Qu’y a-t-il dans un mot ?...
Qu’y a-t-il dans un mot ? Un vertige de rien,
un vertige pour rien, un vertige et puis rien…
Et dans une phrase ? Un vertige de vertige
de rien, et pour rien, et puis rien, encore rien…
Et dans ce texte ? Un rien de rien, pour rien, un rien
qui — et puis rien, rien, rien… — qui se cherche un vertige…
Je suis un labyrinthe…
Je suis un labyrinthe, et j’y suis enfermé,
et ses tours et détours me dessinent mon moi,
et je rêve de fuir, et je suis enfermé
dans ce rêve, et parfois, l’esprit au bord de moi,
je me crois libéré de ces tours et détours,
et tourne en cette croyance qui n’est que tours
et détours d’un esprit fatigué de ses tours
et détours, et je suis de « je suis » le détour…
De la complexité une âme se détache…
De la complexité une âme se détache
et perdue regarde et perdue se regarde et
perdue se regarde regarder et perdue
se regarde se regarder, âme, perdue
dans un bloc de regards, ne pouvant voir — nuit et
nocturne jour — que rien jamais ne se détache…
Ma pensée rêve…
Ma pensée rêve de dépasser le fait qu’elle n’est qu’un rêve
(le rêve de dépasser le fait qu’elle n’est qu’un rêve),
et bascule dans le vertige vain où rien n’existe,
pas même elle…
Les traces de pas de l’absolu…
Les traces de pas de l’absolu sont des taches
noires sur mon esprit, je les suis vers le rien,
encore quelques pas, encore quelques taches
d’encre, quelques mots pour rien, puis viendra le rien.
Des chaises…
Des chaises, assises sur des chaises, regardent
une estrade parlant sur une estrade. Et le
vide. Et le vide. Et le vide. Et le vide. Et le
vide assis sur le vide regarde « regarde »…
"Si épaisse est la NUIT que je peux la toucher." (p.57)