AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Stefano Massini (139)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le ladies football club

C'est avec beaucoup d'humour et en vers libres que le metteur en scène italien Stefano Massini raconte comment est né le football féminin en Angleterre.



Dans une usine d'armement le 6 avril 1917, alors que leurs maris sont partis se faire tuer à la guerre, onze ouvrières en pause déjeuner commencent à taper dans une sphère qui n'est autre qu'un prototype de bombe, de celles qu'elles fabriquent tous les jours.

Petit à petit chacune se prend au jeu et une vraie équipe se met en place, tirant avantage des particularités marquées des unes et des autres pour bientôt affronter d'autres équipes.

Une vraie victoire pour ces femmes qui au-delà du terrain du sport est une conquête sociale et politique que seules l'absence des hommes et la volonté farouche de quelques-unes ont rendue possible. Mais cette émancipation est de courte durée, interdite en 1921 la présence des femmes sur les stades ne sera de nouveau autorisée en Angleterre qu'en juillet 1971 !

Commenter  J’apprécie          674
Chapitres de la chute : Saga des Lehman Bro..

Lorsqu'ils arrivent en Amérique en 1844 les frères Lehman savent que sur ce continent tout est possible. Ils commencent dans le commerce en ouvrant une boutique de textile. Traditionalistes ils accordent une importance toute particulière à leur culture à laquelle nous apprendrons qu'elle suivra la famille jusqu'au bout de leur règne et qu'elle guidera leurs décisions et les orientations qu'ils prendront pendant au moins un siècle et demi. Affublé d'un sens aigu de l'observation et d'un intérêt tout particulier pour les affaires les frères Lehman arrivent à rebondir sur les situations catastrophiques pour en tirer parti.



Ils inventent des métiers, se faisant l'intermédiaire entre les cultivateurs et les acheteurs pour pouvoir vendre plus et à meilleur prix, ils investissent aux bons endroits aux bons moments, créent la banque moderne, sont pionniers dans le développement de la bourse et les placements économiques tant et si bien qu'ils finissent par financer le développement du pays en créant de puissantes alliances pour faire avancer des projet colossaux (chemin de fer, automobile, cinéma...). Ainsi au fil des décennies, après avoir intégré l'environnement financier, ils finissent par se l'approprier et le façonner pour le futur. Et bien au delà de cela, leur influence ira jusqu'à, comme on le devine, notre manière de consommer.



Dans ce monde où tous sont en concurrence, il y a toujours la place pour les alliances quand l'intérêt financier prime. Ainsi, on assiste à de nombreux rapprochements de circonstance entre les riches familles du pays que pourtant tout oppose... Si ce n'est le profit.



Un livre très bien construit, sous la forme d'une saga historique qui devient un outil pédagogique pour nous faire comprendre les mécanismes économiques plus ou moins bien éprouvés et ceux qui mènent aussi aux situations de crises. C'est l'histoire de l'ascension d'un empire familial, de son essor à sa chute. Une fenêtre sur les coulisses du pouvoir où sont prises les décisions qui constitueront les orientations du monde de demain.



Passionnant, prenant et... accessible!

Commenter  J’apprécie          582
Les Frères Lehman

On pourrait penser à un conte, ou bien à un long poème, à l’ouverture de ce livre aux 838 pages. Mais, une fois refermé, je me dis que ce n’est pas encore tout à fait cela. Cette forme aux 30 000 vers, à tort ou à raison, semble vouloir inscrire cette histoire des frères Lehman, dans les tables d’une nouvelle religion, et pas n’importe laquelle : celle du culte de l’argent, du fric, du flouse, du pognon, de l’oseille, enfin… de la Finance en règle générale.



Exagéré ! Me direz-vous ? Mais qui dirige actuellement le monde depuis plus d’un siècle ? Qui fait plier les peuples, obéir les puissants et détourner les révolutions ? L’Argent. Il méritait bien une épopée à la forme d’un livre sacré : Levée de rideau sur la genèse et balbutiements de la petite entreprise Lehman, développement et prospérité incroyable à l’entracte, jusqu’aux heures de gloire et l’anéantissement de la société au tombé du rideau. Victime collatérale du grand spectacle du monde…



"Il n'y a qu'une seule règle

pour survivre à Wall Street

et elle consiste à ne pas succomber

ce qui signifie

que le financier ne doit pas

lâcher prise un instant :

qui s'arrête est perdu

qui reprend son souffle est mort

qui s'installe est piétiné

qui réfléchit peut le regretter amèrement

et donc courage, Sigmund :

chaque banquier est un guerrier

et ceci est le champ de bataille".



Tout commence par l’arrivée, sur le sol américain, d’un jeune allemand émigré de Bavière, bien décidé à gagner sa vie et connaître un autre destin que celui de son père. Henry Lehman s’adapte rapidement à sa nouvelle vie et va développer un sens du commerce, lui permettant de répondre aux besoins de ce nouveau monde, de les anticiper et même, à long terme, d’en créer de nouveaux. Il fait venir ses frères pour le suppléer et voici posées les premières pierres de l’Empire. Les Lehman ont vendu un nombre incalculable de produits et de matières premières, jusqu’à ce qu’ils comprennent qu’au-delà de la marchandise, il y a les transactions, l’échange, la Bourse… l’argent en soi et pour soi, la Finance comme vecteur et suprématie de toute chose.



"Si nous persuadons

le monde entier

qu'acheter, c'est vaincre,

alors acheter signifiera vivre.

Car l'être humain, messieurs,

ne vit pas pour perdre.

Vaincre, c'est exister.

Si nous persuadons

le monde entier

qu'acheter, c'est exister,

nous briserons, messieurs,

la vieille barrière qui se nomme besoin.

Notre objectif

est une planète Terre

où l'on n'achète pas par besoin

mais où l'on achète par instinct.

Ou, si vous voulez, en conclusion, par identité.

Alors seulement les banques,

et avec elles Lehman Brothers,

deviendront immortelles."



Ce récit de Stefano Massini est fascinant, parfois dur, mais bourré d’humour – qui fait rire de bon cœur ou grincé des dents parfois – et d’une belle lucidité sur notre monde, les médias, l’art de la manipulation et de bien d’autres choses encore qui expliquent l’excellence et la réussite des Lehman – et de ce livre !



Je lisais dans une autre critique, que c’était aussi l’histoire de l’Amérique, du capitalisme et par la même occasion de notre monde moderne. C’est tellement cela également !



Merci aux éditions Globe et à Babelio d’avoir mis ce livre entre mes mains.
Lien : https://page39web.wordpress...
Commenter  J’apprécie          527
Les Frères Lehman

Stefano Massini: bravo, et rebravo!

Bravo parce qu'à moi, totalement imperméable à tout ce qui touche à l'économie et au monde de la finance, il a réussi à faire avaler un pavé de 800 pages sur l'ascension sur deux siècles de la famille Lehman, fondateurs de la banque Lehman Brothers, lecture qui m'a procuré un énorme plaisir!

Pour ce faire, Stefano Massini, grand dramaturge italien, a imaginé une forme originale, ancienne finalement et épique pour évoquer cette fantastique ascension qui pourrait sembler bien ennuyeuse si elle était présentée plus classiquement.

800 pages poétiques sur le monde glacial de la finance, quelle idée! Des fondateurs à leurs descendants sur trois générations, le récit passe au crible les différentes sensibilités et visions d'une grandeur sans cesse renouvelée. Les Lehman vendent: coton, café, pétrole, acier, trains, voitures, avions, radios, télévisions, ordinateurs. L'argent coule entre leurs doigts sous toutes les formes possibles et cet argent est l'exact reflet d'un pays gagné par l'industrialisation et la naissance du capitalisme, poussé à ses extrêmes. On connait la fin: crash boursier, crise mondiale. Fini pour les Lehman.

Aucun ennui à la lecture de cette saga pas comme les autres, et une grande admiration pour cette œuvre hors-normes.
Commenter  J’apprécie          442
Les Frères Lehman

Difficile de résumer ce récit tant la forme est originale et les messages au second voire troisième degré.

Pendant plus de 800 pages, des vers qui ne riment pas s'enchainent ; l'auteur va assener, illustrer, raconter la banque Lehman de la genèse, en 1844, à nos jours.

Il faut se concentrer ; on sourit parfois, on est affligé souvent, on découvre tout le temps.

Cette banque, c'est aussi une famille et, comme dans toute les familles, le pire côtoie le meilleur.

Alors oui, il y a quelques longueurs car le mode narratif s'enlise parfois et ronronne sur la durée mais franchement c'est un roman à part.

Un sujet sérieux, moderne et qui fait réfléchir.

Commenter  J’apprécie          352
Le ladies football club

Je suis allé au bout du livre,



Pourtant le choix de son auteur



De l’écrire en vers libres



M’avait au premier abord fait peur.



Stefano Massini n’en est pas à sa première expérience du vers libre. Il y a deux ans, ce dramaturge italien s’était fait remarquer par une saga écrite selon le même procédé littéraire : neuf cents pages, trente mille vers sur l’épopée de la famille Lehmann – oui, celle des Brothers disparus dans l’éclatement de la bulle financière de 2008.



Faisant du vers libre une sorte de marque de fabrique personnelle — partagée avec sa brillante traductrice Nathalie Bauer —, il récidive avec le Ladies Football Club, un conte humoristique et philosophique, racontant l’histoire de la première équipe féminine de football.



Novembre 1917. En Angleterre, les hommes jeunes valides sont à la guerre. Manquant de main-d’œuvre, l’industrie fait appel aux femmes. C’est notamment le cas d’une usine de munitions, où l’on met au point de nouvelles bombes, légères, sphériques, des boules de la taille d’un ballon de football… Midi, pause casse-croûte ! Onze ouvrières mangent leur sandwich dans la cour de l’usine. Un prototype traîne là. Une ouvrière donne un coup de pied dedans et l’envoie rouler. Les dix autres la rejoignent et elles se mettent à jouer au football…



Elles y prennent goût et recommencent chaque jour – avec un vrai ballon ne risquant pas d’exploser. Elles adoptent presque machinalement les gestes des professionnels. Ce n’est pas vraiment surprenant : depuis des années elles étaient contraintes d’écouter leurs pères, frères et maris commenter en détail les hauts faits de leurs idoles. De fil en aiguille, malgré l’opposition et les quolibets de leur patron, elles parviennent à former une équipe structurée, en rencontrent d’autres, sur de vrais terrains, devant un vrai public ; victoire, match nul, défaite, la vie du football, quoi !



