La chasseuse de trolls est un (gros) roman de l'auteur suédois Stefan Spjut. Il nous entraîne dans la suède profonde pour tenter de résoudre l'énigme de la disparition mystérieuse de jeunes enfants. Au milieu de ce récit mi-thriller mi-polar transparait petit à petit la mythologie scandinave. L'air de rien, sans prévenir, le fantastique s'immisce dans le réel et la fiction devient science... Entrons dans la sombre forêt de la cryptofiction !
Dans "La chasseuse de trolls", on se trouve dans un récit qui mêle la réalité (les lieux et certains personnages sont réels, à commencer par le fameux John Bauer, dont l'histoire est véridique. Enfin au moins en partie...) et la fiction. Et puis il y a un troisième aspect, la "dimension fantastique", qui apparaît doucement au fil du récit, et se met en place en s'incluant dans les éléments du monde réel avec beaucoup de soins, sans jamais paraître absurde ou puéril. En fait, on se trouve dans un récit qui est à la fois un thriller et un bouquin de fantasy.
Le tour de force de Stephan Spjut, c'est de créer une histoire à laquelle on peut croire, des personnages auxquels on peut s'identifier, et ce malgré la présence des trolls qui pourraient en rebuter beaucoup, ne serait-ce que par les a priori que l'on peut avoir sur les récits de nature "folklorique".
Bien évidemment, il fallait être scandinave pour écrire de cette manière sur les trolls...
Et puis enfin, il y a l'intrication des éléments du récit, la complexité de l'histoire, la manière dont les indices se recoupent, et ce basculement lent et pernicieux vers le fantastique. D'une histoire d'enlèvement aux allures de superstition et de folie douce à une confrontation directe avec des créatures aux capacités surnaturelles, le récit évolue patiemment sur plus de 600 pages. C'est ce format important qui permet ce passage d'un monde à l'autre ; un récit plus court n'aurait sans doute pas fonctionné. Stephan Spjut prend donc le temps de raconter les choses et cela fonctionne.
Et on bascule lentement mais surement d'un monde à l'autre. On marche sur le fil entre réalité et fiction, puis on bascule.
Les trolls semblent représenter le dualité du monde sauvage, la dualité humaine, la dualité science/fiction. Tour à tour humanoïde et "animoïde", violent ou empathe, manipulateur ou manipulé... "Rien n'est tout à fait stable en ce monde", semblent-ils nous dire...
Humain ou animal, naturel ou surnaturel, le vrai et le faux, le scientifique et l'occulte se téléscopent dans un livre passionnant autant qu'original, dans lequel on ressent toute la puissance de la nature scandinave, sauvage et brute, et en même temps d'une immense sensibilité. Les trolls existent bel et bien en tous cas, sinon, comment un livre de fiction pourrait les décrire aussi bien.
Stephan Spjut les a vu, j'en suis certain ;-)
A lire absolument.
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