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4.75/5 (sur 2 notes)

Né(e) le : 01/01/1814
Mort(e) à : Paris , le 13/05/1859
Biographie :

"Un de nos confrères, Stanislas Bellanger, s'en est allé l'autre jour, à petit bruit. J'avais connu ce brave garçon à la tête d'une belle filature en Touraine, son pays, et aussi heureux qu'un homme puisse être sur ce plantureux, doux et paisible sol.
Mais le démon littéraire, qui l'habitait en lui, l'en chasse bientôt.
Il vint ici (journal Le Charivari), y fit quelques essais heureux ; puis une mission du ministre de l'instruction publique l'envoya accomplir en Orient un très beau et très pénible voyage.
Il en revint épuisé et, après dix ans de souffrances, il a succombé à la maladie du siècle, à cette funeste affection de la moelle épinière qui fait tant de ravages parmi ces "machines nerveuses" que nous sommes tous, au dire de Napoléon 1er."
(Journal Le Charivari, 14 mai 1859)
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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Si les Allemandes triomphent au bal du matin, les Allemands brillent matin et soir. Il n'y a pas de fête complète sans eux ; aucune nation n'est plus recherchée dans les salons du beau monde parisien.

À la rigueur, on peut se passer de Russes dans un bal ; les Anglais ne sont pas indispensables, bien qu'ils fassent assez bon effet quand ils sont en grand uniforme rouge et or ; on supportera patiemment l'absence des Espagnols, des Italiens, des Américains, des Portugais, et des sujets du prince de Monaco ; mais un bal privé d'Allemands perd la moitié de ses charmes, car les Allemands seuls savent valser : c'est là une des plus remarquables spécialités de ce grand peuple qui a inventé la toupie.

Les Français sont trop frivoles, trop étourdis, trop ardents surtout, pour exceller dans un art qui demande non seulement de la légèreté, mais encore de la force, du sang-froid, du calcul, de l'adresse et du dévouement.

Un bon valseur doit avoir un jarret d'acier, un pied de caoutchouc, un bras de fer, un coup d'œil d'aigle et un cœur de bronze ; il doit être maître de ses mouvements et de ses passions.

Le précieux assemblage de tant de qualités diverses ne se trouve guère que chez ces organisations d'élite que fait éclore le ciel de la Germanie, chez ces hommes fortement trempés qui naissent de l'autre côté du Rhin, sur les bords de l'Oder ou du Danube.

Aussi, les salons qui se piquent de bien recevoir leur monde s'empressent-ils de faire des traités d'alliance et de nouer d'étroites relations avec tous les États de l'Allemagne.

L'empire d'Autriche, les royaumes de Prusse, de Bavière, de Saxe, de Hanovre ; les grands-duchés de Mecklembourg, de Hesse, de Bade et de Nassau, ne peuvent suffire aux demandes qui leur sont faites pendant l'hiver.

Les billets d'invitation pleuvent dans les ambassades et dans les légations. Les secrétaires et les attachés sont accablés de sollicitations, de prévenances ; ils ont dix bals tous les soirs ; on se les arrache, on les fait tourner depuis dix heures du soir jusqu'à cinq heures du matin (…)

Grâce à leur talent national, les Allemands ont pris le pas sur tous les étrangers qui se donnent rendez-vous à Paris.
La valse leur a ouvert le chemin des succès, et la littérature est venue, à diverses reprises, les mettre tout à fait à la mode.

Jadis, le roman de Werther avait enflammé les imaginations féminines, et les Parisiennes raffolaient de ce type sentimental dont l'Allemagne seule pouvait produire des copies satisfaisantes.
Aujourd'hui, c'est encore un Allemand qui est le héros du roman le plus célèbre de l'époque, et nos merveilleuses s'attachent à découvrir parmi les jeunes diplomates d'outre-Rhin quelques-uns des brillants avantages qui distinguent le grand-duc Rodolphe de Gérolstein (héros des Mystères de Paris, Eugène Sue).

La chronique citerait à ce sujet plus d'une aventure piquante, si les Allemands n'étaient pas d'une discrétion à toute épreuve.
Cette qualité les recommande à la bienveillance du beau sexe, non moins que le solide mérite déployé par eux dans l'exercice de la valse.