Comment les hommes réagissent-ils ? Ils passent successivement par l’incrédulité, l’indignation, l’ironie… concèdent enfin des compliments – à contrecœur ! Une fois la guerre terminée, ils s’efforceront de reconquérir ce qu’ils estiment leur appartenir. Une loi interdira le football féminin ; la boucle est bouclée, il faudra plusieurs décennies avant qu’il réapparaisse.



Les personnalités des onze ouvrières footballeuses sont savoureuses. Le déroulé de leurs matches est très amusant. Les vers libres donnent à cette histoire fantaisiste une atmosphère de fable allégorique. Les arrière-pensées politiques sont manifestes, ce qui n’empêche pas le texte d’être drôle et touchant.



Question : qui lira ce livre ? Les hommes aiment le football et ne lisent pas. Les femmes lisent mais n’aiment pas le foot… Bon ! Peut-être suis-je un peu caricatural…



N’étant pas vraiment un roman,



Ce livre ne peut être réellement



Jugé comme les autres.



Je ne lui attribue donc aucune note.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          346
Les Frères Lehman

J'ai pris mon temps et j'ai bien fait. Parce qu'un livre comme celui-ci, franchement, on ne vous en sert pas tous les jours !

Maintenant, il me faut le chroniquer et je me sens tellement « petite » face à une telle œuvre que je ne sais par quel bout commencer !

Alors, faisons simple, commençons par le commencement…

Il était une fois un fils « de marchand de bestiaux » nommé Heyum Lehmann qui quitta Rimpar en Bavière et arriva à New York le 11 septembre 1844. Il avait perdu 8 kilos en 45 jours de traversée. L'officier du port écrivit sur les registres « Henry Lehman » et lui souhaita « good luck ».

C'est beau l'Amérique !

Il était une fois des amis juifs allemands qui dirent à notre Henry : « On gagne de l'argent avec ce qu'on est bien obligé d'acheter » (logique!) Et un vieux rabbin aux yeux qui louchent d'ajouter : « un poisson vit dans l'eau et l'eau ne se trouve pas seulement dans la mer. » (CQFD)

Et avec ça, Heyum Lehmann, pardon Henry Lehman, devrait se débrouiller !

Moi, j'aurais pleuré et je serais rentrée chez moi aider mon père à élever ses bestioles…

Eh bien figurez-vous qu'on retrouve celui qui, pour le moment, n'a pas franchement l'étoffe d'un héros, dans une petite boutique de Montgomery, Alabama, au milieu de tissus « étoffes enroulées/ étoffes brutes/ étoffes enveloppées/ étoffes repliées/ tissus/ linge/ chiffons/ laine/jute/ chanvre/ coton./ Coton. / Surtout du coton »

Un coton un peu spécial, le « blu di Genova », autrement dit « bleu de Gênes », qu'on ne prononce pas très bien, là-bas, en Amérique, et ça donne quelque chose comme « blue-jeans ».

Une marchandise « first choice », du solide, de l'inusable.

Bref, Lehman est « une bonne adresse » et ça se sait !

Et lorsque qu'une jolie demoiselle se casse la figure en tentant d'ouvrir la porte un peu difficile de la boutique et qu'elle s'entaille la joue, on lui propose généreusement des mouchoirs, pour qu'elle se nettoie. « J'en ai à 2 dollars, à 2,50 et à 4. »

Celle qui deviendra la femme de notre goujat fonce d'un pas ferme jusqu'à lui et s'essuie avec la cravate du malotru. C'est qu'elle a du caractère Rose Wolf !

Comment les deux frères d'Henry : Emanuel et Mayer, débarquèrent et modifièrent de quelques coups de pinceaux l'enseigne au-dessus de la porte qui devint « TISSUS ET HABITS LEHMAN BROTHERS », comment il arriva ce qui arriva à l'un des trois…, comment ils vendirent le coton de 24 plantations puis se séparèrent, l'un à Montgomery, l'autre à New York, 119 Liberty Street : « 24 fournisseurs de coton au Sud/ 51 acheteurs au Nord », c'est tout un programme, et vous ne me croiriez pas, alors, je n'en dirai rien...

Et en plus de cela, vous vous en doutez, la grande Histoire va mettre son nez dans la petite : la guerre de Sécession, le Nord contre le Sud et au milieu, les Lehman Brothers « comprimés/ encastrés/ tel un gobelet de verre », puis l'abolition de l'esclavage, la crise de 29, les guerres… Vous ne pouvez imaginer le tourbillon qui s'en suivit...

Après le coton, le charbon, après le pétrole, le sucre, après le café, le tabac, après le fer, le gaz ETC,ETC, ETC : puis vint LA BANQUE, LA SACRO-SAINTE FINANCE, celle qui gouverne le monde et fait avancer les hommes.

