante lorsqu'on se place dans l'univers particulier de l'apartheid et de la ségrégation raciale [SB Diagne écrit à la fin des années 1980].
Tout est donc fonction de l' "univers" dans lequel on se situe, c'est-à-dire de ce que dont on parle.
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Pendant longtemps, le discours colonial (sous la plume d'anthropologues "occidentaux", mais aussi d'auteurs africains) a parlé de "l'Afrique" ou de "l'Africain" en postulant une africanité partout et en tout temps identique à elle-même. C'est contre ce type de propos qu'il est souvent rappelé que "l'Afrique n'est pas un pays" ; (...).
On risque tout autant de passer de généralisations inconsidérées sur "l'Afrique" à une posture de demi-habile, dirais-je, empruntant l'expression à Blaise Pascal. Pour ce dernier, est véritablement "habile" celui qui tout en comprenant pleinement, par exemple, que le pouvoir ne tire son prestige et son efficience que de son apparence, consent cependant à s'incliner devant lui en n'en pensant pas moins, en ayant ce que Pascal appelle "une pensée de derrière" ; en revanche le demi-habile, dans la m^me situation, se dépensera en mises en questions et révoltes inutiles, comme s'il pouvait exister un pouvoir qui ne dût rien à son apparence, un pouvoir "authentique" qui se soutiendrait de lui-même en se présentant nu. De même ici le demi-habile s'interdira-t-il de parler d'Afrique : du fait que l'Afrique n'est pas un pays, il en viendra à la conclusion qu'il n'y a pas d'Afrique et qu'il est préférable de parler plutôt d'Afriques au pluriel, s'il faut nommer les réalités du continent. On en arrive à cette situation où, pour ne pas retomber dans le travers de l'essentialisme, on juxtapose jusqu'à l'absurde des singularités qu'i faut surtout se garder de subsumer sous le concept d'Afrique et d'Africain. Il n'y a pas de science du singulier, il faut le rappeler. Débusquer donc et dénoncer l'essentialisme dès que quelque chose s'énonce comme africain, par exemple l'art africain, peut conduire à s'interdire tout énoncé,qui ne soit pas au singulier. Il n'y aurait à ce compte-là que l'art de tel terroir dont on dira avec insistance qu'il est radicalement autre que celui du terroir d'à côté... L'Afrique ne serait plus qu'un conglomérat de hameaux. On aboutirait ainsi à ce paradoxe que ce serait le seul continent qu'il faudrait écrire toujours au pluriel par réaction contre l'essentialisme et indifférenciation coloniale.
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De manière générale, l'entre-deux langues permet de sortir de l'enfermement dans l'une d'elles, et c'est la leçon finale de la réflexion [d’Émile Benveniste] sur "catégories de pensée et catégories de langue" :

'Aucun type de langue ne peut, par lui-même et à lui seul, ni favoriser, ni empêcher l'activité de l'esprit. L'essor de la pensée est lié bien plus étroitement aux capacités des homes, aux conditions générales de la culture, à l'organisation de la société qu'à la nature particulière de la langue'. (E. Benveniste, "Catégories de pensée et catégories de langue, Les Etudes philosophiques, nouvelle série, 13è année, n°4, octobre/décembre 1958, p. 429).
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