On pourra quelquefois leur reprocher une froideur apparente et une certaine pesanteur dans les allures ; mais cette enveloppe cache presque toujours un cœur sentimental et un esprit aventureux.

Souvent même, ces bons Allemands, d'un extérieur si calme, d'une physionomie si flegmatique, sont capables de faire des prodiges ; témoin le baron de S.... qui émerveilla si fort le Jockey's-Club, il y a deux ans, par une gageure extraordinaire qu'il soutint courageusement, et qu'il gagna de la façon la plus brillante.
Le sport, le vin de Champagne, et l'amour faisaient le fond de cet étrange pari ; et le jeune baron allemand prouva, dans le court espace de deux heures, qu'il était à la fois excellent écuyer, intrépide buveur, et vaillant amoureux.
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Prise à leur point de vue, la vie n'a qu'une forme et point de fond ; c'est un rêve ; ils se laissent caresser par elle, comme une fleur par un doux soleil, et s'endorment mollement dans ses bras ; aussi, quel doit être leur réveil !

Nous concevons fort bien que l'on soit jeune, riche, beau, c'est le propre des élus ; que l'on ait de l'esprit, un certain atticisme, une lorette pour maîtresse, un pur-sang pour monture, et pour visage une barbe romaine ; que l'on soit membre du Jockey-Club, fumant le manille et dînant au café de Paris ; que l'on fasse partie de la loge infernale comme baromètre de la réputation artistique des Essler et des Stolz ; en un mot, que l'on jouisse de tous les bonheurs possibles.

Ce sont de petits privilèges que la mode fait surgir, que l'usage consacre et que le temps abolit.
Nous aurions donc mauvaise grâce à nous ériger en aristarque à l'encontre des règles du sport.

Mais ce que nous improuvons, mais ce que nous ne pouvons concevoir, c'est qu'il y ait encore à Paris des gens qui fassent exclusivement de cette grande ville l'alpha et l'oméga de leur existence, de ces gens dont la vie physique et morale peut se résumer ainsi : promener son ennui sur l'asphalte des boulevards, manger des rentes qu'on n'a souvent pas, ou, si l'on se hasarde jusqu'à la Croix-de-Berny, se casser, de temps à autre, le cou dans un steeple-chase, cette invention sortie un matin de l'Eden.

Quel gaspillage de la vie ! Quel temps précieux perdu ! Quel avenir imprudemment escompté au bénéfice douteux du présent !

Que ne sortent-ils donc de la voie trompeuse et déplorable dans laquelle ils marchent, ces blasés de notre époque, ces lions saturés de faux plaisirs et de fausses joies ?
Que ne prennent-ils un jour la poste au lieu de croupir indolemment sur eux-mêmes ?
Que ne voyagent-ils, en un mot ?

On nous répondra peut-être que le tourisme est à l'ordre du jour, et que le cosmopolitisme n'a jamais compté tant d'adeptes.
À cela, nous objecterons que, par ceci, prendre la poste, nous n'entendons pas seulement leur dire d'aller à Vichy, à Bade ou à Ems, à Londres, à Gênes ou à Berne.
Qu'est-ce aujourd'hui qu'une pareille promenade ? Autant vaudrait ne pas quitter le coin de son feu.

Mais bien, suivant la route tracée par les Rochet d'Héricourt, les Tamisier (…) e tutti quanti, d'aller visiter les contrées lointaines, les pays inconnus ou trop peu connus ; de revenir ensuite chargés d'impressions, de souvenirs, de faits instructifs, afin que, plus tard, ils puissent, et amuser leurs amis, et, comme le vétéran de nos armées, bercer leurs enfants avec le récit de leurs curieuses pérégrinations.
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À Paris, on trouve aisément l'emploi de tant de richesses ; mais qu'en faire à Saint-Pétersbourg ? Limanoff s'était donné tout ce qu'on peut acheter en Russie ; il avait goûté tous les agréments dispendieux que peuvent fournir les bords de la Newa, et il en était résulté pour lui un vif désir de voir la France.

Tant qu'il n'aurait pas fait ce voyage, il ne lui était pas même permis de se placer au premier rang parmi les dandys de Saint-Pétersbourg.