Comment les frères répétèrent inlassablement à leur progéniture, celle qui prendra la relève, que « le financier ne doit pas/ lâcher prise un instant/ qui s'arrête est perdu/ qui reprend son souffle est mort/ qui s'installe est piétiné », je vous laisse le découvrir ! Qu'ils le sachent, les futurs Frères Lehman (en réalité cousins), que ces mots soient gravés dans leur coeur et dans leur âme !

Ce texte, écrit en vers libres (ils se lisent très facilement!), porte en lui un souffle puissant qui retrace l'odyssée d'un homme de rien ou de pas grand-chose, entreprenant la conquête de l'Amérique et décidé à s'y lancer corps et âme avec ses deux frères. Et c'est fabuleux ! Parce que leur histoire, véritable épopée moderne, est totalement incroyable et que l'écriture nous transporte, à travers ses répétitions qui rythment le texte, ses litanies rappelant les psaumes bibliques, les prières, les chants, sa poésie, ses listes folles (celle par exemple des 12 épouses parfaites possibles selon Philip Lehman… HILARANT!), ses inventaires (les 120 règles du miroir). Tous les tons, tous les genres, tous les registres sont convoqués, même la BD !

Et surtout, ce qui domine, c'est l'humour, omniprésent, décapant, irrésistible, fou, tragique parfois. Les portraits des personnages relèvent souvent de la caricature, les traits sont grossis et le burlesque devient irrésistible !

Tout le monde connaît ce qu'il est advenu de la banque Lehman Brothers en 2008 lors de la crise des subprimes, or personne ne sait ce qui s'est passé avant, qui furent ces hommes et comment ils se hissèrent au sommet.

Enfin, et pour finir, on vous sert sur un plateau, une Histoire de l'Amérique (pas rien!) et un cours d'économie haletant, drôle et compréhensible (si, si, c'est possible !)

Un texte magistral comme on en lit peu !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          320
Les Frères Lehman

Heyum Lehmann qui débarque à New York a perdu 8 kg , a appris à boire, à jouer aux cartes, aux dés, à parier. Lui qui a entrepris ce voyage timide et taciturne a pris beaucoup d'assurance en 45 jours de traversée.



« C'est alors

qu'un individu le secoua par le bras.

C'était un officier du port,

Uniforme sombre,

moustache blanche, grand couvre-chef.

Il notait dans un registre

le nom et le nombre des arrivés

Posant des questions simples dans un anglais élémentaire :

« Where do you from ? »

« Rimpar. »

« Rimpar ? Where is Rimpar ? »

« Bayer : Germany. »

« And your name ? »

« Heyum Lehmann. »

« I don't hunderstand. Name ? »

« Heyum… »

« What is Heyum ? »

« My name is… Hey.. Henry ! »

« Henry, ok ! And your surname ? »

« Lehmann… »

« Lehman ! Henry Lehman ! »

Henry Lehman. »

« Ok, Henry Lehman :

Welcome in America.

And good luck ! »

Il apposa le tampon :

11 septembre 1844.

Abattit la main sur son épaule

et alla interpeller un autre homme."





On lui prodigue des conseils.

Des amis allemands : « Gagne de l'argent avec ce qu'on est bien obligé d'acheter. »

Le rabbin Kassowitz : « Un poisson vit dans l'eau et l'eau ne se trouve pas seulement dans la mer. »

Ou encore son père, Abraham Lehmann avec deux « n », marchand de bestiaux à Rimpar :

« L'AMOUR EST INVISIBLE

MAIS L'ODEUR DE L'ARGENT

MEME L'AVEUGLE LE SENT. »





Le voilà tenant boutique à Montgomery, Alabama.

Elle est «Petite, infime, minuscule, mais bien à lui. »





H. LEHMAN TISSUS ET HABITS devient vite TISSUS ET HABITS LEHMAN BROTHERS quand Emanuel et Mayer, ses frères le rejoignent.

Et très vite, ils ne se contentent pas plus de vendre du tissus mais du coton , l'or de l'Alabama, des outils, des semences, et puis du café, et du charbon, et puis du pétrole, et investissent dans les nouvelles technologies : les chemins de fer, l'automobile, l'aviation, le téléphone, la radio et aussi dans la culture : peinture, BD, cinéma…

Et, de fil en aiguille la trame de la société Lehman Brothers se construit, s'étoffe, se renforce de l'arrivée dans les affaires des fils, petits-fils qui, chacun, apporte ses idées, ses talents, ses compétences à la construction familiale.





Dans un style original, fait de retour à la ligne, ce roman ne ressemble à aucun autre (quoique « A la ligne » !!), disons plutôt, à rien d'habituel.

Cela pourrait être des vers mais cela n'en est pas, enfin, pas vraiment.

Je me suis demandé si ce choix était en rapport avec le poisson qui nage de la mer au fleuve, du fleuve à la rivière, de la rivière au ruisseau. Cette eau qui glisse, fluide, partout comme l'argent, pour s'amasser dans des lacs, des étangs.. ?

En tout cas cela donne un rythme très rapide à la lecture car souvent les lignes ne sont constituées que de quelques mots, de phrases nominales, présentes de nombreuses répétitions.

