Stella Baruk : Dictionnaire de
mathématiques élémentaires
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Olivier BARROT présente le livre de
Stella BARUK "Dictionnaire de
mathématiques élémentaires" qui, dit-il, rend les notions de trigonométrie intelligibles.
Je sais que c'est faux, mais je fais comme si c'était vrai !
Phrase prononcée par Stella Baruk sur France Inter
/remède à la mélancolie du 21 février 2017.
(Phrase pouvant aisément se retourner comme un gant en ces temps présidentiels :
Je sais que c'est vrai, mais je fais comme si c'était faux !)
Si on se doutait que ce phénomène qui ne devrait pas se produire en seconde s’y produit quand même – et ceci sous la plume d’un excellent élève qui a bien dû écrire mille fois l’identité correcte – parce que lorsqu’il s’est produit là où il « devrait » se produire, c’est-à-dire en cinquième ou en quatrième, il n’a pas été pris en compte comme il le fallait, qu’on a négligé ce dont il rendait compte de structurel, qu’on a refoulé ce structurel qui restera la seule évidence première et interne par des « formules à apprendre », du rabâchage, et fait appel à de la docilité intellectuelle en guise de compréhension, on saurait que nombre d’erreurs se produisent, en effet, là où elles ne devraient plus se produire, parce que là où elles se sont produites les premières fois on n’a rien voulu savoir de leur normalité.
[T]out se passe comme si le corps professoral dans son ensemble réagissait aux erreurs comme à de mauvais traitements qui lui seraient infligés, et que c'est à lui que l'élève fait quelque chose d'horrible en se trompant. Et il répond à ces mauvais traitements fictifs par de mauvais traitements eux, hélas, parfaitement réels, les « oh », les « tiens donc », les « osé » produisant autant de ravages que les « absurde », « affreux », « minable », « berk » et autres horreurs déjà rencontrées.
[A]lors que, paraît-il, les mathématiques sont le comble du sens, pour des centaines de sujets qui les pratiquent quotidiennement et des années durant, elles sont l'exercice, obligatoire, d'une activité complètement dénuée de sens.
Avec maman, on vivait dans un autre monde. Tel qu'elle le concevait, il était à ce point fait de prescriptions et d'ordonnancements qu'il eût été, si on l'avait voulu, extrêmement facile de vivre avec elle. Il n'y avait qu'une seule façon de plier sa serviette, de faire sa toilette, de laver une assiette. Il n'y avait qu'une seule façon de bien se tenir, de bien parler, de bien penser, de bien réagir, en particulier à ses bienfaits. Et comme ceux-ci remplissaient le temps diurne, et parfois nocturne, en cas de maladie ou de réveils intempestifs, une sorte de perpétuelle louange aurait dû nous emplir et déborder chaque fois qu'une occasion se présentait. À part cela, je pouvais poser quelques questions, mais surtout approuver puis obtempérer.
Rien pour remplacer une Pédagogie, c'est-à-dire une machinerie préfabriquée à partir de présupposés sur le savoir, sur l'enfant et sur leurs relations, et qui broie le tout, avec - en apparence - d'excellentes intentions.
Or, du magique, il en existe déjà en mathématiques, qui leur est interne. Magique qui serait de deux sortes: la magie "noble" d'abord, des propriétés merveilleuses, stupéfiantes et admirables des nombres et des figures; la magie pédagogique ensuite, celle des trucs, des "recettes de cuisine", des formulettes et gris-gris en tous genres.
Demander si "c'est pareil" ou s'il "y en a autant", en mettant en relation des "êtres physiques" est aussi absurde que de vouloir faire dire, en comparant deux personnes, qu'elles sont pareilles, ou qu'il y en a autant.
Chercher une solution à un problème, c'est lui donner une existence. "Soigner" l'échec en maths, c'est lui donner une réalité.
Elles sont là, les raisons de l'échec. Elles consistent non à se demander pourquoi l'enfant échoue, mais pourquoi on peut se demander pourquoi. Autrement dit, pourquoi on accepte de se poser la question, lui donnant par là même une raison d'exister.
Rien de plus facile, dans une situation où l'on a du pouvoir ou le pouvoir, que de fabriquer un fou.