À tous les avantages qu'il avait reçus de la nature et de l'éducation, il manquait ce vernis parisien qui ne s'acquiert que par le séjour, l'observation directe et la pratique immédiate de nos mœurs.

Mais la difficulté était d'obtenir la permission de faire le voyage ; car, en Russie, le plus grand seigneur n'est pas libre de se mouvoir à sa fantaisie et d'aller où il lui plaît.

Le gouvernement russe est très avare de passeports, surtout lorsque la France est le but de l'excursion ; il craint pour ses sujets le contact de nos idées, et pourtant, par une étrange inconséquence, il favorise tout ce qui provient et tout ce qui est imité de la France ; il appelle à lui nos industries et nos arts ; il veut que ses monuments soient construits par nos architectes, que ses galeries soient décorées par nos artistes qu'il récompense avec une impériale munificence ; il fait venir à grands frais nos artistes, nos comédiens, nos chanteurs ; il ne veut voir et entendre qu'eux ; il adopte avec ardeur nos modes et nos usages ; enfin, il parle officiellement notre langue, et il encourage toutes les classes aisées de la société à suivre cet exemple en laissant au menu peuple l'idiome national, qui n'est plus qu'une espèce de patois dédaigné par les gens instruits.

Or, comment voulez-vous que les Russes ne soient pas entraînés vers un pays qui leur sert de modèle, qui leur envoie sans cesse les plus brillants échantillons de ses produits ?

Comment n'éprouveraient-ils pas une sympathie que l'éducation fait naître et cultive en eux ?
Et comment les empêcher d'être en communication avec nos idées, quand on leur permet de parler notre langue ?
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Il ne savait pas qu'un étranger riche n'est jamais inconnu à Paris.

Dès qu'il a mis le pied sur le sol parisien, son apparition est signalée de tous côtés par d'invisibles agents et de mystérieux télégraphes.
Les argus de l'industrie, de la spéculation, de l'intrigue sont aux aguets, et apprennent bientôt tout ce qu'il leur importe de savoir.
Ils ont un art merveilleux pour obtenir des renseignements exacts et secrets sur le nouveau débarqué, sur ses goûts, ses projets, sa fortune et la valeur de ses lettres de crédit ; puis ils dressent leurs batteries en conséquence.
C'était un premier feu que le comte recevait par la petite poste.

Une de ces lettres était d'un tailleur breveté qui avait déjà habillé plusieurs seigneurs russes, et qui priait le comte de lui accorder l'honneur de sa pratique.
L'industriel s'engageait à lui donner une tournure parisienne et lui garantissait tous les genres de succès qu'un jeune homme peut obtenir dans le monde à l'aide d'un habit bien coupé, d'un pantalon avantageux et d'un gilet flamboyant.

Cette autre lettre, imprégnée d'une forte odeur de musc, était de madame la marquise de ***.
La marquise faisait savoir au noble étranger qu'elle tenait une table d'hôte servie à cinq heures et demie et fréquentée par la meilleure société des deux sexes.

Ses dîners, d'un prix modéré, étaient aussi distingués par le choix des mets que par la délicatesse et le piquant de la conversation.

Après le repas on se réunissait dans de beaux salons pour jouer à la bouillotte et danser au piano.
Une fois par semaine, il y avait grand bal et souper.

Le comte Limanoff était particulièrement invité à venir prendre sa part de ces festins et de ces réjouissances.
Limanoff promit d'aller à la soirée de la baronne, qui devait avoir lieu la semaine suivante ; mais en attendant, le plus pressé pour lui était d'organiser son établissement à Paris.
Bien qu'il ne dût y rester que six mois, il ne voulait pas demeurer en camp volant dans un hôtel garni.

C'est là un scrupule aristocratique qui est tout à fait dans le caractère russe : les plus grands seigneurs anglais ne se trouvent pas déplacés dans une auberge, et ils ne pensent pas déroger en y logeant, pourvu que cette auberge soit la plus belle de la ville et la plus confortable.
Le Russe entend autrement sa dignité.

Quand il séjourne dans une capitale, il veut, autant que possible, être chez lui, et habiter une maison qui ne soit pas ouverte au premier venu ; il veut surtout pouvoir déployer dans sa demeure le luxe, qui est un besoin pour lui.

En Russie, la noblesse opulente obéit toujours à ses instincts de splendeur ; l'avarice est chez elle un vice très rare et presque sans exemples ; les roueries de la vanité parcimonieuse sont inconnues dans cette civilisation peu avancée, où l'orgueil domine, où le faste remplace l'élégance.

Limanoff voulait donc prendre un bel appartement, le meubler avec magnificence, avoir des voitures qui ne fussent pas de louage et des chevaux pur sang.

- Rien n'est plus facile, lui dit Montalbin, et vous serez servi promptement, pourvu que vous y mettiez le prix. Combien comptez-vous dépenser à tout cela ?

- Ce qu'il faudra, répondit négligemment le comte, Je ne regarderai pas à la dépense ; peu m'importe. En quittant Saint-Pétersbourg, j'ai pris chez le banquier de la cour une lettre de crédit illimité sur M. Rothschild.
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(Les anglais)
Ces dix pieds de substance humaine, revêtus de drap par un irréprochable tailleur, constituent tout ce que le monde connaît de lord M… Son habit et lui sont tellement identifiés, qu’on les croit nés le même jour dans un de ces ateliers où se fabriquent les mannequins, et doués d’une vie factice par un procédé pareil à celui de Méphistophélès ou de Frankenstein (…)

En attendant, - on peut, n’est-ce pas, en convenir ? — Lord M… Est un modèle de mise correcte. Rien d’outré dans sa toilette, dont la propreté, la prévision vont seules jusqu’à l’excès.
Pas un bijou, pas un atome d’or, pas une pierreries n’altère la sévérité de l’ensemble (…)
Vous retrouveriez ce bon goût dans la livrée de Lord M… dans les harnais de ses chevaux, dans la forme et la, couleur de son cabriolet.

Mais ne lui en demandez pas davantage, n’exigez pas de lui qu’il se meuve autrement qu’avec la désolante régularité d’un rouage d’horlogerie parfaitement entretenu et poli.
Ne lui demandez ni une larme pour l’infortune la plus tragique, ni un sourire pour la meilleure plaisanterie du monde.
Ne vous informez pas du sens qu’il attache aux journaux qu’il lit, du bout du doigt et du coin de l’oeil, avec la résignation la plus exemplaire.

Lord M… ne pleure et ne rit jamais, jamais ne s’agite, jamais ne pense. Il s’habille, et c’est beaucoup. Il met sept paires de gants par jour : il sait au juste comment on nuance une civilité, comment on choisit une cravate, et si les pantalons de pankin se portent avec ou sans sous-pied.

Quand il a fait cinq visite, ni plus ni moins, diné chez Véry et non pas ailleurs, passé sa soirée aux Italiens ou à l’Opéra, il s’endort dans le calme de la conscience et le sentiment du devoir accompli.
Jamais une ride sur son front.

La vie, qu’il regarde avec son lorgnon, comme une scène de ballet, ne lui parait pas digne d’un souci réel.
Les Etats changent de maîtres, les villes périssent, les guerres s’allument ou s’éteignent, il n’en tient compte, et rougirait de mentionner ces bagatelles dans sa causerie ordinaire composé de trois : hum ! Et de tous autres son inouïs qui ressemblent au bruit d’un gargarisme aérien.

Enfin, il ne manque rien à Lord M… pour être le type le plus parfait de l’égoïsme insignifiant et inoffensif : rien, si ce n’est peut-être d’exister. Selon toute apparence, il n’est pas.
C’est à son cabriolet, par conséquent, et à son habit, que revient l’honneur de n’avoir jamais froissé personne.
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Le flot de l'émigration polonaise a amené dans tous les pays de l'Europe, et plus particulièrement en France, des milliers d'individus appartenant à des professions diverses. Comme les sauterelles de l'Égypte, ces hommes se sont répandus, avec une merveilleuse agilité, sur tous les chemins ; et, si tous n'y ont pas marché au premier rang, du moins s'y sont-ils maintenus avec une certaine persistance.

D'ailleurs, à Paris, la qualité d'étranger n'est-elle pas le plus beau titre pour arriver à la popularité, à la fortune ? Ce qu'un indigène n'obtiendrait pas à force de talent, de patience, de travail et de vertu, un exotique l'obtiendra sans coup férir.

Aussi avons-nous dans la capitale des médecins, des avocats, des hommes de lettres, des peintres, des statuaires et des compositeurs de musique.

Nos séminaires et nos lycées regorgent de lévites et de répétiteurs polonais.
À nos hôpitaux, à nos bibliothèques, à l'Athénée, au Conservatoire des arts et métiers, les Polonais professent ; enfin, il n'est pas jusqu'au collège de France, où, suivant les statuts imposés en 1547 par son fondateur François Ier, on ne pouvait être admis au professorat qu'à la condition sine qua non d'être Français ; le collège de France, disons-nous, a créé une chaire pour un savant Polonais qui apprend aux compatriotes de Corneille, de Racine, de Bossuet, de Voltaire, de Molière et de Chateaubriand ce que c'est que la littérature slave.

Et que les étrangers viennent maintenant nous accuser d'égoïsme, d'ingratitude et d'indifférence à l'égard de nos frères de Pologne !

La classe infime de la nation polonaise n'est pas moins semée dans Paris que les classes supérieures.

Nous comptons des mécaniciens, des coiffeurs, des tailleurs, des cordonniers, des luthiers et des accordeurs de pianos ; et, dans un degré plus bas encore, des cochers, des palefreniers, des chauffeurs de locomotives, des hommes de peine, des laquais de toutes sortes et des concierges en masse. Les Polonais ont, de nos jours, détrôné les Suisses à la grande porte de nos petits hôtels.

Le Polonais, ou plutôt la plèbe polonaise, a de l'intelligence, de l'audace, de l'astuce et toujours une présomption qui fait qu'elle ne doute de rien.

Elle se met vite et bien au courant de tout ; imite avec adresse, sait flatter avec discernement et toujours à propos.

Ces ressources, il faut en convenir, sont pour l'émigration autant de trésors que chacun de ses membres exploite d'autant mieux qu'il est plus ou moins soumis aux chances multiples du hasard.

Quoi qu'il en soit, nous le répéterons, le caractère polonais a une grande analogie avec le caractère français tel qu'il était au dix-septième siècle.
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(en 1793-94)
L’enthousiasme, quand il monte à son paroxysme, dégénère souvent en une sorte d’ébriété folle ; les passions, quand elles sont par trop surexcitées, peuvent porter à d’horribles dérèglements.
Les Tourangeaux en offrirent un fâcheux exemple.

Au milieu même des éclats de leur frénésie patriotique, perdant tout sentiment, il faut le croire, du bien et du mal, du juste et de l’injuste, ils rassemblèrent sur la place d’Aumont, alors pompeusement appelée place de la Justice, une quantité immense de papiers, de parchemins, de titres de familles, de vieilles chartes, de procès-verbaux, de pièces manuscrites et originales de toute sorte, immense razzia faite dans les hôtels de ville, les abbayes, les églises, les forteresses, les châteaux, et en firent un autodafé.

Beaucoup de ces pièces, documents précieux, trésor inappréciable pour l’histoire, étaient déjà des plus rares : quelques-unes dataient de Charlemagne et Louis-Le-Débonnaire.
Les Vandales n’y mirent pas moins le feu, attisant les flammes, comme s’ils eussent craint de ne pas lui voir dévorer assez promptement sa proie, avec des emblèmes de la royauté ignominieusement trainés dans la boue.

Un accusateur public, décrété d’office, entretenait leur zèle et maintenait leur aveugle fureur au diapason le plus élevé par des discours véhéments.

En même temps aussi, on plantait des arbres de la Liberté sur toutes les places publiques de Tours où il n’y en avait pas encore.

On les entourait, d’un côté, d’un autel à la patrie ; de l’autre côté, d’une estrade où les tribuns doués d’élocution venaient chaque jour haranguer le peuple, lui apprendre que les guenilles qu’il avait sur le dos et le bonnet phrygien sur le crâne valaient mieux, ce qu’il se refusait quelquefois à croire, que l’habit de soie des ci-devant, leurs manchettes de dentelles et leur chapeau à ganse d’or ; qu’il était du devoir de tout patriote de faire passer ses souliers aux défenseurs de la patrie, et de marcher nu-pieds ou dans des sabots.
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