J'ai beaucoup aimé les allusions au yiddish qui sont fréquentes au début du récit notamment pour qualifier les personnages. Ainsi Mayer, très accommodant, très bon pour négocier est dit « Kish-Kish » ou le fils d'Henry, enfant très agité est appelé Dreidel, toupie… Cela confère au récit une note très ashkénaze qui au fil de la narration est remplacée par des termes anglo-saxons suivant le fil de la généalogie.

Découvrir et suivre la construction de l'édifice Lehman Brothers , la famille (sauf les femmes à peine évoquées) leurs partenaires, leurs associés ainsi, avec la touche d'humour qui sourd à chaque page ou presque est un exploit, d'autant que tout est vrai.







Commenter  J’apprécie          316
Les Frères Lehman

Génial sur la forme et passionnant sur le fond: qui dit mieux?

En soi, raconter depuis ses origines jusqu'à son effondrement l'histoire d'une banque qui se fond dans celle de l'Amérique est une riche idée. Quoi de plus américain en effet que l'immigration européenne au 19ème siècle, l'élite affairiste qui en émerge à partir du commerce, d'abord des produits du Sud esclavagiste, puis par l'accompagnement de l'essor industriel faramineux de la fin du siècle sans tenir compte du sérieux avertissement de 1929, jusqu'à la mortifère position dominante d'institutions financières qui comme des démiurges démoniaques créent le monde, façonnent ses besoins, lancent ses guerres, par la maîtrise de concepts mathématiques totalement déconnectés du réel?



Et pourtant ils n'étaient que trois frères au départ : un cerveau (Henry), un bras (Emanuel) et une patate (Mayer), et c'est là tout le sel de ce roman psalmodié à hauteur d'homme comme une prière ou un kaddish à la mémoire de cette dynastie juive hors de toutes les normes et précipitée du haut de sa toute puissance sur le pavé, comme l'équilibriste de Wall Street.



Une lecture aérienne, jubilatoire et addictive, avec de la légèreté et de la créativité sur la forme qui enrichissent le fond et le rendent fluide et accessible au boétien de la finance. Et ce pour des salauds de banquiers que l'on adore détester - ou le contraire.
Commenter  J’apprécie          313
Les Frères Lehman

Première fois que j'ai envie de mettre 6 étoiles à une lecture !



Ce roman est pour moi THE coup de coeur de ces dernières années. J'ai littéralement été envoutée par le style de Stefano Massini, happée par l'épopée des Lehman Brothers et je ne cessais de penser au bouquin quand je ne le lisais pas. Bref, j'ai A.D.O.R.E, vous l'aurez compris.



L'auteur nous raconte donc le rêve américain, la grandeur et le déclin d'une famille illustre que le monde entier connait. Tout commence quand Henry arrive en Amérique depuis sa Bavière natale dans la deuxième moitié du 19e siècle. Assez vite, convaincu qu'il faut "vendre ce que les gens ont besoin d'acheter", il ouvre un commerce de tissu en Alabama et fera venir ses deux frères pour le seconder. Quand ils ont commencé à vendre du coton, qu'ils ont créé le métier "d'intermédiaire" que la plupart des gens ne comprenait même pas, qu'ils se sont intéressé au café... aucun des trois frères n'imaginait qu'ils étaient occupé à construire un véritable empire.



Le style de Stefano Massini est inclassable, comme tout le roman d'ailleurs. Ecrit à la manière de la poésie sans rime, ce qui permet les répétitions, les alignements de mots sans en faire des phrases... le roman semble se dérouler tout seul sous les yeux du lecteur; l'intrigue prend littéralement vie à la lecture. Le fait que les titres des chapitres de la première partie soient tous écrits en Yiddish, renforce la judaïcité des frères; culture qui prédominera toutes leurs actions et qui s'étendra sur les générations futures.



Le chapitre consacré à la guerre de Sécession illustre parfaitement ce que le style apporte au récit, parce que c'est, de mon point de vue, le style, au service de l'intrigue, qui apporte tout le rythme et la profondeur à l'histoire, sans avoir besoin de l'exprimer par des mots. Dans ce chapitre donc, les paragraphes alternent entre le Nord et le Sud au côté des Lehman restés au Sud et ceux partis au Nord et les phrases entrent en résonnance constante, tel le bruit des canons dont il est à peine fait mention. Et tel un mantra, un paragraphe, revient, encore et encore:

"Au milieu

entre les deux,

comprimés,

encastrés

tel un gobelet de verre,

les Lehman Brothers"



Et sur près de 900 pages, à travers un roman qui laisse peu de place aux femmes (elles sont carrément absentes de l'arbre généalogique imprimé au début), à l'image de la réelle place qu'elles occupaient dans la famille Lehman, Stefano Massini est parvenu à me passionner pour une famille de banquiers, dont tout le monde connait le sort. Je pensais apprendre des choses, et ce fut le cas.

Je ne m'attendais pas à éprouver un tel plaisir à accompagner ces hommes sur plus d'un siècle et surtout, surtout, je pense n'avoir jamais été autant emportée par la forme d'un roman.

Je vous le disais, un vrai coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          315
Chapitres de la chute : Saga des Lehman Bro..

Quelle superbe texte ! Quelle magistrale pièce de théâtre !

Et ne craignez rien, l'auteur insiste sur le côté burlesque de la pièce ! Il faut dire que l'économie aujourd'hui ressemble bien à une grande farce.



Ou comment les frères Lehman parviennent à se créer un empire, se relèvent après chaque crise, sauf lorsque le dernier d'entre eux meurt et que l'empire est repris par des extérieurs. Là le géant se casse les reins et c'est la faillite.



Courtes phrases percutantes ! Du grand théâtre !
Commenter  J’apprécie          290
Le ladies football club



Comment est né le football féminin en Angleterre ?

Avec Le Ladies Football Club , Stefano Massini, déjà auteur des formidables Frères Lehman, nous raconte l’invention d’une liberté par des femmes.



Grand dramaturge italien (qui avait écrit une pièce sur l'industrie chimique), spécialiste de l'investigation, Stefano Massini adopte ici la même forme que pour les frères Lehman, à savoir le roman en vers libres avec en moteur également le même désir celui de suivre un groupe qui va faire l’histoire.



Dans ce nouveau livre le dramaturge italien met en scène les 11 ouvrières d’une usine de munitions qui, en 1917, ont découvert les joies du ballon rond et, par là, une voie d’émancipation .



Avec ce Ladies Football Club, Massini s’attaque au football féminin, ses origines, son évolution avec une profondeur historique et sociale digne de Ken Loach, et déroule une galerie de onze portraits féminins littéralement inoubliable

Avec ce tendre et mordant portrait de onze femmes qui s’affirment, il évoque joliment en toile de fond la vie à l’arrière du front en 1917 à l'aube d'un monde nouveau.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          281
Le ladies football club



Quelle aventure !

Onze ouvrières d’une usine d’armement anglaise décident un beau midi de shooter dans une balle échouée au milieu de la cour. De là, elles créent une équipe qui va disputer quelques matchs.

Nous sommes en 1917 et cette initiative est un symbole fort de l’émancipation des femmes qui s’épanouie à l’ombre des hommes absents.

Tout y passe : la tenue de sport avec un short, les cheveux coupés, le qu’en-dira-t-on, la réaction des représentants de l’Église, etc.

L’auteur écrit son récit sous forme de vers en prose. Je dois dire que c’est une technique narrative que je n’apprécie pas. J’ai donc lu en diagonale, un peu agacée par tous ces retours à la ligne.

Cependant à l’exception du style, j’ai vraiment apprécié le ton drôle et enthousiaste de l’auteur qui met en avant cette première expérience de football féminin. Il dépeint chacune des protagonistes avec humour et les rend toutes attachantes.

Une lecture enrichissante et fort sympathique.

Commenter  J’apprécie          230
Les Frères Lehman

Saga familiale, épopée entrepreneuriale depuis l’arrivé d’Henry sur le quai Number four de New York le 11 septembre 1844 jusqu’à la chute spectaculaire de la banque le 15 septembre 2008.

La légende se construit, se tricote par l’accumulation des péripéties qui semblent toutes être des actes fondateurs. Les trois frères, chacun à sa façon, contribuent au développement de la petite boutique de coton à Montgomery, en Alabama, inventant de nouveaux métiers « intermédiaires » pour conquérir de nouveaux marchés. Les accidents de l’histoire, la Guerre de sécession, l’abolition de l’esclavage, la crise de 1929 et les deux Guerres mondiales, servent de marche pied à leur ascension puis à celle de leurs descendants. Tout devient source de profits : le café, le tabac, le sucre, le charbon, le pétrole, le train, l’aviation, le cinéma…

Si le développement perpétuel est bien le moteur de l’histoire, le cynisme, l’immoralité de l’entreprise sont souvent soulignés :

« Ce n'est sans doute pas pour rien

que les enfants jouent à faire semblant

d'être instituteurs, médecins ou peintres,

et qu'aucun

jamais

ne propose de "jouer à la banque" :

celui qui interprète le banquier

doit en effet rafler l'argent des autres

et les priver de goûter :

quel drôle de jeu est-ce là ! »

« Notre objectif

est une planète Terre

où l’on achète pas par besoin

Mais où l’on achète par instinct. »

« Nous, nous faisons le travail

le sale travail

où seuls comptent l’argent et la ruse. »



Tel un rapsode, Stefano Massini brode son récit avec des reprises régulières de séquences, d’éléments narratifs ou descriptifs, selon le principe de l'épithète homérique, martelant ces répétitions pour marquer et imposer son rythme endiablé. Il emporte son lecteur dans le tourbillon de la course à la modernité, l’accélération incessante du progrès, en abusant des retours à la ligne systématiques, jusqu’à l’essoufflement final. Les rêves jouent un rôle prophétique et amalgament la réalité, comme pour accentuer la métaphore. Métaphore quasi littérale.



C’est une histoire du capitalisme qu’il nous donne à lire, depuis l’accumulation primitive du capital grâce à l’esclavage jusqu’aux dérives du capitalisme financier, avec les accointances incestueuses entre les milieux économiques et politiques, l’exploitation généralisée au service exclusif du profit. Accessoirement, c’est aussi une histoire de l’Amérique.



Le seul intérêt de cette adaptation romanesque de sa pièce de théâtre CHAPITRES DE LA CHUTE – Saga des Lehman Brothers est qu’elle touchera certainement un plus large public.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
Commenter  J’apprécie          211
Le ladies football club

Un livre original écrit en vers libres.

C'est l'histoire de la première équipe de foot féminine anglaise née en 1917 pendant la première guerre.

On leur laisse faire des trucs aux femmes pendant que les hommes sont au front ; ouvrière d'accord mais jouer au foot, il ne faut peut être pas exagérer ou alors sans les cheveux au vent, avec des uniforme qui cachent tout et puis il faudrait pas penser à battre une équipe d'hommes même si ce sont des éclopés ou des vieillards.

Tout cela est raconté de manière atypique ; on sourit, on est ému.

Néanmoins, la parti pris du style m'a parfois perdue et j'aurais tellement aimé en savoir plus sur ces femmes à peine décrites dans une écriture décousue.

Un livre sympathique mais finalement frustrant ; cette épopée aurait sans doute valu plus que cela.
Commenter  J’apprécie          200
Les Frères Lehman

Il y a un peu plus de 10 ans , le 15 Septembre 2008 la banque Lehman Brothers faisait faillite et entraînait , dans sa chute la bourse de Wall Street et les autres bourses du monde.

C'est la saga de cette famille Lehman que nous raconte Stefano Massini.

Ironie de de l'histoire c'est à la même date ( 11 Septembre ) , mais en 1844 que commence l'histoire d' Heyum Lehmann , juif allemand émigrant à New York.

Dés son arrivée dans le carillon que l'on nomme Amérique il devient Henri Lehman avec un seul n.

Au côté de Stefano Massini nous voila emporté dans une fresque grandiose de plus de 800 pages, fresque que Stefano Massini écrira en plus de 30 000 vers non rimés.

Et ce style littéraire donne légèreté, humour à cette fresque.

Cela permet à Stefano Massini, dans ce long poème épique de faire cohabiter drame, roman, éléments documentaires et même poésie. Sans oublier de convoquer les références bibliques et les références cinématographiques.

Tout au long des 800 pages c'est haletant et plus l'histoire avance , plus celle -ci accélère pour nous amener à la faillite de la banque Lehman Brothers.

le résultat est saisissant et l'histoire des trois frères Lehman devient vite l'histoire de l'Amérique moderne passant de la vente du coton et du sucre dans le Sud au financement du charbon, des chemins de fer, ou encore de l'effort de guerre en 1917.

L'histoire de la famille est au centre du poème épique de Stefano Massini.

Les générations se suivent , se transmettent ou refusent de participer à la construction de Lehman Brothers.

La première génération est celle du départ de l'immigration.

La seconde est celle déjà de l'obsession de l'argent pour l'argent. Tout est intermédiation , investissement et financement.

La dernière génération semble écrasé par son destin et l'accélération de l'Histoire.

Etre un Lehman signifie aussi être juif et tout le récit est emprunt de cette judéité au travers des titres des chapitres , des mots hébreux parsemant le texte ou encore par les références bibliques.

Etre un Lehman c'est aussi pouvoir passer du 20 éme rang au 1er rang au Temple et pouvoir faire la nique aux Levisohn ou encore au Goldman Sachs. Et si c'est compliqué il y a encore la possibilité des mariages entre familles.



En se dénaturant la banque finit par sombrer et Stefano Massini réuni une dernière fois tous les Lehman dans une même pièce.

Moment magnifique ou chacun régit selon son trait de caractère.

Puis ils se retirent à l'annonce de la faillite de la banque et entre dans la période de deuil religieux.



Vous ressortez de ce livre totalement étourdi et abasourdi par la virtuosité de Stefano Massini.

168 ans de la vie des Lehman et vous n'avez pas vu le temps passé.




Lien : https://auventdesmots.wordpr..
Commenter  J’apprécie          200
7 Minutes - comité d'usine

J'aime beaucoup le théâtre proposé par Massini, si superbement traduit en français par l'homme de théâtre qu'est Pietro Pizzuti. Mais là, je suis restée sur ma faim. C'est trop peu, c'est juste comme un apéritif. On en voudrait plus. Cela reste un peu en surface. Bref, cette attente de femmes représentant les travailleuses d'une usine de savoir ce que leur leader ou chef a pu obtenir des racheteurs est intéressant certes… On supprime simplement sept minutes à leur pause de midi, on dit oui ou on dit non ? Bien bien, très bien même, mais cela ne décolle pas. Bon ce n'est pas mauvais non plus. Il faut imaginer cela mis en scène et servi par de bonnes actrices. A voir.
Commenter  J’apprécie          191
Le ladies football club

Un jour d'avril 1917, à Sheffield, onze ouvrières de la compagnie Doyle et Walker Munitions ont commencé à taper dans un ballon. Et elles n'ont plus arrêté. « Cela devint une obsession. La moindre raison était bonne pour taper dans le ballon. » (p. 51) Après leur première partie miraculeuse – elles jouaient sans le savoir avec une bombe –, elles ont fait leur ce sport pourtant masculin. Mais justement, les hommes ne sont pas là, ils sont au front. Ces femmes en bleu de travail deviennent rapidement la coqueluche des stades. On les fait jouer contre les hommes qui restent : blessés, adolescents, retraités, etc. Il n'est pas possible qu'elles gagnent tous leurs matchs, n'est-ce pas ? Et pourtant... « Si onze ouvrières se mettent à jouer au football en tapant dans une bombe une demi-heure durant, peut-on imaginer que cela donnera lieu à une histoire normale ? » (p. 87) Onze caractères très différents et onze femmes qui ont toutes une bonne raison de jouer au football, n'en déplaise aux autorités religieuses et politiques du pays. L'intello, la lucide, la syndicaliste marxiste, la discrète, la brutale, celle qui refuse qu'on lui apprenne à jouer et toutes les autres forment le Ladies Football Club, et ce n'est pas la fin de la guerre qui leur retirera ce qu'elles ont gagné du bout de leurs pieds. « À ses yeux, le football prenait de plus en plus l'allure d'une vengeance féministe. » (p. 43)



Le football et l'Angleterre, c'est une histoire d'amour bien connue. Pour moi, cela concernait surtout les hommes, et pas toujours de belle manière. Aussi suis-je ravie d'avoir découvert l'existence de ces clubs féminins. Mais je ne suis pas étonnée, tout en étant très agacée, de voir que ces formations sportives ont été interdites par les autorités. L'émancipation féminine, même et surtout au travers du sport, ça ne plaisait pas en 1917 et ça ne plaît pas encore partout de nos jours. Ce petit roman aux phrases courtes et aux fréquents retours à la ligne prend évidemment place parmi mes lectures féministes. La forme du texte m'a d'abord décontenancée, mais j'ai rapidement été prise par sa dynamique : chaque morceau de phrase est un déplacement sur le terrain. Tout est mouvement, tout est jeu. Balle au centre, le match commence.
Commenter  J’apprécie          180
Manhattan project

Le projet Manhattan est le nom de code qui désignait les recherches menées aux Etats-Unis pour produire la première bombe atomique de l’histoire. Alors que la menace nazie s'étend sur l'Europe, un seul mot d'ordre, y parvenir avant les Allemands. Ce grand saut dans l’inconnu sera l’œuvre d’une poignée de physiciens de génie, pour la plupart juifs hongrois.



Cette histoire on commence à la connaître mais c’est sans compter sur le plaisir de retrouver Stefano Massini et ses vers libres qui sont sa marque de fabrique.

Avec son talent singulier, il parvient à rendre lisible et humaine, une aventure qui a changé la face des rapports de force entre les nations. Jamais il n’écrit un livre de physique ou de géopolitique, il ne fait que parler des hommes.



Et la forme enrichit le fond. Massini mêle les registres, martèle des répétitions qui imposent un rythme au récit. Les mots résonnent comme au théâtre avec musicalité et poésie. Tout cela teinté d’échos bibliques et d’infimes touches d’humour.



C’est bien sûr riche et documenté mais c’est surtout sensible. J’en aurais bien pris le double.

Commenter  J’apprécie          161
Le ladies football club

Je poursuis ma série Foot en cette journée internationale des Droits de la femme avec la naissance du premier club de foot féminin, à Sheffield en Angleterre, en avril 1917. Encore une liberté, une avancée – et une forme d’ironie – due à la guerre. Ce sont des ouvrières d’une fabrique de munitions qui se mettent à taper dans un ballon pendant une pause : il faut bien que les femmes travaillent à la place des hommes partis combattre, elles contribuent à l’effort de guerre et il s’avère que le ballon en question est en fait un prototype de bombe. Ouf il n’explose pas et jusqu’à la fin de la guerre, cette équipe improbable de Sheffield va continuer à jouer, de vais matches avec des adversaires surprenants et des maillots tout aussi improbables. Jusqu’à ce que les hommes reviennent du front.



Oh il n’y a rien de revendicatif dans le roman de Stefano Massini. Juste onze femmes qui, en quelque sorte, se réveillent – se révèlent – grâce au ballon rond. Nous suivons ainsi les onze joueuses, celle qui se demande pourquoi elle s’est retrouvée dans les filets du gardien de but, celle qui fuit un père et un mari pasteurs asphyxiants, celle qui joue comme une déléguée syndicale, celle qui inspire ses coéquipières à coups de citations « originales », celle qui « voit » ce qui va arriver, celle qui fonce comme une bête indomptée, celle qui ne supporte aucun symbole à caractère religieux, celle qui s’enfuirait bien avec le ballon… jusqu’à celle que personne ne voyait jamais et qui éclate au grand jour et se retrouve… capitaine de l’équipe.



C’est à la fois léger et sérieux, tendre et doux-amer et la forme du roman écrit en vers libres accompagne vraiment bien le propos.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
Commenter  J’apprécie          150




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Stefano Massini (631)Voir plus

Quiz Voir plus

Quelques polars célèbres

"Da Vinci _ _ _ " de Dan Brown

rôde
dévoilé
Code
et le mystère de la vierge

10 questions
988 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polarsCréer un quiz sur cet auteur

{* *}