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Citation de kathel


kathel
12 septembre 2010
Jamais je n'ai su comment combler tout ce silence. Dans les mois qui suivirent la grande tragédie de ma vie, tous les matins, je me levais d'un bond pour chausser mes godasses à semelles de liège et naviguer de pièce en pièce en me cognant à tout ce que je pouvais. Le silence évoquait l'absence et l'absence signifiait se souvenir, d'où ce raffut. Les grincements du plancher vermoulu, le bruit mat des fauteuils renversés, les cloisons craquant sous mes coups de poing : autant de petits réconforts quand partout, toujours, le silence me guettait.
Avec le temps, j'ai appris à le morceler. Si, après le petit déjeuner, je me surprenais à tendre l'oreille pour capter la voix de ma fille dans le jardin, ou le pas claudicant de mon frère dans le couloir, ou bien Mae tripotant la radio, j'accusais le silence qui venait de s'accumuler devant moi, dans le bol de porridge tout juste terminé, et je le chassais en raclant ses entrailles avec ma cuillère. Parfois, depuis la chambre jadis occupé par mon frère et Mae, un silence régulier, plus profond, commençait à filtrer sous la porte et il me fallait alors me précipiter à l'intérieur, les poings brandis, pour le vaincre.
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