Citations de Stéphane Szerman (19)
Sans rêverie, point de créativité
Après tout, est-ce que j'ai sérieusement envie de ralentir, de lâcher mes écrans, de m'autoévaluer véritablement et de vivre autrement ? Est-ce que je ne vais pas laisser des plumes dans ce bouleversement ? Est-ce que je ne risque pas de tomber comme le funambule sur son fil, qui tant qu'il avance parvient à maintenir son équilibre ...
mais tangue dangereusement quand il s'immobilise ?
Il vous faudra simplement trouver votre tempo giusto !
Certes, la vitesse nous grise, mais par moments elle nous grille et nous tue. La boulimie et l'insatiabilité sont des penchants humains auxquels nous adorons tous céder. Mais derrière cette précipitation à multiplier les activités se cache probablement une indicible angoisse du vide.
Eviter de se confronter à l'ennui, enrager contre la perte de temps, deviennent alors des obsessions perpétuelles.
Pour perdre le minimum de temps, en toute logique, on fait beaucoup et rapidement pour avoir l'agréable sensation d'en gagner au maximum.
Ainsi, nous vivons dans une temporalité maximisée, ultra-remplie.
D'un point de vue strictement relationnel, si on ne décélère pas, comment percevoir chez l'autre que quelque chose ne va pas ? Comment avoir ces petits gestes qui en disent beaucoup et pacifient les rapports humains ?
L'écoute et l'attention ne peuvent se passer de temps.
Un enfant plus que quiconque a droit à la lenteur.
Parce que tout ce qu'il a à apprendre en quelques années nécessite du temps et du calme.
Réussir à enfiler les manches d'un blouson ou à lacer ses chaussures requiert des heures d'entraînement pour des petits doigts encore malhabiles. (...)
Si vous envisagez de vous lancer dans un plan lenteur,
pensez en priorité à vos enfants. C'est par là qu'il est urgent de commencer !
A force de vouloir mesurer le temps et le soumettre, nous avons fini au contraire pour nous installer en situation de dépendance vis-à-vis de lui, voire d'aliénation. On comprend bien toute la portée de ce proverbe italien : "L'homme mesure le temps, le temps mesure l'homme."
Au commencement était le traumatisme! A la fin se dessine un long et pénible chemin pour s'en sortir et la solitude du choix d'entrer ou non en harmonie avec soi-même, d'entrer ou non en "résilience".
Une fois qu'on a repéré son rythme naturel, il suffit de s'y adapter. Pourquoi ne pas concentrer sur les heures de vitalité les travaux exigeants, les réunions créatrices, les négociations importantes ? Pour les créneaux de faible performance, on préférera le tri dans sa messagerie, les appels téléphoniques, les réunions de routine.
Curieux conseil ? Est-ce bien raisonnable de gaspiller cinq minutes alors qu'on cherche désespérément à en récupérer ? Justement oui ! Des études ont montré que l'esprit se montre beaucoup plus vif quand il sort d'une période d'accalmie. C'est à ce moment précis que des décisions sont prises, que des solutions émergent, que des situations se débloquent, que des prises de conscience ont lieu. Pour se montrer créatif et inventif, notre cerveau a besoin d'être régulièrement déconnecté de l'urgence et mis en veilleuse.
Finalement, au lieu d'en faire autant en moins de temps, la réponse aux progrès fut d'accélérer pour en faire plus en autant de temps.
Toujours plus et le plus vite possible : Superman et Wonder woman en action
Faute d'un cap à suivre et d'un véritable projet pour votre nouvelle vie sous le règne de la lenteur, vous risquez fort de vous décourager et de vous égarer en chemin.
Pour vivre heureux avec un tempo qui vous convient, il est nécessaire d'avoir un but, des envies à assouvir, des rêves à réaliser, des frustrations à contrôler !
Autant que ces heures reconquises de haute lutte soient marquées par le sceau de la qualité et pas à nouveau remplies, à la va-vite, sous le seul signe de la quantité et du n'importe quoi. Pour que votre vie vous plaise, réorganisez-la un peu !
Admettre que l'on souffre du manque de temps est une chose. Mais il serait dommage d'en rester là, de répéter telle une litanie plaintive qu'on n'a jamais le loisir de rien, qu'on ne parvient pas à s'organiser, que tout s'enchaîne trop vite, qu'on est connecté en permanence, et qu'on a besoin de respirer.
Pour échapper à cette attitude peu constructive, une solution : partir activement à la reconquête de son temps ! Mais cela ne saurait suffire. Encore faut-il savoir ce que l'on veut en faire de ces heures, de ces journées regagnées sur le rythme accéléré du temps qui passe ...
Grâce aux satellites puis à Internet, nous vivons à l'heure de l'immédiateté, prisonniers d'une révolution digitale inéluctable, celle du Big Data (recueil et exploitation d'ensembles de volumes inégalés de données posant des défis d'intégration et de traitement). Mais à qui cela va-t-il profiter ?
Chacun devra veiller à ce nouveau partage de données en comprenant les multiples enjeux afin de choisir son rapport avec les géants d'Internet (Apple, Microsoft, Google, Facebook, Twitter, Amazon, Youtube, Netflix, etc.) qui suscitent notre soif d'hyperconnexion et d'hyperconsommation ...
Le "Time is money" de Benjamin Franklin est absurde car le temps restera toujours bien plus précieux que l'argent !
De plus en plus de personnes tirent le signal d'alarme pour contraindre ce train d'enfer à ralentir : ils optent pour des initiatives pro-lenteur (...)
La spécificité du militantisme slow repose sur sa résistance à la vitesse et à la vision court-termiste majoritaire aujourd'hui, en favorisant la lenteur, inséparable d'un authentique développement durable.
"La vitesse est la forme d'extase dont la révolution technique a fait cadeau à l'homme" - Milan Kundera
Les causes de cet emballement sociétal sont pourtant simples. Depuis une cinquantaine d'années, notre société s'est retrouvée plongée dans le bain de la mondialisation. S'en est suivi une accélération de nos modes de vie, tant au niveau individuel que collectif. Mais cette course chronophage caractérisée par une intensification de la temporalité nourrie d'instantanéité, d'hypertechnologie, et d'une hyperprésence à chaque instant nous comble autant qu'elle nous intoxique.
Nos excès de vitesse engendrent un modèle de société qui doit nous interpeller dans sa globalité : crise financière et sociale, désastre écologique, peurs en tous genres ne font que renforcer les pathologies liées au stress ...
Le moment n'est-il pas venu d'opter pour une société plus fraternelle, égalitaire et respectant les libertés de tous ?
Votre temps est précieux certes, mais apparemment aussi problématique puisque vous rêvez de lenteur ... Pourquoi nous retrouvons-nous aujourd'hui prisonniers du culte de l'urgence (...) Chacun devrait se souvenir que le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui !