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Citation de michelekastner


Sans un mot, ils furent enveloppés d'une gêne qui les paralysa, d'autant plus sensible dans cette pièce inoccupée et silencieuse : elle se précipita nerveusement vers le cordon de la fenêtre pour relever les rideaux et laisser entrer plus de lumière sur l'obscurité feutrée des choses. Mais dès qu'un brusque jet de lumière crue fit irruption dans la pièce, ce fut comme si les objets étaient soudain doués d'un regard et, inquiets, effrayés, s'animaient. Tous, ils s'avançaient, éloquents, porte-parole importuns d'un souvenir. Ici, l'armoire, que sa main prévenante avait toujours discrètement mise en ordre pour lui, là-bas, la bibliothèque qui s'était méthodiquement remplie selon ses désirs les plus fugaces - parlant un langage plus voluptueux encore - le lit, qui renfermait, il le savait, sous sa couverture déployée, un nombre incalculable de ses rêves. Dans le coin, là-bas - cette pensée l'atteignit, ardente - l'ottomane, où autrefois elle s'était refusée à lui : partout il sentait, ravivés par sa passion désormais brûlante, incandescente, des signes et des messages qui venaient d'elle, de cette femme qui était à côté de lui, respirant en silence, violemment étrangère, insaissisable. Et ce silence qui régnait depuis des années, épais et accumulé dans cette pièce, enflait désormais considérablement, comme effrayé par la présence d'êtres humains ; il ressentait un poids qui oppressait ses poumons et son coeur accablé.
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